/

L'occupation des centres commerciaux et l'importance de préserver les petits commerces des centres ville afin de préserver un tissu urbain de qualité

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 112 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/12/2010
    • de WESPHAEL Bernard
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville

    Ces dernières décennies ont vu l’implantation à Liège de quatre grands centres commerciaux (Belle-Ile, l’Ilot Saint-Michel, les Galeries Saint Lambert et plus récemment la Médiacité). Si l’Ilot Saint-Michel et les Galeries Saint-Lambert sont au centre, les deux autres sont en périphérie.

    Déserté par les commerçants depuis plusieurs mois, l’Ilot Saint-Michel finissait par ne présenter des façades mornes et vides. Aujourd’hui quelques nouveaux commerces s’y installent. Cela permettra-t-il une vraie renaissance ?

    De même, nombre de rues commerçantes magnifiques il y a encore une quinzaine d’années, se trouvent de plus en plus laissées à l’abandon. Par exemple, la rue Neuvice.

    Tous les petits commerces n’ont pas les moyens de s’installer dans un centre commercial vu le prix des loyers. D’une certaine façon, c’est heureux, car c’est justement leur implantation à travers toute la ville qui forme le maillage urbain. Une conclusion s’impose, l’implantation de nouveaux centres ne doit en aucun cas avoir pour effet de retirer, chaque jour et chaque soir, des centaines de piétons fréquentant l’hyper centre pour les remplacer par des centaines d’automobilistes se rendant directement dans un parking souterrain.

    Monsieur le Ministre pourrait-il me dire où en est l’état de sa réflexion sur le sujet et quelles actions il a mises en œuvre dans le cadre de ses compétences pour

    1° empêcher le détricotage du tissu urbain;
    2° revitaliser les commerces existants (pour rappel ils sont aussi des pourvoyeurs d’emploi);
    3° et augmenter l’attrait touristique de Liège et plus généralement des villes wallonnes, grandes et moyennes (autrement que par la création de structures gigantesques) ?
  • Réponse du 28/01/2011
    • de FURLAN Paul

    Actuellement, je gère la politique de la ville essentiellement au travers de deux dispositifs destinés aux centres urbains: la rénovation urbaine et la revitalisation urbaine dont les objectifs sont énoncés respectivement aux articles 173 et 172 du Code wallon de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, du patrimoine et de l'énergie :
    - « L'opération de rénovation urbaine est une action d'aménagement globale et concertée, d'initiative communale, qui vise à restructurer, assainir ou réhabiliter un périmètre urbain de manière à y favoriser le maintien ou le développement de la population locale et à promouvoir sa fonction sociale, économique et culturelle dans le respect de ses caractéristiques culturelles et architecturales propres.
    L'opération de rénovation urbaine vise à maintenir et à améliorer l'habitat par une ou plusieurs des actions suivantes:
    1° la réhabilitation ou la construction de logements;
    2° la création ou l'amélioration d'équipements collectifs tels que définis par le gouvernement;
    3° la création ou l'amélioration d'espaces verts;
    4° la création ou l'amélioration de bâtiments destinés au commerce ou à des activités de service. »
    - « L'opération de revitalisation urbaine est une action visant, à l'intérieur d'un périmètre défini, l'amélioration et le développement intégré de l'habitat, en ce compris les fonctions de commerce et de service, par la mise en œuvre de conventions associant la commune et le secteur privé. »

    Déclinés à l'échelle d'un quartier, ils permettent aux communes de bénéficier de subventions régionales pour construire essentiellement des logements et accessoirement des espaces commerciaux de petites tailles, rénover des espaces publics ou de construire des espaces communautaires. La différence entre ces deux outils tient principalement dans le mode de financement. La rénovation urbaine est directement financée par les subsides publics régionaux tandis que la revitalisation urbaine est construite sur un partenariat « public-privé ».

    Si ces instruments - dont les moyens octroyés sont limités: entre 10 et 15 millions d'euros annuels; ce qui est insuffisant pour s'attaquer à tous les aspects du développement urbain! - ont produit des résultats encourageants dans certains quartiers, ils sont toutefois insuffisants pour permettre un véritable changement à l'échelle des villes.

    Néanmoins, leur application à l'échelle des quartiers permet aux communes d'agir pour:
    • empêcher le détricotage du tissu urbain.
    La base d'une opération de rénovation urbaine est une réflexion, une analyse de la situation existante et une liste d'actions à mener afin que le quartier redevienne ou reste agréable à vivre et qui donne envie à des personnes d'y rester ou de s'y installer.
    Les actions à mener doivent être envisagées dans le respect des caractéristiques du quartier, la rénovation urbaine s'oppose donc au détricotage.
    La revitalisation urbaine favorise l'implantation de logements, services et commerces dans les tissus urbains.
    Pour être reconnue, une opération de revitalisation urbaine doit contenir une note de motivation sur l'intérêt de l'opération. Cet intérêt est analysé en regard de son intégration au tissu urbanistique existant. Un projet qui viserait à « casser » la structure urbanistique serait analysé défavorablement par l'administration.

    • revitaliser les commerces existants.
    La rénovation urbaine permet l'octroi de subsides en vue de construire ou rénover des bâtiments à destination commerciale. Cependant on a pu constater que ce ne sont pas tant les bâtiments qui avaient une influence sur la viabilité du commerce, mais c'est plutôt la qualité de l'espace environnant qui pouvait encourager des commerçants à rester ou s'implanter dans un quartier.
    Un espace public de qualité est un élément qui peut influencer l'acheteur potentiel à aller se promener dans un quartier plutôt que dans un autre. Ainsi, en intervenant sur les espaces publics, la rénovation et la revitalisation urbaines peuvent aider au maintien et au développement des commerces.
    Par ailleurs, comme l'un des buts recherchés de la revitalisation est d'amener de nouveaux habitants, ces derniers peuvent devenir des acheteurs pour les commerces existants.
    En outre et pour ce qui concerne plus particulièrement « l'occupation des centres commerciaux et l'importance de préserver les petits commerces des centres-villes afin de préserver un tissu urbain de qualité » dont fait référence l'honorable membre dans l'objet de sa question, il convient de ne pas opposer systématiquement le commerce de proximité aux grands centres commerciaux ou les infrastructures de centre-ville à celles de la périphérie. En effet, j'estime qu'il convient à la fois de maintenir l'attractivité commerciale des centres urbains tout en promouvant un développement cohérent de l'activité économique en périphérie et en garantissant un développement équilibré entre ces deux territoires.
    Toutefois, il s'agit d'une problématique complexe sur laquelle le gouvernement se penche actuellement: par sa décision du 6 mai 2010, le Gouvernement wallon s'est engagé à veiller, à l'échelle régionale, à un développement territorial équilibré et à élaborer, en partenariat avec toutes les forces vives concernées, une stratégie régionale d'encadrement du développement du commerce; ce qui lui permettra d'objectiver les prises de décision en matière d'implantations commerciales et d'éviter une prolifération anarchique des commerces.

    • augmenter l'attrait touristique des moyennes et grandes villes wallonnes.
    Les actions de la rénovation et la revitalisation urbaines n'interviennent pas directement en faveur du tourisme. Mais en intervenant sur les espaces publics et les espaces verts, la rénovation et la revitalisation urbaines agissent sur la qualité de l'espace à vivre et à visiter.
    Si une ville est bien aménagée, elle devient plus agréable à vivre et cela peut indirectement développer le tourisme.
    De manière générale, on peut dire que les liens de cause à effet résultant de la mise en œuvre de ces outils d'aménagement opérationnel ne sont pas directs: il ne suffit pas de rénover une place par exemple pour que les commerces avoisinants reprennent vigueur. Il n'existe malheureusement pas de « recette-miracle» : tout l'art de l'urbanisme consiste à définir une stratégie globale d'aménagement vers laquelle toutes les actions doivent tendre.

    Afin d'illustrer ces propos, j'informe l'honorable membre qu'une brochure: «RENOVER ET REVITALISER LES CENTRES URBAINS EN WALLONIE - Vade-mecum de la rénovation et de la revitalisation urbaines» a été publiée (notamment à l'attention des communes) ; vade-mecum dans lequel l'intérêt de la mise en œuvre d'une telle stratégie globale est mis en évidence.