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"le vaccin contre la polio : quels sont les risques ici et maintenant ?"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 226 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 07/04/2011
    • de WESPHAEL Bernard
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La poliomyélite est une maladie grave qui évoque handicap sévère et décès prématuré.

    La Belgique et la France restent, ou restaient jusqu’il y a peu, les deux seuls pays européens où la vaccination était obligatoire pour tous les enfants entre trois et dix-huit mois.

    Je dis « restaient », car un récent jugement du tribunal correctionnel de Tournai vient d’acquitter les parents d’un enfant qui étaient poursuivis pour avoir enfreint la législation de 1966 sur la protection de la santé publique, en renonçant à faire vacciner leur petit garçon contre la polio avant d’avoir obtenu préalablement toutes les garanties nécessaires sur la qualité et l’efficacité du produit, afin de ne pas mettre en péril la santé de leur enfant. Ce jugement pourrait faire jurisprudence.

    Je ne suis pas médecin, mais il me semble important de comprendre les tenants et aboutissants d’une action. Je me contenterais juste de livrer à Madame la Ministre le fruit d’une petite partie de mes recherches sur le web.

    En 1955, grâce au Dr Jonas Salk, les humains ont enfin une arme contre la polio, un fléau mondial qui touche à l'époque des centaines de milliers de personnes et en tue des milliers. En 1960, alors que les cas de polio sont en chute libre, une chercheuse du National Institute of Health découvre que le vaccin Salk est contaminé par un virus de singe - le vaccin est issu de cultures faites sur des tissus rénaux de singes asiatiques - qui se révèle carcinogène chez des animaux de laboratoire. Le SV40 (Simian Virus 40) est isolé l'année suivante. Cependant, il n’y aurait pas eu de rappel des stocks déjà en circulation, soit plus d'une année d'approvisionnement.

    Selon de nombreux scientifiques, ce virus est présent dans les tumeurs, en très petites quantités certes, mais il est redoutable. En effet, de plus en plus de travaux établissent un lien entre le SV40 et certains cancers du cerveau, du mésothéliome (habituellement relié à une exposition à l'amiante) et des os. Le lien n'est pas direct, mais ces chercheurs sont convaincus que le SV40 joue un rôle-clé.

    Il semblerait également que les dossiers internes des Laboratoires Lederle (le principal fabricant du vaccin contre la polio), rendus publics aux Etats-Unis dans les années 2000, jettent un doute sérieux sur les mesures prises pour éviter la contamination du vaccin Sabin (virus atténué administré par voie orale) qui fut approuvé en 1962, soit sept ans après celui de Salk (virus tué administré par injection). Ce qui expliquerait qu'on détecte ce virus dans les tumeurs de personnes nées après 1963, soit après que tous les lots de vaccins Salk contaminés eurent été utilisés.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de statistiques cliniques, qui montrent ou pas, la présence dudit virus (SV40) dans les tumeurs citées précédemment ?

    Plus généralement, il semblerait exister de nombreux autres cas documentés, attestant de vaccins destinés aux humains et contaminés par des virus

    J’écris évidemment tout cela pour illustrer l’apparente complexité du dossier au-delà des idées reçues, mais je le fais sans rien affirmer, avec beaucoup de prudence et de circonspection, car la littérature scientifique est apparemment fort divisée sur la question.

    Néanmoins, il est difficile de ne pas s’interroger après la décision du tribunal de Tournai.

    Madame la Ministre pourrait-elle me dire si elle a été amenée à s'intéresser à son contenu du point de vue des compétences qui sont les siennes, ainsi qu’à la question de santé publique soulevée dans l’hypothèse où ce jugement ferait jurisprudence ? Le cas échéant, a-t-elle pris des décisions ou des initiatives liées à cette question ?
  • Réponse du 04/05/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Cette question concerne les risques actuels de la vaccination anti­poliomyélitique.

    La politique vaccinale est de la compétence de la Communauté française sauf en ce qui concerne la vaccination obligatoire qui est restée de la compétence exclusive du Fédéral.

    La vaccination contre la poliomyélite est la seule vaccination obligatoire en Belgique. Elle a été rendue obligatoire par l'AR du 26 octobre 1966.

    En outre, la réglementation relative aux médicaments est restée de la compétence du Fédéral.

    L'Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé est chargée de veiller à la qualité, la sécurité et l'efficacité des médicaments et des produits de santé en développement clinique et mis sur le marché.

    En tout état de cause, il y a lieu de préciser que la Ministre fédérale des Affaires sociales a répondu au parlement récemment qu'elle avait l'intention d'interroger le Conseil supérieur de la Santé sur la question de la pertinence de maintenir ou non cette obligation vaccinale.