à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances
La création de la ligne d'écoute « Violences conjugales» a fêté son premier anniversaire en novembre dernier. Ce projet a été mis en œuvre conjointement avec la Région wallonne et la Communauté française.
Je sais que Madame la Ministre a convenu, avec ses homologues de la Communauté française et de la Cocof, de mutualiser ses compétences et de coordonner ses actions de lutte contre les violences conjugales, en répondant à la demande des organismes de terrain et en combinant les compétences de la Communauté française, en matière de prévention et d'éducation, avec celles de la Région wallonne et de la Cocof pour l'accompagnement des personnes.
D'après les échos qu'en a donné la presse, ce numéro qui permet de briser la loi du silence, qui bien souvent enferme victimes, coupables et même entourage dans une spirale infernale, rencontre un franc succès.
Madame la Ministre, je tenais à vous remercier pour cette initiative.
J'ai interrogé votre homologue de la Communauté française pour obtenir des informations quant au bilan de la première campagne d'information et de sensibilisation de la ligne d'écoute, qui m'a informée qu'une nouvelle campagne serait lancée au cours du 4e trimestre 2011.
Madame la Ministre peut-elle me dire, quelles sont exactement les collaborations établies entre la Région wallonne, la Communauté française et la Cocof sur le sujet ?
Une analyse de l'évolution du phénomène a-t-elle été réalisée afin de renforcer l'accompagnement des personnes et d'évaluer son fonctionnement à proprement parler ?
Existe-t-il un rapport d'activité du service, et si oui, Madame la Ministre peut-elle me le transmettre ?
Les horaires d'ouverture journaliers, de 9h à 20h, à l'exception du dimanche, permettent-ils, selon Madame la Ministre, de répondre au mieux aux besoins ?
En effet, nous devons être conscients que les chiffres restent alarmants à ce jour, face à ce phénomène qui ne régresse pas.
Il y a une véritable urgence sociale en la matière! Tout ce qui pourra améliorer dans le futur la prévention, l'accompagnement et le soutien aux victimes et à leur entourage doit être mis en œuvre.
Réponse du 13/05/2011
de TILLIEUX Eliane
La nécessité de travailler efficacement entre différentes entités fédérées est à mon estime un préalable pour lutter de manière cohérente contre ce fléau.
Les trois entités ont donc uni leurs volontés et mis en place un cadre d'action commun en l'occurence: le plan d'action de lutte contre les violences entre partenaires de la Région wallonne, de la Communauté française et de la Cocof.
Aujourd'hui, les écoutants de la ligne d'écoute fournissent un service principalement en langue française. Elle s'adresse aux victimes, aux auteurs et à leur entourage, mais aussi aux professionnels et au grand public. Elle est accessible tant pour des questions relatives à l'accompagnement psychosocial des victimes ou des auteurs que pour des questions d'information ou de sensibilisation. Il était dès lors primordial de prévoir une gestion commune de ce service par les trois entités francophones.
La gestion de la ligne est assurée par l'association Cap Sciences humaines.
Cette gestion est accompagnée par un Comité de suivi composé de représentants des trois Ministres de l'Egalité et de l'Action sociale concernés ainsi que leurs administrations respectives. Ce Comité se réunit plusieurs fois par an afin d'évaluer le travail accompli et assurer la pérennité du service.
Chaque année, le service rédige un rapport d'activités détaillé. Ce rapport contient une évaluation de l'ensemble des missions de la ligne ainsi que des statistiques précises des appels. Le rapport 2010 est en cours de finalisation.
Néanmoins, je peux déjà communiquer quelques éléments importants qui se dégagent de ce rapport. Tout d'abord, il est important de rappeler que cette ligne d'écoute n'est pas une ligne de crise mais d'écoute spécialisée. Les situations de crise sont prises en charge par les forces de police ou d'autres services spécialisés. Pour leur part, les maisons d'hébergement disposent toutes d'une garde téléphonique de nuit. Les horaires d'ouverture de la ligne pourraient s'élargir d'une heure matin et soir pour afin de mieux répondre aux besoins des victimes en attente d'une écoute. Cette option est actuellement à l'étude.
Une évaluation globale du phénomène reste particulièrement difficile. La mise en activité d'une telle ligne d'écoute permet certainement de mettre en lumière de nombreuses situations confinées jusqu'à présent dans l'intimité familiale. L'augmentation des appels est sans doute plus liée à la promotion de ce service qu'à une augmentation des violences.
Peu d'études permettent de se faire une idée précise de la prévalence des violences conjugales, tant le sujet reste encore tabou pour la majorité des femmes et des hommes.
La ligne d'écoute reste un outil de première ligne. Cette action prend tout son sens si elle est intégrée à un dispositif plus large de lutte contre les violences entre partenaires, allant de la prise en charge des victimes et des auteurs jusqu'à la mise en réseau des différents services.