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La disparition des chauves-souris et le cas de la grotte de Bohon

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 548 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 26/05/2011
    • de SAINT-AMAND Olivier
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Il y a quelques semaines d’ici, j'interrogeais oralement Monsieur le Ministre sur la disparition inquiétante des populations de chauves-souris dans notre Région. Je me permets de revenir vers lui à ce sujet, dans le cadre de « l’affaire Bohon », qui a refait récemment surface dans la presse et dont le jugement des gestionnaires des lieux est prévu fin du mois.

    La grotte de Bohon est – ou plutôt était –  l’une des cavités souterraines les plus importantes de la Wallonie pour les chauves-souris. Mais les activités touristiques qui s’y sont déroulées impunément et en toute illégalité pendant des années par les exploitants des lieux, ont causé la disparition des chauves-souris.

    Pourtant, les inventaires réalisés avant l’exploitation touristique de la grotte de Bohon ont montré qu’elle constituait un milieu idéal pour de nombreuses espèces de chauves-souris, dont certaines en voie de disparition. La grotte de Bohon est également située dans et à proximité de sites Natura 2000 désignés depuis 2001 pour assurer la protection des chauves-souris.

    A la lecture de ce dossier, il apparaît que la rentabilité financière du projet touristique et le laxisme dont a fait preuve l’administration, ont été préjudiciables à la population des chauves-souris vivant dans ces lieux.

    En effet, bien que la grotte bénéficiait d’un statut de protection par le décret du 22 décembre 1997 visant à n’autoriser l’accès aux lieux que pour des raisons scientifiques, les autorités ont été incapables de faire appliquer le décret.

    Ainsi, bien que protégée par ce statut, la grotte a été exploitée par divers tour-opérateurs qui payaient un droit d’entrée au gestionnaire-propriétaire du domaine. L’autorité publique a délivré des avertissements, mais n’a pas usé des différentes voies de droit pour faire arrêter cette exploitation interdite.

    Pourtant, il était manifeste que les nombreuses activités touristiques qui s’y déroulaient ont affecté fortement le site et fait décroître la population des chéroptères.

    En 2002, la CWEPSS avait constaté de nombreux aménagements de type main-courantes, parcelles, câbles et cordes qui avaient été réalisées pour faciliter et accélérer le passage dans la grotte. Des mottes de boue ont été lancées sur les voûtes de la grotte aux endroits où se situaient les colonies de chéroptères. De nombreux graffitis et même des traces de feu ont été constatés.

    Le gouvernement a bien tenté en 2001 d’exproprier le propriétaire moyennant son accord, pour non respect du statut de protection, mais les démarches se sont avérées infructueuses. Là encore, il est regrettable que l’expropriation n’ait pas été faite à défaut de l’accord du propriétaire, alors que l’on sait que l’expropriation pure et simple était possible.

    C’est donc libéré de toute contrainte que l’ancien exploitant a revendu son activité en 2005 à un autre exploitant hollandais qui a renforcé les activités touristiques en toute impunité et ce, en dépit des mesures de protection en vigueur. Ce n’est qu’en 2009, suite aux multiples infractions par rapport aux permis d’environnement et du CWATUPE, que la Région wallonne s’est finalement résolue à fermer l’exploitation des lieux et à poser des scellés. Mais le mal était fait.

    Légiférer sur la biodiversité est une bonne chose. Mais on constate trop souvent qu’il est difficile de faire appliquer la loi.

    Concernant la grotte de Bohon, malgré la pose des scellés, le site continue à être visité régulièrement. Est-il envisageable de prendre des mesures qui condamneront effectivement et définitivement les aventuriers d’un jour ?

    Existe-il un plan afin de réhabiliter le site et de réintroduire cette espèce dans son milieu naturel?

  • Réponse du 17/06/2011
    • de LUTGEN Benoît

    La seule mesure efficace pour empêcher l’accès des aventuriers d’un jour à la grotte de Bohon est de réinstaller une grille à l’entrée.

    Les mesures visant à remplacer la grille actuellement en place, et devenue inopérante par vandalisme, ont été définies lors du dernier Comité de gestion de la cavité souterraine d’intérêt scientifique qui a été tenu le 7 mars dernier.

    Le Département Nature et Forêts mettra en place prochainement un système de fermeture qui empêchera l’accès libre des personnes à la cavité tout en permettant le passage de la faune.

    Il est vrai que le site a perdu beaucoup de son attrait pour les chauves-souris. Seul un individu a pu être observé cet hiver et l’habitat naturel a été altéré de façon importante (dégradation des concrétions et des parois). Des prospections chiroptérologiques complémentaires nous renseigneront sur l’occupation actuelle du site en été.

    La fermeture de l’accès devrait rétablir les conditions de quiétude indispensables à une recolonisation progressive de la grotte par les chauves-souris. Cette recolonisation ne peut se faire que naturellement. Aucune autre mesure pertinente ne permettra de réhabiliter ce milieu naturel fragile.

    Je rappelle que l’UAB (unité anti-braconnage) est intervenu, en juin 2009, pour mettre fin aux agissements illégaux et qu’une procédure judiciaire est actuellement en cours.