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Aménagement de l’archéoforum de Liège.

  • Session : 2002-2003
  • Année : 2003
  • N° : 25 (2002-2003) 1

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  • Question écrite du 16/02/2003
    • de WESPHAEL Bernard
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, du Logement, de l'Equipement et des Travaux publics

    Depuis le début des années 1990, les promesses et les esquisses de projets se succèdent concernant le sous-sol archéologique de la place Saint-Lambert. On a promis en son temps aux Liégeois le plus grand archéoforum d'Europe, d'une surface de 7.000 m2. On a souvent évoqué la mise en valeur d'ensembles significatifs du point de vue de l'histoire de la cité (époques préhistorique, romaine, mérovingienne, notgérienne, ...) et d'éléments symboliques forts tels la crypte, les choeurs des cathédrales et l'oratoire du vicus mérovingien, berceau de Liège.

    Le sous-sol de la place devait devenir, aux dires de l'architecte Claude Strebelle, un chantier de fouilles permanent, ouvert aux scientifiques et aux étudiants, et un centre de communication de niveau européen.

    De nombreuses inaugurations partielles ont eu lieu concernant l'entrée de l'archéoforum ou l'évolution des fouilles sous la dalle, par exemple, et cela, notamment, à l'occasion de la mise en fonctionnement des parkings souterrains ou de la gare des bus.

    La population a pu apprendre par voie de presse qu'un muséologue canadien, M. Durand, avait eu les faveurs des autorités wallonnes et qu'il était chargé du projet d'aménagement du sous-sol. Depuis lors, rien ne perce dans l'opinion, sinon l'annonce d'une prochaine inauguration. On est donc en droit de se poser quelques questions.

    L'inauguration du site archéologique aménagé est annoncée pour juin 2003. Monsieur le Ministre peut-il confirmer cette date ?

    Peut-on être informé de l'avancement du projet à ce jour, dans ses grandes lignes, et de sa procédure ? Quelle est la structure du projet et quelles parties du site pourront être aménagées dans un délai aussi bref ?

    Si une inauguration par phases successives est envisagée, dont celle de juin 2003 serait une première étape, peut-on connaître le projet de phasage ?

    Quels sont les différents partenaires en présence en ce qui concerne l'aménagement du site ? Qui est chargé de la scénographie ? Quelle place est réservée aux scientifiques et aux spécialistes de la Région wallonne ?

    Quels sont les différents partenaires en présence en ce qui concerne le financement du projet ?

    Quel est le coût prévu pour la Région wallonne pour l'aménagement total du site ? Qu'en est-il de la rentabilité du projet ?

    Au stade actuel, peut-on dire qu'il sera possible de concilier les exigences en matière de conservation des vestiges et les exigences en matière de besoins touristiques impliquant notamment la présence de groupes plus ou moins importants sur le site ?

    Un comité d'accompagnement scientifique national, voire international vu l'importance du projet, a-t-il été mis en place ? Si oui, peut-on avoir connaissance des résultats de son travail ? Sinon, la démarche est-elle envisagée et dans quels délais ?

    L'avis de la Commission royale des monuments, sites et fouilles (CRMSF) a-t-il été demandé ?

    Où en est la procédure de classement du site archéologique ?
  • Réponse du 24/01/2003
    • de DAERDEN Michel

    Tout d'abord, je tiens à remercier l'honorable Membre de m'avoir posé cette question qui me permet de faire le point sur ce dossier important qu'est l'aménagement de l'archéoforum à Liège.

    En ce qui concerne l'inauguration du site, je peux confirmer en effet que, sauf retard actuellement imprévisible dans ce chantier comme dans tout autre, je devrais pouvoir procéder à la mi-2003 à l'ouverture permanente au public de l'archéoforum de Liège.

    Pour répondre à la question relative à l'avancement du projet à ce jour, dans ses grandes lignes et de sa procédure, il faut signaler que, depuis 2000, le projet de l'archéoforum a progressé suivant trois axes principaux:

    Le premier axe concerne les études scientifiques et les fouilles des vestiges

    Sous l'égide de la Direction de l'archéologie de mon administration, l'Institut archéologique liégeois et l'ASBL In Situ ensuite (la même équipe d'archéologues depuis 1997), procèdent à l'analyse scientifique du site et à la rédaction d'une série de publications par des conventions annuelles.

    Toujours par le biais de conventions avec la Région, l'ASBL In Situ a été chargée d'effectuer des interventions archéologiques sur le site. Je vais signer dans les prochains jours une convention relative à une assistance des archéologues au coordinateur de projet sur le terrain afin de finaliser les dernières interventions archéologiques nécessaires à l'aménagement du site à son ouverture au public.

    En outre, complémentairement à ce travail scientifique permanent, les archéologues ont été invités, entre autres, à déterminer le parcours que pourraient suivre les visiteurs à travers la partie du site bientôt ouverte au public, les thèmes à aborder et les mesures de protection à prendre pour certains vestiges.

    De plus, des études scientifiques ont été menées en 2000 et 2001 spécifiquement en vue de déterminer les investissements indispensables à la bonne conservation des vestiges en général, dans le cadre de cette ouverture au public. Les résultats de ces études, confiées à six bureaux spécialisés choisis par l'Institut du patrimoine wallon (dit “IPW”) sur les conseils des archéologues, ont montré l'extrême complexité de la gestion future du site. C'est d'ailleurs en raison de la complexité des problèmes que le chantier des travaux proprement dits a ensuite été sagement interrompu jusqu'à ce début janvier 2003, le temps d'élaborer toutes les solutions techniques qui s'imposaient et de procéder ensuite aux marchés.

    Le deuxième axe d'évolution du projet a consisté, en 2000 et 2001 toujours, dans une série de travaux d'infrastructures en vue de l'ouverture au public, à savoir principalement la construction d'un local intérieur du côté de la gare des bus, la réalisation d'une liaison entre la partie occidentale de l'archéoforum sous la place Saint-Lambert et l'éventuelle future partie orientale sous l'îlot Tivoli et, enfin, la réalisation d'un accès à l'archéoforum au départ de l'îlot Tivoli (qui s'est matérialisé par un auvent de verre à cet endroit) et le percement d'un voile en béton.

    Le troisième axe d'avancement du dossier a consisté dans l'élaboration du projet de scénographie dont l'auteur, Yves Durand, a été désigné suite à une procédure de marché public.

    Quant à la structure du projet, on pourrait la résumer comme suit:

    - au départ de la billetterie côté gare des bus, des visites groupées sous la conduite de guides qui commenteront d'abord la place Saint-Lambert en traversant celle-ci a pied et pénétreront dans l'archéoforum par l'accès côté Tivoli;
    - dans l'archéoforum même, un cheminement au milieu d'une partie des vestiges actuellement dégagés;
    - enfin, la sortie s'effectuera à travers une librairie spécialisée.

    Ce cheminement a été exposé au public lors des Journées du patrimoine 2001.

    Les aménagements qui restent à réaliser d'ici l'été ont certes été lents à étudier et à préparer soigneusement, mais leur réalisation proprement dite ne devrait pas excéder les cinq ou six mois, sauf retard actuellement imprévisible.

    Le site sera aménagé pour présenter un parcours au travers des espaces déjà fouillés par les archéologues, traversant l'ensemble du site et présentant des vestiges de différentes époques : préhistoire, romaine, Moyen Age, etc.

    Sur le parcours seront disposées quelque dix zones présentant les différentes époques par des éléments multimédias, la présentation de pièces archéologiques et des panneaux didactiques.

    Un accueil pour les personnes à mobilité réduite sera également aménagé.

    Il n'y a pas d'inauguration par phases successives qui soit aujourd'hui programmée. Bien sûr, l'archéoforum pourra être évolutif au fur et à mesure du dégagement d'autres parties du site sous la place Saint-Lambert d'abord, puis, éventuellement, des espaces situés sous l'îlot Tivoli plus tard.

    En ce qui concerne les différents partenaires en présence, le projet est mené sous la direction de l'IPW et de la Division du patrimoine. Pour rappel, en 1999, le Gouvernement wallon a chargé l'Institut d'assurer l'ouverture permanente du site de l'archéoforum au public, dans le cadre de sa mission de valorisation d'une série de propriétés régionales relevant du patrimoine.

    L'association Projenor-Tractebel a été désignée, en juillet 2002, comme coordinatrice afin d'organiser la mise en oeuvre du projet. Dans un même temps, un bureau d'études de techniques spéciales, Marcq et Roba, a été désigné pour l'étude du traitement d'air dans l'archéoforum.

    Le scénographe canadien Yves Durand a poursuivi sa mission ainsi que le bureau d'architectes AST de Claude Strebelle, pour l'ensemble des espaces d'accueil de l'archéoforum.

    Actuellement, pour la mise en oeuvre de ce projet, les autres intervenants sont: un scénariste (Jean-Paul Bury de Châtelet), la société de production multimédia Crossroad de Sombreffe , l'entreprise Van Rymenant de Bruxelles pour la mise en oeuvre de l'isolation, la société Tempora pour la pose du matériel scénographique et l'entreprise Liégeois pour la réalisation des travaux de stabilisation. Les appels d'offres pour la fourniture et la pose du matériel scénographique ainsi que pour des travaux de stabilisation des fouilles seront clôturés ce mois de janvier 2003. Les appels d'offres pour les travaux relatifs à la réalisation de la boutique et d'une salle d'accueil ainsi que pour la fourniture d'éléments multimédias sont en cours.

    L'attribution de l'ensemble de ces marchés s'est faite, bien sûr, dans la plus stricte application des procédures des marchés publics.

    Je viens de l'indiquer, différents scientifiques et spécialistes des milieux scientifiques liégeois et étrangers ont réalisé des études préalables permettant aux intervenants actuels de s'appuyer sur des recommandations précises quant à la conservation des vestiges.

    Les scientifiques et les archéologues présents sur le site sont sollicités pour donner leur avis sur les différentes options prises par les auteurs de projet et assisteront à la mise en oeuvre de celui-ci.

    Par ailleurs, l'ensemble des décisions sont prises au sein d'un Comité de pilotage où sont représentés la Direction de l'archéologie de la DGATLP et l'IPW.

    Un Comité scientifique, qui accompagne le scénariste dans son travail, a été mis en place. Il est composé des personnes suivantes: Jean-Marc Léotard, archéologue de la Région, les archéologues d'In Situ: Jean-Louis Kupper, Marcel Otte, Bruno Demoulin, Philippe Raxhon, tous les professeurs à l'Université de Liège, Claude Strebelle, architecte et Philippe Georges, Conservateur du Trésor de la Cathédrale. Notons que plusieurs des membres de ce comité font partie de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles.

    En ce qui concerne enfin les différents partenaires en présence pour le financement du projet, l'Institut du patrimoine wallon prend en charge financièrement tout ce qui a trait à la valorisation du site, à son aménagement scénographique et touristique à des fins d'ouverture au public.

    La Direction de l'archéologie assume financièrement, quant à elle, tout ce qui concerne l'aspect archéologique du site, c'est-à-dire les fouilles et études des vestiges, ainsi que leur conservation.

    Quant au coût, sans compter bien sûr le coût annuel du travail des archéologues et de leurs équipes depuis 1997 qui est dépendant du projet d'ouverture permanente au grand public, les dépenses déjà consenties pour l'aménagement de ce site se sont élevées à 116.000 euros pour les études scientifiques de conservation des vestiges et à 1.030.000 euros pour les travaux déjà effectués, soit un total de 1.146.000 euros d'investissement.

    In fine, compte tenu des marchés qui doivent encore être passés dans les prochaines semaines, nous arriverons à un total de l'ordre de 4.502.826 euros, dont 471.000 euros financés par l'Europe dans le cadre de l'Objectif 2.

    Pour être complet, il faut se rappeler qu'un montant d'environ 2.400.000 euros a été consenti dans les années 1990 par la Région, la SRWT d'abord, la Division du patrimoine ensuite, pour construire la dalle qui constitue la place Saint-Lambert et qui, en même temps, protège les vestiges.

    Comme c'est le cas pour ces autres outils, le coût de fonctionnement de l'infrastructure sera ensuite particulièrement assumé par la Région. A charge pour les gestionnaires de couvrir eux-mêmes le solde des dépenses via les recettes d'entrée et de vente d'articles de librairie.

    Peut-on dire qu'il sera possible de concilier les exigences en matière de conservation des vestiges et les exigences en matière de besoins touristiques ? C'est notre conviction. Je le répète, des spécialistes dans différents domaines (climatologie, conservation des pierres et enduits, ...) ont réalisé toutes les études préalables, aboutissant à des recommandations de mise en oeuvre de l'archéoforum . Leur avis est régulièrement sollicité en cours de mise en oeuvre. La mise en oeuvre du projet respecte les exigences en matière de conservation des vestiges, les visiteurs circuleront d'ailleurs sur des passerelles métalliques. De plus, le traitement d'air installé prend en considération tous les problèmes de pollution de toutes sortes émanant de l'extérieur et de l'intérieur. Par ailleurs, la visite du site sera limitée à cinquante personnes, cela pour des raisons de conservation et de sécurité prescrites par les scientifiques et le service d'incendie.

    Quant à l'avis de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, dès la fin 1999, au moment de la première demande du permis d'urbanisme par l'IPW, elle a été la toute première informée des projets d'aménagements intérieurs de l'archéoforum et elle a rendu un avis favorable. Les aménagements en cours d'ici juin 2003 sont ceux qui étaient envisagés dès cette époque.

    Enfin, pour terminer, la procédure de classement du site archéologique est sur le point d'aboutir puisque le dossier est arrivé à mon cabinet. Je compte examiner ce dossier de classement dès que les travaux de l'archéoforum seront finalisés.

    En conclusion, j'aimerais ajouter que l'aménagement de l'archéoforum va permettre que la richesse du sous-sol de la place Saint-Lambert, qui abrite notre histoire, nos racines, soit valorisée et présentée au public.

    Ce projet répond, je pense, à une mission régionale essentielle: ouvrir le patrimoine à un large public. En tant que Ministre en charge du Patrimoine, j'ai souhaité faire de cette mission une de mes priorités. Dans ce cadre, je suis convaincu que l'archéologie est un domaine auquel le Wallon est sensible. Ainsi, j'ai souhaité concrétiser un autre dossier d'archéologie liégeoise important: celui des immeubles de la place Emile Dupont qui abritent des fresques du célèbre artiste liégeois Lambert Lombard, récemment découvertes par des archéologues. Ma volonté est que la Région acquière ces deux immeubles pour que ces peintures murales du XVIème siècle, les plus importantes de Belgique, puissent être montrées au grand public.

    En termes d'attractivité, je suis convaincu que ces outils touristiques, avec notamment le Grand Curtius et le Val Saint-Lambert, seront pour la Région et le Pays de Liège, des atouts majeurs.