La réorganisation du trafic de marchandises sur les lignes 139 et 140 de la SNCB.
Session : 2002-2003
Année : 2003
N° : 7 (2002-2003) 1
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Question écrite du 11/02/2003
de TRUSSART Alain
à DARAS José, Ministre des Transports, de la Mobilité et de l'Energie
La liaison dite Athus-Meuse inaugurée officiellement le 15 décembre 2002 a entraîné une réorganisation du trafic des marchandises sur les lignes 139 et 140 de la SNCB.
Une dizaine de trains de marchandises, circulant le plus souvent la nuit, s'est ajoutée aux vingt-neuf trains circulant sur cette ligne avant cette date. Entre quinze et dix-neuf trains circulent entre 22 heures et 6 heures en semaine.
La particularité de la ligne 140 est son passage au coeur des villages (Court-Saint-Etienne, Villes-la-Ville) parfois à 5 mètres des habitations.
Les riverains des lignes 139 et 140 se plaignent de diverses nuisances et expriment différentes craintes parmi lesquelles:
- nuisances sonores et problèmes de santé liés (stress, insomnie, réveils intempestifs); - vibrations, problèmes de santé et dégâts aux habitations; - fissures et risque d'échappée de radon; - moins-value immobilière; - perte ou diminution des revenus locatifs; - apparition de taudis; - perte d'attrait de la région; - risque d'un trafic de marchandises démesuré: les riverains craignent que des technologies nouvelles (trains sans conducteur) ne permettent d'augmenter considérablement le trafic (jusqu'à six cents trains par jour); - risque de suppression des trains de voyageurs pour permettre la transformation des lignes 139 et 140 uniquement en un eurocorridor; - risque d'accidents et de pollutions (lignes non adaptées à une augmentation de trafic de trains aussi lourds transportant des produits dangereux et éloignement des services de secours adaptés logés à Nivelles et qui mettent 30 minutes pour atteindre Villers-la-Ville et Court-Saint-Etienne); - risque pour la circulation des services de secours bloqués par la fermeture plus longue des passages à niveau.
Différents comités de riverains se sont constitués et diffusent largement ces craintes qui, comme on peut s'en percevoir, couvrent un très large spectre et sont parfois infondées.
Au cours d'une séance d'information récente, la SNCB a indiqué avoir réalisé des aménagements et en projeter d'autres pour notamment réduire les nuisances sonores à la source (remplacement du ballast, meulages des rails, amélioration du système de drainage ...).
Certaines nuisances existent. Il convient donc que la SNCB mette tout en oeuvre pour les réduire au maximum, là comme d'ailleurs sur son réseau, par exemple, près d'Antwerpen, et cela pour ne pas compromettre l'adhésion de la population au développement indispensable d'une partie du transport par route vers le rail.
La volonté de transparence, d'information et d'écoute de la population dont a fait preuve la SNCB dans la gestion des projets du RER a été reconnue par l'ensemble des acteurs. Cela semble ne pas encore avoir été le cas à cet endroit, contrairement au Sud de Namur, dans la gestion de ce dossier. Il convient donc de “redresser la vapeur”.
Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer quels sont les aménagements que la SNCB a déjà réalisés pour pallier les désagréments rencontrés par les riverains sur les lignes 139 et 140 ? Sur la base de quelles mesures des nuisances effectives (bruits, vibrations) cela a-t-il été fait ?
En ce qui concerne les demandes qu'il a formulées et formule à la SNCB afin de réduire drastiquement et rapidement les principaux désagréments réels pour les habitants liés à l'exploitation de ces lignes, Monsieur le Ministre peut-il me dire :
- quels aménagements la SNCB elle compte réaliser pour réduire davantage les nuisances; - s'il semble qu'à certains endroits des murs anti-bruit soient indispensables, si c'est envisagé; - s'il est possible d'envisager une organisation du trafic qui ménage les heures les plus cruciales de la nuit; - si la SNCB peut fournir des mesures des nuisances effectives (bruits, vibrations), quelles prévisions et timing elle fait des améliorations escomptées par les aménagements prévus ?
Afin d'informer largement et complètement les populations concernées à propos des évolutions actuelles sur les lignes 139 et 140, la SNCB compte-t-elle accompagner sa réorganisation du trafic des marchandises d'une large information et sensibilisation auprès des habitants des communes concernées (distribution d'un toutes-boîtes ou nouvelles séances d'explications ou de contacts directs, par exemple) ?
Les comités de riverains, très actifs, diffusent des informations alarmantes (six cents trains par jour, etc.). Afin de préciser l'état réel des futurs projets sur ces lignes à l'horizon 2015, la SNCB peut-elle préciser ce qu'il en est exactement ?
Réponse du 07/03/2003
de DARAS José
Les besoins en déplacement de marchandises croissent sans cesse. Sans intervention de l'autorité publique, ces déplacements vont s'effectuer essentiellement par route, or ce mode de transport est particulièrement générateur de nuisances environnementales. Il est impératif que les autorités publiques mettent en oeuvre des mesures en faveur du développement du transport ferroviaire, mode de transport moins polluant.
A cet égard, pour acheminer les volumes de marchandises entre le port d'Anvers, le sud du pays et les pays du Sud, le projet ferroviaire “Athus-Meuse” a été élaboré, constituant une ligne ferroviaire dédicacée exclusivement aux marchandises. Cette relation emprunte notamment les lignes 139, entre Louvain et Ottignies, et 140, entre Ottignies et Fleurus, pour les trafics ralliant le Sud. Les trafics remontant vers Anvers empruntent la ligne 144, entre Jemeppe-sur-Sambre et Gembloux, d'où ils regagnent Ottignies par la ligne 161.
Depuis le 15 décembre 2002, la liaison Athus-Meuse-Anvers est officiellement en service. Cette date concernait particulièrement le basculement des trafics sur le tronçon Namur-Athus dont les travaux de rénovation étaient achevés. Sur les lignes 139 et 140, les trafics n'ont pas évolué significativement par rapport à la situation précédant le 15 décembre.
Cependant, les riverains de ces lignes, principalement le long de la L140, manifestent leurs craintes et préoccupations à l'égard des nuisances que le trafic ferroviaire de fret peut générer. Si leurs inquiétudes sont légitimes, il convient toutefois de noter que les craintes qu'ils formulent sont parfois exagérées. Je pense notamment au mythe du train sans conducteur ou au nombre disproportionné de 600 trains quotidiens.
Après une consultation des services de la SNCB, je peux apporter différents éléments concernant les mesures opérées par la SNCB ainsi que certaines précisions quant aux nuisances générées.
Concernant la question du trafic de nuit
Sur les 35 et 40 trains quotidiens en semaine (7 à 8 le week-end) qui empruntent la relation, 60 % sont des trains de nuit (entre 22 heures et 6 heures). La SNCB se voit, en effet, contrainte de faire rouler une partie de ses trains de marchandises la nuit. Les trains sont affrétés en fin de journée et doivent être acheminés dans les gares de triage le lendemain matin. En outre, en journée, la ligne est empruntée par des trains de voyageurs, limitant la capacité pour insérer des trains de marchandises.
Les aménagements de réduction des nuisances
La SNCB a modernisé la ligne 140 au cours de la décennie 1990. En plus de l'assainissement de la plate-forme, les rails ont été remplacés par des rails longs de 6 mètres et soudés, les aspérités ont été limées et des couches supplémentaires de ballast ont été étendues. Ces mesures réduisent de plusieurs décibels le bruit produit par le passage des trains.
Actuellement, la SNCB n'envisage pas la construction de panneaux anti-bruit sur la ligne. Elle le fait pour des tronçons de lignes qui sont nouveaux ou rouverts, comme ce fut le cas pour la L147 (Fleurus - Jemeppe-sur-Sambre) où de petits écrans de 40 centimètres ont été placés pour atténuer le bruit provoqué par les roues.
Enfin, la SNCB signale que le matériel nouveau, et plus encore celui à venir, bénéficie de technologies qui limitent encore les nuisances sonores et les vibrations.
Concernant les mesures de nuisances
La SNCB est disposée à pratiquer des mesures de bruit et de vibration dans les maisons des particuliers qui en expriment le souhait auprès de ses services.
A ce jour, concernant les L139 et 140, la SNCB n'a reçu aucune demande de cet ordre.
Concernant les mesures d'information
La SNCB ne développe pas, d'initiative, sauf dans le cas de lignes nouvelles comme les lignes à grande vitesse ou les mises à quatre voies pour le RER, d'actions d'information spécifique aux riverains de ses voies.
Par contre, elle a répondu, et continue de répondre, aux sollicitations des autorités locales qui ont organisé des séances d'information sur le problème.
Enfin, la SNCB répond aux réclamations de particuliers qui lui sont adressées. A ce jour, la ligne 140 a fait l'objet d'une dizaine de réclamations, même après les séances d'information qui ont
pourtant rassemblé, à plusieurs reprises, des dizaines de personnes.
Ainsi, pour conclure, le renforcement des capacités de l'Athus-Meuse et de l'ensemble de la relation vers Anvers, valorise le transfert modal vers le rail pour le transport de marchandises. Les nuisances sonores et les vibrations engendrées ne peuvent être ignorées. Bien que la SNCB ne prévoie pas de doter le parcours ferré d'écrans anti-bruit, elle se montre disposée à rencontrer les riverains (séances d'information dans les communes, rencontres individuelles, ...) et peut envisager avec eux des modalités spécifiques. Il faut inviter les riverains qui le souhaitent à contacter les services de la SNCB qui, le cas échéant, sera disposée à pratiquer des mesures.