L'unité de maternologie du Centre des Marronniers à Tournai
Session : 2012-2013
Année : 2013
N° : 83 (2012-2013) 1
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Question écrite du 08/03/2013
de HOUDART Catherine
à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances
Récemment, j'ai lu qu'un service de maternologie avait vu le jour à Tournai, au Centre régional de soins psychiatriques Les Marronniers.
J'aurais aimé savoir en quoi consiste exactement ce service ? Est-il juste réservé aux mères de jeune âge qui n'ont parfois pas désiré leur grossesse ? Les femmes y sont-elles admises juste après l'accouchement ? Y sont-elles placées suite à un avis médical ou peuvent-elles décider elles-mêmes de rejoindre le service si elles se sentent dans l'incapacité d'assumer la naissance de leur enfant? Pendant quel laps de temps doivent-elles rester dans ce service ? Après leur sortie, y a-t-il un suivi ? Enfin, y a-t-il d'autres services de maternologie en Belgique ? Si oui, où ? Et pourquoi n'en trouve-t-on pas partout ? A-t-on pour projet d'en ouvrir dans d'autres régions ?
Réponse du 28/03/2013
de TILLIEUX Eliane
Comme j’ai pu l’évoquer lors de la réponse à la question que me posait Madame la Députée Sophie Pécriaux sur ce sujet, des initiatives ont vu le jour en Belgique francophone pour répondre aux difficultés graves que peuvent rencontrer certaines jeunes mamans dans l’établissement du lien mère-enfant. Ces initiatives répondent à un besoin de santé publique qui relève à la fois de la prévention des troubles potentiels du développement psychoaffectif chez les enfants et, de façon plus immédiate, des soins et de l’accompagnement nécessaires pour les jeunes parents en souffrance psychique, pour eux-mêmes et dans le cadre de leur parentalité.
En Wallonie, deux initiatives portant sur le soutien à la parentalité sont reconnues et agréées à titre de Service de Santé mentale spécifique. Il s’agit de « Fil à Fil » à Liège et du « Gerseau » à Braine-L’Alleud.
Le Centre pédiatrique Clairs Vallons, à Ottignies, dispose d’une unité mère bébé dans le cadre de sa Convention de réadaptation fonctionnelle pédiatrique dépendant de l’INAMI.
Le CRP Les Marronniers a inauguré en janvier 2013, à Tournai, une unité de maternologie appelée « Ylang-Ylang » composée de 6 lits réservés exclusivement à l’accueil de trois dyades mère bébé. Une équipe multidisciplinaire, formée en France où le concept a déjà fait son chemin, leur est entièrement dédiée. Les jeunes mamans, ou jeunes femmes enceintes, ont entre 16 et 22 ans, et les bébés jusqu’à 1 an.
Il n’y a pas un modèle unique de maternologie. L’unité qui s’est créée au CRP est la seule de ce type en Wallonie. L’hospitalisation se fait sur base libre, à la demande de la maman ou de la future maman, qui reste responsable de son enfant. Les pères peuvent également être accueillis. L’hospitalisation est prévue pour quelques semaines et un suivi est ensuite assuré, soit au domicile, soit en consultation.
Pour répondre à la question relative à des projets futurs du même ordre, je me dois d'apporter quelques précisions. Les lits hospitaliers dédiés à ces jeunes patients sont des lits de type K, qui composent les unités de soins de type neuropsychiatriques d’observation et de traitement d’enfants. Comme l’ensemble des lits hospitaliers en Belgique, ils sont soumis à la législation fédérale sur les hôpitaux. Celle-ci fixe pour chaque catégorie de lit le nombre « programme » qui correspond au nombre maximum de lits de chaque type pouvant être créés sur une base proportionnelle aux chiffres de population. Ce sont les règles de programmation. En l’occurrence, 0,32 lit par 1 000 enfants est prévu, au maximum, pour les hospitalisations dites complètes, de jour et de nuit. Or, la programmation est actuellement atteinte en Belgique, ce qui signifie qu’il n’y a pas de possibilités pour créer plus de lits K (complets).
Je souhaite en outre mettre en évidence une réalité à laquelle il faudra rester attentif. Les demandes d’admission sont toujours plus nombreuses que la capacité d’accueil des services pédopsychiatriques. Elles concernent tous les publics, les âges et les troubles qui nécessitent des soins en milieu hospitalier. Face à cela, la tendance, très compréhensible, de la part des professionnels et des gestionnaires, est de spécialiser l’offre de soins pour répondre au plus près aux besoins d’un public particulier, que ce soit les adolescents, l’anorexie, ou comme c’est le cas ici les tout‑petits et leurs mamans en souffrance. Cela ne devrait pas se solder, pour les enfants et les jeunes qui n’entrent pas dans ces catégories, par un renvoi vers d’autres unités faute de place de type « généraliste ».
C’est un des écueils que nous ne voulons pas négliger et auquel il faudra accorder une certaine vigilance si on accepte de mettre au centre des décisions les besoins du patient plutôt que de se concentrer sur l’offre de lits.