à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles
Plusieurs études l’ont affirmé ces derniers mois : le retard économique de la Wallonie se résorbe peu à peu par rapport à la Flandre. Un rapport de la KBC est encore plus affirmatif. Selon la banque, depuis 2008, la croissance économique a été, chaque année, plus importante dans le sud du pays. Et cela va continuer. La KBC table sur une croissance moyenne du PIB régional wallon supérieure de 0,3 % par rapport au flamand jusqu’en 2020. L’étude n’évoque pas la situation bruxelloise.
La génération des "baby boomers" arrive à l’âge de la pension et la Flandre se trouve face à un déficit démographique "inquiétant" , tandis que le "deuxième choc" de la mondialisation, celui de la montée en puissance des pays émergents, a été "beaucoup plus néfaste" pour l’économie ouverte de la Flandre.
Autre facteur qui s’inverse : la productivité du travail dans le secteur manufacturier est, depuis 2010, "meilleure en Wallonie qu’en Flandre" . Mais la productivité dans les secteurs de service y est inférieure.
Mais ce désavantage géographique wallon se retourne en atout en ce qui concerne le secteur industriel : il y a encore de l’espace pour les nouvelles industries en Wallonie. Les investissements étrangers directs y sont d’ailleurs en hausse, tout comme ceux en recherches et développement.
D’après la KBC, la Région wallonne a ainsi " davantage de potentiel économique " que la Flandre, du moins si elle parvient à corriger "ces relatives faiblesses" .
La banque a pointé plusieurs handicaps : - le poids du secteur public et semi-public, largement supérieur à la moyenne européenne, est beaucoup trop important en Wallonie. Cela a notamment "un impact négatif" sur les finances publiques, mais cela freine aussi l’expansion de certains secteurs, dont le marchand; - les entreprises wallonnes n’exportent pas assez en dehors de l’Europe. L’économie wallonne reste "trop fermée". Cette frilosité à l’export s’explique par un nombre élevé de très petites entreprises en Wallonie; - une scolarité déficiente. Le niveau de scolarité reste supérieur en Flandre. La Wallonie fait d’ailleurs face à un décrochage scolaire de plus en plus inquiétant. Les matières scientifiques et mathématiques ne sont également pas assez privilégiées dans le sud du pays; - un chômage structurel. Le taux d’occupation wallon (proportion de personnes actives au sein de la population en âge de travailler) reste encore trop faible par rapport à celui de la Flandre; - un manque d’homogénéité. Il est donc difficile de mener une politique économique commune dans une région aux disparités si fortes. La Flandre est beaucoup plus homogène.
Si les chiffres sont encourageants, il est cependant nécessaire de prendre en compte les considérations évoquées par ce rapport. Qu’en pense Monsieur le Ministre ?
Quelles sont les pistes qui seront mises en œuvre notamment pour tenter de tirer la Wallonie vers le haut ?
Réponse du 05/09/2013
de MARCOURT Jean-Claude
L’étude explique qu’il y a une inversion de la tendance dans les croissances des PIB entre la Flandre et la Wallonie depuis 2008 et que cela devrait continuer.
La KBC table sur une croissance moyenne du PIB régional wallon supérieure de 0,3 % par rapport au flamand jusqu’en 2020
Les raisons de cette inversion de tendance sont les suivantes : - la Flandre a une économie plus ouverte et a pâti davantage de la montée en puissance des pays émergents - la population est plus âgée en Flandre. La génération baby-boomers arrive à l’âge de la pension - la productivité du travail dans le secteur manufacturier est, depuis 2010, “meilleure en Wallonie qu’en Flandre”. - il existe une densité démographique plus faible en Wallonie ce qui est une bonne chose pour les investissements étrangers directs
Le renouveau wallon viendrait selon la banque surtout d’“un changement de mentalité”, lancé par le plan Marshall au début des années 2000. Alors qu’avant, « Le seul objectif était de préserver coûte que coûte une industrie vieillissante », dorénavant, les politiques se tournent « vers les technologies du futur ».
Il existe cependant des faiblesses en Wallonie. La Banque a cité comme faiblesses : - une productivité dans les secteurs de service inférieure à celle de la Flandre (dû à une démographie moins importante); - un poids du secteur public et semi-public largement supérieur à la moyenne européenne ce qui est mauvais pour les finances publiques et représente un frein à l’expansion du secteur marchand; - une faible exportation des entreprises wallonnes en dehors de l’Europe ce qui serait notamment dû à un nombre élevé de très petites entreprises; - une scolarité déficiente; - un niveau du chômage structurel important; - un manque d’homogénéité économique au sein du territoire wallon.
L’étude confirme qu’il y a un changement en cours dans la vision à avoir de l’avenir économique wallon grâce à des raisons structurelles (âge de la population, démographie,…) mais également suite à la mise en place d’une politique économique volontariste et portée vers le futur.
Les pistes à mettre en œuvre pour continuer à tirer la Wallonie vers le haut doivent donc se placer dans la continuité de celles qui ont permis à cette dernière d’inverser la tendance par rapport à la Flandre.
Favoriser l’entrepreneuriat par de la sensibilisation et par un accès au financement moins contraignant ainsi que faciliter l’embauche au travers d’aides à l’emploi font toujours parties des objectifs fixés par le Gouvernement et visant à répondre à une des faiblesses indiquées dans la question relative au taux de chômage structurel. Il est dès lors important de persister en ce sens afin de combler un handicap de notre économie dont est bien conscient le gouvernement.
Les différents organismes publics et parapublics existants favorisent cette inversion de tendance favorable à la Flandre en permettant un accès au financement plus facile, en favorisant le lancement de start-ups, en finançant différents projets innovants ou encore en mettant à disposition des espaces visant à accueillir des activités. Il est dès lors difficile de dissocier le travail de ces organismes du développement de l’économie de notre région.
Il faut cependant être conscient de l’environnement budgétaire existant et encourager les synergies entre institutions publiques. C’est ce qui est notamment en train d’être réalisé au travers de la fusion de l’AST et de l’ASE. Une coordination entre outils financiers publics a en outre été mise en place il y a plusieurs mois afin d’éviter tout doublon et rendre plus efficaces leurs actions. Il ne faut pas non plus négliger la politique de remplacement restrictive affectant la fonction publique et mise en œuvre par mon collègue, Ministre de la Fonction publique, Jean-Marc Nollet.
Le manque d’homogénéité est effectivement un handicap de la Wallonie. Il faut trouver un équilibre entre la nécessité d’avoir une vision globale du développement économique – et ainsi ne pas verser dans le sous-localisme – et la prise en compte de la réalité territoriale de la Wallonie. C’est ainsi que, par exemple, les primes à l’investissement font l’objet de règles de base communes mais permettent l’octroi de certains bonus en fonction de la localisation de l’implantation.
Quant à la scolarité dite déficiente, différentes réformes et actions ont été ou sont en train d’être entreprises afin d’améliorer la qualité de notre enseignement. On peut notamment citer la proposition de réforme de la formation initiale des enseignants, la proposition de réforme du paysage de l’enseignement supérieur et ainsi que l’appel à projet visant à booster le « numérique au service du pédagogique » dans l’enseignement.
Pour en venir aux exportations, il faut remarquer que la proportion des exportations wallonnes dans le total belge est montée de 16,4 % en 2002 à 19,9 % en 2010. Il y a donc une évolution favorable mais s’il faut reconnaître qu’il reste du travail.
Il faut donc continuer à accompagner à l’étranger nos entreprises comme le permet actuellement l’AWEx et les aider à grandir, grâce aux différents programmes de développement existants, afin qu’elles puissent faire concurrence à leurs homologues étrangers.
Si on peut se réjouir des conclusions de l’étude KBC, il est évidemment nécessaire de prendre en compte les considérations évoquées par ce rapport. Le gouvernement, conscient de ces difficultés, avait, lors de l’élaboration du Plan Marshall et de la déclaration de politique régionale, déjà intégré ces éléments.
Les problèmes n’étant évidemment pas tous entièrement résolus, le Gouvernement a décidé, lors de l’établissement du plan Horizon 2022, de ne pas occulter ces difficultés dans les mesures de développement économique proposées.