à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
Des chercheurs de Leipzig viennent de publier une étude sur le rôle de la paille dans la production d'énergie. Les avantages de ce matériau seraient, selon les chercheurs, sous-estimés.
La paille est l'un des déchets les plus importants dans l'agriculture. Ainsi, en Allemagne, hors utilisation pour les étables ou l'engrais, il y aurait 8 à 13 millions de tonnes de paille qui pourraient servir à la production d'énergie durable. Ceci se traduirait par une production d'électricité estimée pour 1,7 à 2,8 millions de ménages. Toujours selon cette étude, c'est 2,8 à 4,5 millions de familles qui pourraient être chauffées via ce nouveau « carburant ».
Notons toutefois que la combustion de la paille n'est pas sans effet sur l'environnement puisqu'elle rejette du CO2. Des rejets qui, selon les chercheurs allemands, seraient bien moins nocifs (jusqu'à 92 %) que la combustion fossile traditionnelle. Cependant, des centrales adaptées sont nécessaires pour la production d'énergie à partir de la paille.
Le Danemark est un pionnier de l'utilisation de la paille comme source d'énergie puisqu'il produit annuellement 5 milliards de kilowatts avec la paille.
Qu'en est-il de la situation en Wallonie ? Existe-t-il une production d'énergie à partir de la paille en Wallonie ?
Des recherches sont-elles menées afin de produire de l'électricité ou du chauffage à partir de la paille tout en utilisant des techniques qui annihileraient les rejets de CO2 ?
Cette nouvelle source d'énergie est-elle, selon Monsieur le Ministre, une piste à intégrer dans le bouquet énergétique de la Wallonie ?
Réponse du 27/11/2013
de NOLLET Jean-Marc
L’utilisation actuelle de la paille en valorisation énergétique en Wallonie peut être considérée comme marginale. Le potentiel théorique est cependant important puisqu’il a été estimé par l’étude de Valbiom à quelque 782.000 tonnes annuelles. De ce potentiel théorique, il convient néanmoins de retrancher une part conséquente destinée à être incorporée au sol pour en garantir le maintien des qualités agronomiques.
La valorisation énergétique de la paille en Wallonie est encore extrêmement confidentielle et limitée à la valorisation énergétique des fumiers en biométhanisation agricole. Trois voies de valorisation de la paille peuvent cependant être envisagées en production d’énergie.
Premièrement, la combustion simple pour la production de chaleur. Cette voie pourrait être retenue dans des cas d’opportunité lorsqu’il existe une demande significative de chaleur en un point, ou que celle-ci peut être associée à un réseau de chaleur local.
On peut également utiliser la paille comme combustible de centrale électrique biomasse de grande envergure. Cependant, le rendement énergétique de ce genre de centrale est seulement de l’ordre de 40 %. Il ne devient réellement intéressant qu’en cas de valorisation simultanée de la chaleur produite par les moteurs générant l’électricité. Or, dans le cas de grosse centrale, la quantité de chaleur produite est conséquente et nécessite la mise en place d’un réseau de chaleur très étendu. A titre d’exemple, une centrale de ce type vient de voir le jour en Hongrie. Elle consomme l’équivalent de toute la production wallonne et est associée à un réseau de chaleur approvisionnant 120.000 personnes.
La dernière voie de valorisation est la biométhanisation suivie d’une cogénération. Il s’agit de produire du gaz par fermentation et d’injecter celui-ci dans un moteur produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur. La biométhanisation de la paille présente de nombreux avantages : - elle peut être utilisée dans des unités de production de toute dimension, voire à l’échelle d’une seule exploitation agricole ; - elle y intervient en complément d’autres matières (lisiers, autres déchets végétaux) et ne nécessite donc pas d’être présente en grande quantité ; - à l’issue du processus de biométhanisation, la paille n’est pas entièrement décomposée et possède encore les qualités structurantes du sol en cas d’épandage.
Par ailleurs, la biométhanisation, et singulièrement la biométhanisation agricole, est considérée comme l’une des pistes d’accroissement de la part des énergies renouvelables dans la consommation de la Wallonie en 2020.
Dès lors, on peut considérer que la paille, à l’instar d’autres sources de biomasse, fait partie du bouquet énergétique de la Wallonie.
Je terminerai en évoquant la recherche en énergie ayant pour objet la paille. La Wallonie finance actuellement, dans le cadre du programme ERAble, un projet de recherche ayant pour objet l’optimisation de parois pour le bâtiment composées d’isolant à base de paille. Dans un sens plus large, le projet vise à une meilleure reconnaissance et appropriation de l’usage de la paille comme matériau isolant dans la construction. C’est donc plus en tant que matériau retenu pour ces capacités isolantes que la paille se distingue dans la recherche wallonne que pour son potentiel de combustion.