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Les cerisiers et le virus Little Cherry

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 467 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 26/03/2014
    • de WALRY Léon
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Selon certaines études, le virus Little Cherry menacerait 30 % des cerisiers d'Hesbaye. Ce virus rendrait les cerises impropres à la consommation. Le seul moyen de lutter contre cette épidémie serait d'abattre l'ensemble des arbres touchés.

    Que peut nous dire Monsieur le Ministre sur ce virus ? Envisage-t-il d'autres alternatives que l'abattage des arbres ?

    On sait que 90 % de la production de cerises en Belgique est localisée en Flandre contre 10 % en Wallonie. Nos voisins du nord sont donc les plus touchés par ce virus. À la connaissance de Monsieur le Ministre, des cas ont-ils été recensés en Wallonie ? Que faire dès les premiers signes de contamination ?

    Un éleveur avance l'idée d'infliger une amende à ceux qui refusent d'arracher les arbres contaminés. Quelle est la position de Monsieur le Ministre à ce sujet ?
  • Réponse du 10/04/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    La maladie de la petite cerise ou « little cherry disease » est provoquée par deux virus différents que l’on retrouve soit seuls, soit en association dans les arbres infectés : le Little cherry virus 1 (LChV-1) et le Little cherry virus 2 (LChV-2). Ces deux virus peuvent infecter plusieurs espèces du genre Prunus sans montrer de symptômes ou, comme dans le cas des cerisiers, en provoquant une diminution du calibre des fruits accompagnée d’une réduction de leur teneur en sucres ainsi que d’un rougissement précoce du feuillage.

    Pour les cerisiers, et en particulier pour les variétés à gros fruits, il en résulte une forte dépréciation de la qualité commerciale de la production et un surcoût à la récolte même si les fruits restent comestibles.

    Cette maladie a été détectée sur une grande partie du territoire de l’Union européenne. C’est une maladie dite « de qualité » même si les deux virus sont considérés comme des organismes de quarantaines sur les Prunus importés.
    En Belgique, le premier signalement documenté remonte au début des années 80’ sur un cerisier ornemental. Des analyses moléculaires réalisées au Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) entre 2004-2005 sur des cerisiers en provenance de vergers de la région de Saint-Trond ont permis de confirmer la présence des deux virus. La culture fruitière étant beaucoup plus développée en Flandre qu’en Wallonie (800 ha de cerisiers contre une soixantaine d’ha respectivement), c’est chez nos voisins du nord que la problématique des viroses de la petite cerise inquiète le plus les producteurs qui cherchent à juguler le problème.

    Un projet de recherche spécifique vient de dresser un état des lieux en Flandre et devrait permettre de vérifier la prévalence de 30 % citée par les producteurs sur base des symptômes observés dans leurs vergers.
    En Wallonie, aucun problème n’a été rapporté au guichet consultation du CRA-W pour les vergers de production. Toutefois, dans le cadre d’un projet scientifique fédéral qui a débuté cette année, le laboratoire de Virologie végétale du CRA-W a été chargé d’estimer la prévalence du LChV-1 et du LChV-2 sur le territoire wallon.
    La mise en commun des résultats de ces deux projets de recherches permettra sans doute de mieux appréhender cette maladie dont la mise en évidence et l’épidémiologie restent encore, au moins partiellement, à découvrir.

    Les risques d’infection et les moyens de lutte disponibles sont intimement liés au mode de transmission de ces deux virus.
    Si la multiplication, la diffusion et le greffage de matériel infecté sont les principales voies de dispersion à grande distance de la maladie, la transmission par la cochenille du pommier, qui est présente en Wallonie, pourrait jouer un rôle dans la dispersion du LChV-2 sur de plus courtes distances.
    À ce jour, il n’y a pas de vecteur connu pour le LChV-1.

    La lutte contre ces viroses s’effectue par la mise en place de moyens prophylactiques. Trois voies peuvent être privilégiées :

    1) La lutte contre le vecteur : L’utilisation d’insecticides se justifierait en cas de présence de Prunus infectés à la fois par le LChV-2 et la cochenille du pommier. Cependant, même si la lutte sur des Prunus ornementaux peut s’envisager, il n’y a pas de produit agréé pour cet usage sur cerisier de production en Belgique.

    2) L’éradication des arbres infectés au sein et en périphérie d’un verger : Elle n’a de sens que si une grande partie, sinon la totalité, des arbres infectés présentant des risques dans un verger de production professionnelle de cerisiers sont identifiés et abattus. Si l’abattage de cerisiers infectés au sein même d’une parcelle est praticable, la mise en évidence et l’abattage de Prunus infectés dans l’environnement proche des vergers de production, pas forcément sur la même propriété, posent problème.

    3) L’utilisation de matériel sain : La mise en place d’une filière de certification permettant de garantir aux producteurs et aux pépiniéristes la qualité sanitaire et l’identité variétale du matériel disponible est à la fois la voie la plus réaliste et la plus efficace pour lutter contre la maladie de la petite cerise ainsi que d’autres maladies des arbres fruitiers et ornementaux. C’est cette option qui est soutenue par la DGO3 en assurant des contrôles sanitaires en pépinière en vue de leur certification. Dans le cadre de ses missions le CRA-W sélectionne, assainit, contrôle et multiplie de nombreuses variétés et porte-greffes à destination des pépiniéristes et producteurs wallons.
    C’est également dans cette voie que les instances européennes et internationales responsables en matière de protection des végétaux souhaitent s’inscrire. Ceci démontre une fois de plus l’intérêt pour notre Région de disposer d’une filière de production de matériel sain et/ou certifié dans le domaine horticole.

    En conclusion, cette maladie virale, assez méconnue, concerne une dizaine de producteurs de cerises en Wallonie sur une soixantaine d’hectares répartis principalement dans les provinces de Namur et de Liège.
    Le CRA-W réalise actuellement un état des lieux pour ces deux virus et contactera très prochainement ces producteurs. Un encadrement spécifique des producteurs va être mis en place afin d’observer les parcelles et de mettre en évidence la présence éventuelle des virus dans les vergers wallons et leur environnement proche. Sur base de ces éléments ainsi que des données de traçabilité du matériel utilisé, des propositions de mesures de suivi adaptées à la situation seront fournies. Une première évaluation de la situation sera faite par le CRA-W à la fin de cette année 2014.