/

Le suicide chez les Wallons

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 59 (se2014) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/09/2014
    • de CORNET Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Plus de 2.000 personnes se suicident chaque année en Belgique. Et les Wallons sont proportionnellement près de deux fois plus nombreux que les Flamands à choisir d'en finir avec la vie. Avec un taux de suicide de 19 pour 100.000 habitants, la Belgique est bien au-dessus de la moyenne mondiale de 14,5 pour 100.000. C’est ce qui ressort du rapport de l'Organisation mondiale de la santé.

    Bien que le chiffre reste stable, il s’agit cependant de la première cause de mortalité des Belges pour la tranche des 25-44 ans et la seconde, après les accidents de la route, chez les 15-24 ans.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres propres au suicide en Wallonie ? Quelle est l’évolution de ces chiffres sur les 5 dernières années ?

    Par ailleurs, quels sont les dispositifs mis en place par la Région à ce sujet ? Des campagnes de sensibilisation sont-elles prévues ? Qu’en est-il de la prévention ? Est-elle efficace selon Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 09/10/2014
    • de PREVOT Maxime

    De nouveaux outils de lutte contre le suicide ont été mis en place à différents niveaux durant la dernière législature. Il convient néanmoins de rappeler que les politiques liées à la problématique du suicide se font très largement en coopération avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ainsi, une partie de la question porte sur la prévention du suicide, thématique qui relevait, jusqu’au 30 juin dernier des compétences de la Fédération Wallonie Bruxelles et qui fait partie des matières qui sont progressivement transférées (la fin de la période transitoire étant le 31 décembre 2015 pour cette thématique).

    Mais je ne me contente pas de réponses faciles ! Pour faire face à ce fléau, outre les Services de Santé mentale et de télé accueil, je poursuis le soutien à l’initiative de l’ASBL « Un pass dans l’impasse ». Cette ASBL a, à cet égard, été reconnue en 2013 en tant que « Centre de Référence en Santé mentale Spécifique Suicide ».

    Mais bien avant cette reconnaissance, l’ASBL offrait déjà un lieu d’écoute aux personnes directement ou indirectement confrontées à la problématique du suicide, quel que soit leur âge (enfant, adolescent et adulte) et y compris les professionnels. L’objectif est que la personne puisse exprimer sa souffrance, trouver des ressources adéquates et prendre du recul afin de désamorcer l’état de crise dans lequel elle se trouve. L’association sert aussi de relais afin d’orienter les personnes en souffrance vers des services appropriés à leurs besoins (centres hospitaliers, services de santé mentale, centres psycho-médico-sociaux, services d’assistance aux victimes,…). Enfin, elle met en place des groupes de parole pour les personnes confrontées au suicide et ayant perdu un être cher.

    En ce qui concerne les chiffres du suicide en Wallonie, l’administration ne dispose que de chiffres datant de 2011. Ces données démontrent une légère tendance à la baisse du nombre annuel de suicides en Wallonie par rapport aux années 1990 tandis qu’en Flandre la tendance est plutôt à la hausse. En 2011, le suicide représente 2.13 % des décès en Wallonie.

    Quant à l’absence de chiffres plus précis sur les suicides, elle s’explique par la nécessité d’agir précautionneusement dans cette matière. En pratique, on assiste régulièrement, au terme d’enquêtes policières souvent longues, à des cas de décès suspects qui se voient requalifiés en suicide, ou à l’inverse, des cas de suicides qui s’avèrent être des homicides. Pour cette raison, il est délicat d’avancer des chiffres précis trop rapidement, d’autant que si ces chiffres doivent donner lieu à des études pour en extraire notamment le taux de suicide, il est fondamental que les données de bases soient correctes. En outre, il faut aussi être très prudent dans l’interprétation des chiffres car ils sont probablement sous-estimés notamment parce qu’un certain nombre de cas ne sont pas répertoriés comme tels : notification insuffisante dans les certificats, certains accidents de la route (suicides maquillés), équivalents suicidaires (overdose de drogues), non-déclaration parfois par des familles qui souhaitent éviter que le suicide d’un proche soit déclaré officiellement.

    L’Enquête de santé par interview de 2013, dont on vient juste de connaitre les résultats, nous montre par ailleurs que la prévalence des tentatives de suicide dans les 12 mois qui précédent l’enquête est en augmentation en Flandre mais pas en Wallonie. En effet, en 2013, 16 % de la population wallonne avait déjà pensé à mettre fin à sa vie à un moment de son existence alors que 5 % y avait pensé au cours des 12 derniers mois. Ces chiffres n’ont pas évolué depuis la dernière enquête de santé, en 2008 (respectivement 14 % et 5 % pour ces deux indicateurs). En Flandre, 5 % de la population a pensé au suicide au cours des 12 derniers mois. Ils n’étaient que 2.8 % en 2008.

    En outre, l’Observatoire Wallon de la Santé consacrera l’année prochaine, une publication à la problématique du suicide en Wallonie ce qui devrait permettre de disposer de chiffres actualisés sur la problématique et de poursuivre les réflexions sur les pistes d’action à poursuivre et celles à instaurer que ce soit en matière de dispositifs à mettre en place, de campagnes de sensibilisation ou de programme de prévention en général.