à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine
L’Aspergilus fumigatus est un champignon que l’on peut retrouver sur les aliments périmés. Celui-ci peut s’introduire dans nos organismes par les voies respiratoires. Ce champignon est cependant très résistant... Et les personnes souffrant d’asthme ou fragiles au niveau de leur système immunitaire sont encore plus sensibles à ce problème.
Cette mycose serait en fait une mutation d’un champignon, qui résiste désormais aux antifongiques. Près de cent patients sont décédés cette année à la suite de la contraction de cette mycose.
Même si la santé revêt une compétence fédérale, Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres propres aux cas détectés en Wallonie ? Quel a été le taux de mortalité chez nous ?
Il y a de quoi s’inquiéter de la propagation de ce champignon. Quelle est la collaboration mise en place avec le Fédéral face à problème de santé ? Quelles sont les pistes qui pourraient être mises en place ?
Réponse du 20/01/2016
de PREVOT Maxime
L’aspergillus fumigatus est un champignon ubiquitaire dont le réservoir environnemental est extrêmement large (végétaux, matières organiques en décomposition, sol, poussières…). En outre, les spores d’aspergillus fumigatus sont résistantes dans le milieu extérieur. La présence de spores dans l’air intérieur peut être augmentée par 1.000 ou 10.000 dans le cadre de travaux de construction ou de rénovation, l’aspergillus fumigatus comme d’autres champignons s’installant dans les faux plafonds, les plâtres, les gravats,… .
La transmission du champignon se fait par inhalation de ses spores dans l’air ambiant. Il n’y a pas de propagation de ce champignon comme il n’y a pas de contamination interhumaine.
Si les spores d’aspergillus fumigatus sont totalement inoffensives pour la majorité de la population, ces champignons peuvent provoquer une aspergillose (l’aspergillose est un terme qui regroupe les infections causées par des champignons de la famille Aspergillus. Aspergillus fumigatus est responsable de plus de 80 % des aspergilloses humaines) chez certains patients affaiblis au niveau immunitaire (sous traitement anti-cancéreux ou immunodépresseurs dans le cadre de greffes de moelle ou de transplantation d’organe ou encore personnes souffrant d’une immunodéficience acquise). Ces mycoses invasives (isolement d’un champignon dans un site anatomique normalement stérile) sont des infections dites opportunistes, peu fréquentes, mais graves. La mortalité est d’environ 50 % en cas d’aspergillose.
L’aspergillose peut se manifester sous plusieurs formes : aspergillomes, aspergilloses broncho-pulmonaires allergiques, sinusite aiguë à aspergillus, etc. Le diagnostic n’est pas aisé, entrainant pour conséquence un retard au traitement et une aggravation du pronostic.
Ces infections ayant un pronostic sombre malgré le traitement, il est important de les prévenir. Les mesures de prévention des mycoses invasives reposent sur des mesures d’hygiène de base (lavage des mains, etc.) et sur la protection des malades en immunodépression sévère par un environnement protégé contre la transmission des spores d’Aspergillus (système de traitement de l’air, port d’un masque respiratoire, etc.). L’affection invasive touchant particulièrement des patients sensibles (immunodéprimés par exemple), les hôpitaux sont particulièrement attentifs à éviter une exposition de ces derniers, en les éloignant par exemple des zones où l’on effectue des travaux de construction.
L’arrêté royal du 26 avril 2007, modifiant celui du 23 octobre 1964 portant sur la fixation des normes auxquelles les hôpitaux et leurs services doivent répondre, définit les missions de l’équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière. Celle-ci doit, entre autres missions, exécuter le suivi des aspects ayant trait à la prévention des infections dans le cadre d’activités hospitalières telles que la construction ou la transformation des bâtiments.
Il n’existe pas de surveillance continue des Aspergillus en Belgique, mais les septicémies à Aspergillus sont incluses dans le système de surveillance des septicémies en milieux hospitaliers, coordonnés par l’institut scientifique de santé publique, et aucune septicémie n’a été déclarée entre 2012 et 2014.
Par ailleurs, en 2011, lors d’une étude ponctuelle réalisée par l’ECDC (http://ecdc.europa.eu/en/publications/Publications/healthcare-associated-infections-antimicrobial-use-PPS.pdf), European centre for disease prevention and control, concernant les infections liées aux soins et l’utilisation des antimicrobiens, l’aspergillus était l’agent responsable de moins de 1 % des infections nosocomiales en Belgique (1 cas sur 13.756 patients). Nous n’avons pas en notre possession de chiffres importants de décès en lien avec cette mycose.
Concernant la résistance du champignon, une résistance aux azolés (https://nrchm.wiv-isp.be/fr/centres_ref_labo/mycosis/Rapports/Forms/AllItems.aspx et https://nrchm.wiv-isp.be/fr/centres_ref_labo/mycosis/Rapports/Azole-resistant%20Aspergillus%20fumigatus%20emerging%20in%20Belgium.pdf) antifongiques, est en effet en recrudescence, notamment en raison de leur trop grande utilisation dans l’agriculture, ce qui rend le traitement des patients difficiles. En 2012, le centre national de référence des infections mycotiques (UZ Leuven) a observé une résistance aux azolés dans 3,6 % des souches d'Aspergillus fumigatus (type TR34/L98H la plus commune).
La limitation de l’exposition des personnes sensibles et l’usage rationnel des substances antimicrobiennes restent les meilleurs outils de prévention.