à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
On m’a informé que des arbres de la Drève de Mariemont, au minimum huit hêtres, devraient être abattus. Déjà dans les années 20, cette Drève a été mise une première fois à blanc. Depuis, elle est bordée de deux doubles rangées de hêtres magnifiques (classés comme « arbres remarquables » au sens de l’article 266 du CWATUPE), mais qui seraient malades eux aussi.
Quel est l’état sanitaire des arbres qui bordent la Drève de Mariemont? Où se situent-ils sur l’échelle utilisée ? Quels en sont les résultats ?
La raison souvent avancée pour le mauvais état de santé des arbres : un champignon, l’anthracnose, qui tache les feuilles qui finissent par mourir et, ensuite, les troncs sont infestés de scolytes dont on ne doit pas rappeler les dégâts.
Est-ce le cas ici ? L’abattage est-il le seul moyen? N’existe-t-il pas de traitement ?
Quelles mesures seront prises pour assainir le site après abattage ? Enfin, le site étant classé, il faudra donc le reboiser. Les essences d’arbres ont-elles déjà été sélectionnées ? Si oui quelles sont-elles ?
Pour rappel, en 2008, l’abattage de trois hêtres devenus dangereux avait été programmé, mais les autres arbres de la Drève ne présentaient pas de signes de pathologie alarmante.
Si la Drève doit un jour être abattue et replantée, un certificat de patrimoine et un permis d’urbanisme sont-ils nécessaires ?
Si l’on abat régulièrement des hêtres et que l’on ne replante pas ceux-ci, le site classé ne ressemblera plus à rien du tout d’ici quelques mois, quelques années. C’est une solution globale qui est à envisager pour ce site remarquable. Rappelons également qu’il y a quelques jours, le site du parc de Mariemont a été reconnu comme meilleur lieu de promenade par les Wallons.
Les autorités communales se sont opposées à ce chantier d’abattage tant qu’une solution de replantation n’est pas proposée. Qu’en est-il exactement ? Monsieur le Ministre pourrait-il nous faire le point sur ce dossier ?
Réponse du 03/04/2019
de COLLIN René
La drève de Mariemont, située à cheval sur les communes de Manage et de Morlanwelz, est constituée d’une double allée de hêtres de 900 mètres. Celle-ci remplace l’alignement initial d’ormes de 1843, abattu et replanté en 1929 suite à l’épidémie de graphiose (maladie fongique de l’orme). Reprise comme « Ensemble » dans la liste des arbres et haies remarquables, la drève fait également partie du domaine de Mariemont, classé comme « site » au Patrimoine exceptionnel de Wallonie en 2003.
Chaque année, les arbres de la drève font l’objet d’un état sanitaire par les agents du Service public de Wallonie (SPW). De manière générale, l’état physiologique et mécanique de la drève est bon. Les parties les plus touchées par les interventions se situent perpendiculairement à l’axe central. Il s’agit notamment d’une conséquence de la réalisation d’une tranchée ORES au pied des arbres en novembre 1999.
Les neuf hêtres soumis à l’abattage sont touchés par des champignons lignivores. Ceux-ci ne représentent pas l’origine du dépérissement, mais la conséquence d’un affaiblissement causé par des modifications de l’environnement (compactage du sol suite au parking, atteint aux racines, atteint aux troncs …), mais également climatique (sécheresses, vents, épisodes de pluie et de neige abondantes …). L’affaiblissement des arbres ouvre la porte aux parasites primaires présents de manière générale dans l’écosystème des arbres avant l’attaque secondaire des champignons lignivores. L’anthracnose n’est pas mise en cause. La quantité et la localisation de ces champignons lignivores indiquent que les qualités biomécaniques des neuf arbres sont compromises. Les abattages programmés sont destinés à garantir la sécurité des usagers de la drève.
Étant donné la nature patrimoniale du site, chaque abattage doit faire l’objet d’un Certificat de Patrimoine, soumis à la consultation de la Commission royale des Monuments et Sites et de l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) ainsi que d’un permis d’urbanisme. En cas d’urgence, le Code de développement territorial (CoDT) prévoit la possibilité de faire appel à un arrêté du bourgmestre pour raison de sécurité.
En 2005, la drève de Mariemont comptait 567 hêtres. Depuis lors, 13 arbres ont été abattus, soit une disparition de 2,29 %. Les abattages pour raison de sécurité n’affectent, jusqu’à présent, pas l’effet scénographique pour lequel la drève a été classée. Cet effet cathédral ne permet cependant pas d’envisager une replantation ponctuelle. D’une part, l’absence de lumière sous la voûte et la concurrence des voisins compromettent la croissance de jeunes individus. D’autre part, l’effet paysager se verrait impacté par le manque d’homogénéité dans la taille et la forme des arbres.
La perspective de replantation globale du site fait partie de la réflexion du projet de revitalisation du Domaine de Mariemont initié par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et le SPW. L’étude permettra notamment de définir une stratégie de mobilité cohérente avec les aspects patrimoniaux du Domaine, en parfaite concertation avec les partenaires du site (services communaux, services provinciaux, services régionaux …).
En attendant la concrétisation de ce projet, le Comité de gestion du Domaine de Mariemont se réunit le 25 avril prochain pour faire état de la drève, des options de conservation et des perspectives de replantation.