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L'évolution positive de la crise des scolytes

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 121 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/11/2020
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Après la PPA, verrait-on le bout du tunnel dans la crise des scolytes ? C'est en tout cas l'avis optimiste partagé par deux forestiers d'Ardenne et de Famenne qui observent une diminution dans leurs forêts et évoquent la fin d'un cycle avec l'arrivée de prédateurs naturels.

    Notons toutefois une exception notable, le sud Luxembourg qui cumule plusieurs handicaps : la crise de la PPA a empêché l'extraction des bois attaqués, de nombreux épicéas ne sont pas en station et les hivers y sont plus doux.

    Madame la Ministre peut-elle nous partager les données que l'administration wallonne possède sur l'évolution de cette crise ? Ces données confirment-elles que nous sommes sur une pente descendante ?
    Un article de presse indique que d'avril 2018 à septembre 2020, ce ne sont pas moins de 1 795 000 m³ de bois qui ont été atteints par les scolytes. Connaît-elle la répartition d'année en année ?

    Quel volume reste encore à retirer de nos forets ?

    A-t-elle des retours de l'expérience menée à Libin par le Centre de recherche agronomique de Gembloux ? Le piégeage chimique est-il efficace ?

    Le développement de prédateurs naturels est-il confirmé par le DNF ? Est-ce une solution naturelle pertinente que de « laisser faire la nature » et quels en seraient les impacts ?
  • Réponse du 19/11/2020
    • de TELLIER Céline
    Au niveau de la Région wallonne, la crise des scolytes a débuté en avril 2018. Nous connaissons précisément la répartition annuelle des volumes de bois scolytés pour les forêts publiques. La valeur annoncée de 1 795 000 m³, pour l’ensemble des forêts wallonnes et pour la période allant d’avril 2018 à septembre 2020, correspond à une extrapolation au départ des volumes de bois scolytés en forêt publique, en considérant que les épicéas sont localisés pour 45 % environ en forêt publique.

    Au niveau de l’évolution des chiffres en forêt publique, le DNF a marqué plus de 190 000 m³ de bois scolytés pour la saison 2018, mesurée d’avril 2018 à avril 2019, plus de 395 000 m³ pour la saison 2019 et nous sommes actuellement à 282 600 m³ de bois scolytés pour la saison 2020. Nous atteignons les mêmes volumes de bois scolytés que l’année dernière, à la même période.
    Cependant, en menant l’analyse au niveau de chaque direction extérieure du DNF, nous observons une diminution des volumes de bois scolytés partout, à l’exception de deux massifs forestiers, Anlier et Mellier.

    Il est difficile d’estimer avec précision le volume qui reste à retirer de nos forêts. Néanmoins, le DNF estime qu’il resterait environ 100 000 m³ de bois à vendre ou à exploiter à ce stade. Nous ne disposons malheureusement pas de données pour les forêts privées.

    L’expérience pilote visant à utiliser des arbres pièges dans les zones de Vresse-sur-Semois, de Bièvre et de Libin a été mise en œuvre et a reçu pour ce faire un soutien financier. Une septantaine de sites expérimentaux comparant différents types de piégeages et de conditions stationnelles ont été suivis.

    Le comité d’accompagnement de cette étude, menée par le Centre wallon de recherches agronomiques, s’est tenu ce 30 octobre. Les données sont en cours d’analyse et devraient être interprétables vers la fin de l’année. Les chercheurs ont mis en évidence certaines difficultés qui pourraient rendre les résultats insuffisamment significatifs.

    À l’occasion de ce comité, il a dès lors été suggéré de prolonger la recherche d’une année afin de pouvoir écarter les différentes causes de biais qui ont été identifiées et aboutir à l’issue de 2021 à des résultats consolidés, plus fiables. Ces résultats contribueront à alimenter le « Plan scolytes ».

    Pour cette année, le DNF et les partenaires de la filière bois poursuivent le travail de lutte active par les moyens mis en œuvre depuis deux ans : communication et sensibilisation envers les propriétaires, ventes anticipées dans les propriétés publiques et l’application de l’arrêté du Gouvernement wallon du 16 juillet 2020 relatif à la lutte contre les scolytes qui comprend quant à lui un ensemble de mesures déjà détaillées dans cette assemblée à plusieurs reprises.

    Les prédateurs naturels, parasites et champignons pathogènes sont effectivement des auxiliaires importants dans la régulation des populations de scolytes et sont à l’origine de leur apparition cyclique. Dans des pays tels que le nôtre, une action humaine reste néanmoins indispensable pour limiter les volumes impactés par cet insecte.

    En effet, plusieurs essais de régulation naturelle ont été menés en Europe depuis plus d’un siècle et ont conduit à des pertes extrêmement importantes voire à la disparition totale de l’épicéa sur certaines zones.

    Plus largement, afin de renforcer la robustesse de nos forêts face aux crises sanitaires et climatiques qui les touchent, le Gouvernement a dégagé, sur ma proposition, un budget de 3 millions d’euros.

    L’objectif est de soutenir, à travers ce premier appel à projets, la résilience de nos forêts grâce à une augmentation de la diversité des essences. C’est aussi un soutien financier appréciable pour les propriétaires forestiers (privés et publics) suite à la crise des scolytes.