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La nouvelle piste cyclable reliant Arlon à Steinfort

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 128 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/11/2020
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Inaugurée cet été, la piste cyclable reliant Arlon à Steinfort le long de la N4 a levé plusieurs interrogations des usagers, comme :
    - elle semble trop étroite (1,55 m en agglomération à 1,35 m hors agglomération.). Il y aurait pourtant eu toute la place nécessaire pour un « Chemin réservé bidirectionnel signalé au moyen du F99a ou du F99b » ;
    - peu d'aménagements sont prévus pour les piétons ;
    - il n'y a pas de passages sécurisés aux carrefours ;
    - il n'y a pas de séparation physique entre la route et la bande d'herbe ;
    - il existe des différences dans la gestion des carrefours des voiries adjacentes à la piste cyclable. Cette dernière est parfois prioritaire et parfois pas ;
    - au moins une zone de parking est « envahissante ».

    Mais nous savons que chaque dossier d'infrastructure fait aussi état de contraintes, foncière, budgétaire, et cetera.

    Monsieur le Ministre peut-il faire un rapide historique du dossier pour comprendre d'où viennent ces contraintes, les problèmes importants qui interviennent dès le nouvel aménagement cyclable réalisé et d'expliquer les évolutions positives envisagées et celles qui n'ont pas pu être rencontrées ?

    Existe-t-il au sein du SPW un cahier des charges type qui donne les balises lors de la réalisation de pistes cyclables (largeur minimum, revêtement, séparation entre route et bande d'herbe, priorité dans les carrefours…) ?

    Le Groupe de Recherche et d'Action des Cyclistes Quotidiens (GRACQ) d'Arlon a rencontré le SPW pour trouver des solutions, c'est une très bonne chose.

    Un élargissement de la piste cyclable est-il à l'étude ?

    Par ailleurs, nous apprenons qu'une charte va être conclue entre le SPW et le GRACQ. Il s'agit d'une initiative encourageante.

    Cette charte concernera-t-elle toute la Wallonie ou s'agit-il d'une initiative locale ?

    Quelle méthodologie le SPW met-il en place pour une meilleure consultation en amont des acteurs de terrain (GRACQ, riverains, communes…) afin d'éviter de mauvaises surprises une fois les travaux effectués ?
  • Réponse du 18/01/2021
    • de HENRY Philippe
    Bien que je puisse comprendre l’incompréhension des usagers attentifs au gabarit des pistes cyclables recommandé actuellement, il est important de noter qu’avant d’être concrétisé par la mise en œuvre des travaux, un projet est un long processus d’études et de concertations avec tous les acteurs de terrain.

    Inaugurée cet été, la nouvelle piste cyclable reliant Arlon à Steinfort le long de la N4 est un dossier qui a été étudié en 2017. Le projet est conforme aux recommandations de l’époque et l’est toujours actuellement, excepté pour la piste de 1m30 qui est aujourd’hui considérée comme un minimum à motiver. En effet, actuellement, pour toute étude, la largeur recommandée sans piéton est de 1m50.

    Le SPW MI reconnaît que ces aménagements auraient pu être meilleurs, mais ils ont été étudiés et réalisés sur des prescriptions antérieures à l’entrée en vigueur du décret du 4 avril 2019 visant à généraliser les aménagements cyclables de qualité en Wallonie et à renforcer la sécurité des cyclistes.

    Néanmoins, en vue d’aborder les points problématiques sur la N4 à la sortie d’Arlon vers Steinfort, une réunion s’est déroulée entre le SPW MI et le GRACQ, réunion au cours de laquelle le GRACQ a pu exprimer au SPW MI sa déception.

    Pour en venir à l’historique, le projet a été présenté par le chef de projet au conseil communal en sa séance du 19 décembre 2017 qui a approuvé à l’unanimité des membres présents le cahier des charges. Lors de cette réunion, un PowerPoint a été présenté reprenant toutes les largeurs dénoncées à ce jour. Pour des raisons budgétaires, d’adjudication et de coordination des chantiers, ce dossier n’a toutefois débuté qu’en 2019 et s’est achevé en 2020.

    Lors de l’étude, la possibilité de construire une piste bidirectionnelle a été évoquée, mais n’a pas été retenue ; la plupart des intervenants ayant opté pour la solution de deux pistes unidirectionnelles de chaque côté de la voirie.

    En ce qui concerne l’élargissement, ce n’est actuellement pas à l’ordre du jour. Il faudrait réaliser une étude technique, car la solution paraît techniquement compliquée et extrêmement coûteuse. Il serait d’ailleurs utile de prévoir des comptages sur cette piste pour connaître le nombre de cyclistes et de piétons qui l’empruntent quotidiennement pour évaluer l’ampleur du phénomène dénoncé lors d’un éventuel croisement d’un cycliste avec un piéton ou d’un dépassement entre deux cyclistes. Les deux problèmes pouvant aussi se régler aisément par la courtoisie.

    Par ailleurs, la problématique des piétons en dehors de la zone agglomérée (où un trottoir a été prévu) n’a jamais fait l’objet de la moindre remarque lors de l’étude, des présentations, des audits ou du permis. Il n’y a pas de traversées « sécurisées » au carrefour sur cet axe de transit frontalier à 90 km/h, car elles n’offriraient aucune sécurité réelle aux usagers faibles (au contraire). Cet axe reste d’ailleurs problématique en termes de gestion des vitesses malgré la présence d’un radar répressif. La bande d’herbe large (3m) fait office de séparation physique. Une demande va être introduite à la Direction des aménagements paysagers pour étudier la faisabilité de planter une haie dans la bande herbeuse.

    Il est à noter que les traversées ont été rendues prioritaires lorsque la visibilité le permettait. Dans les autres zones, nous avons préféré opter pour un dispositif incitant le cycliste et l’usager faible à la prudence.

    Une zone de parking est effectivement « envahissante », mais il s’agit d’un problème très ponctuel qui va être réglé par la pose de potelets en bois.

    En matière de bonnes pratiques d’aménagements cyclables, des balises existent au sein du SPW MI depuis 2017 avec la mise en service d’une sécurothèque accessible en ligne via le site « securotheque.be » qui est le fruit d’une large concertation des différents acteurs (SPW, TEC, l’AWSR, la SOFICO…). Selon la thématique, l’avis des différentes associations d’usagers représentatives (Atingo, GRACQ…) est demandé.

    La sécurothèque reprend entre autres, la réglementation stricte et obligatoire, mais aussi toutes les bonnes pratiques ou les recommandations pour la mise en place des aménagements de voirie. Ainsi, des recommandations sur les dimensions des aménagements cyclables y sont reprises depuis mai 2017 et ont été adaptées avec l’augmentation des largeurs en octobre 2020. Une évolution constante des recommandations et normes existe afin de s’adapter aux nouvelles réalités ou exigences.

    Par ailleurs, j’accorde une attention particulière à garder une bonne collaboration entre les usagers et l’Administration. De plus, le décret du 4 avril 2019 visant à généraliser les aménagements cyclables de qualité en Wallonie et à renforcer la sécurité des cyclistes prévoit que les usagers cyclistes soient consultés. Dans ce cadre, la Région wallonne a en effet, signé une convention-cadre avec le GRACQ qui les désigne comme partenaires privilégiés dans la concertation avec le SPW.

    Afin de mieux définir le protocole de concertation avec le GRACQ, une réunion de concertation aura lieu dans le premier trimestre 2021.

    Complémentairement, pour ce qui relève de la consultation en amont des acteurs de terrain, le Parlement européen a approuvé la directive 2008/96/CE (modifié par la directive 2019/1936) qui impose de prendre en compte tous les aspects sécurité routière à toutes les étapes d’un projet. Elle demande notamment de réaliser avant le début du projet une évaluation des incidences sur la sécurité routière afin de définir les objectifs et les contraintes du projet en concertation avec tous les intervenants (SPW, Commune, Police, TEC, Urbanisme…). L’évaluation d’incidence se déroule lors d’une réunion de concertation pendant laquelle l’auteur de projet expose le contexte (carrefour dangereux, nouvelle route à créer, cheminement cyclable à créer…) et chaque intervenant fait part de ses attentes et contraintes. L’objectif est d’arriver à un choix d’aménagement dûment justifié et validé par tous. En parallèle, une rencontre annuelle est prévue dans chaque direction territoriale avec les associations représentants les piétons et les cyclistes. Les projets et travaux de réfection y sont présentés et les représentants des modes actifs font remonter leurs remarques et leurs besoins. Les conclusions de ces réunions seront intégrées dans les futures évaluations d’incidences.