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La situation en Haïti

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 30 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 30/11/2020
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le 2 novembre, Monsieur le Ministre-Président a reçu un appel du mouvement « Stop Silence Haïti » pour apporter son soutien à leurs demandes, afin que la Belgique pose des gestes forts face aux profonds maux dont souffre le peuple haïtien.

    J'ai, moi-même, été interpellée par ce mouvement « Stop Silence Haïti » qui lance un appel international afin de dénoncer le silence et la complicité de la communauté internationale face aux multiples violations des droits humains, sociaux et économiques en Haïti. En trois semaines, il a déjà été signé par 86 fédérations internationales, associations, organisations, syndicats belges, mais aussi haïtiens, français, espagnols, canadiens, allemands, béninois et uruguayens.

    Depuis 2018, dans une situation d'insécurité et d'appauvrissement croissante, les Haïtiens et Haïtiennes, tous secteurs confondus, se mobilisent avec force et courage contre un pouvoir mis en cause dans des scandales de corruption et des massacres. L'appauvrissement, la corruption, le règne de la terreur, les dérives démocratiques et l'impunité sont leur quotidien. Le mouvement et tous les signataires à cet appel international demandent que des gestes forts soient posés par l'ensemble de la communauté internationale. Face à la situation observée en Haïti, l'urgence est plus que jamais d'actualité.

    Monsieur le Ministre-Président a-t-il pris connaissance de cet appel international de « Stop Silence Haïti » et quelle est la position de la Wallonie à ce sujet ?

    Quels sont ses leviers, dans ses différents champs de compétence pour soutenir cet appel international ?

    Quelles seront sa stratégie et son action pour porter la voix d'une diplomatie solidaire ?
  • Réponse du 03/05/2021
    • de DI RUPO Elio
    Début février, le Président Jovenel Moïse a effectivement annoncé une tentative de coup d’État déjouée. Selon les informations et les échanges à ce propos entre le représentant de Wallonie-Bruxelles/APEFE et différents postes diplomatiques à Port-au-Prince, il semble, aujourd’hui, excessif de parler de tentative de coup d’État.  
     
    D’une part les circonstances de ces évènements restent floues et d’autre part, aucun élément probant n’a été rapporté qui démontrerait la véritable préparation d’un coup d’État.
     
    Au-delà de la problématique, il va sans dire que la situation politique et sécuritaire du pays est particulièrement instable depuis 2018.
     
    Les échéances politiques de cette année, à savoir le référendum sur une réforme constitutionnelle le 27 juin et les élections présidentielles et législatives prévues les 19 septembre et 21 novembre, risquent d’accroitre, un peu plus encore, la forte instabilité qui règne dans le pays.
     
    Ces derniers mois en particulier, la situation sécuritaire générale du pays retient particulièrement notre attention. En effet, nos représentants sur le terrain relatent l’augmentation d’assassinats ciblés, de la multiplication des kidnappings, et du renforcement des gangs qui gangrènent le pays. L’enlèvement le 11 avril dernier de dix personnes, dont 7 religieux, à Port-au-Prince est emblématique de l’activité de plus en plus importante de ces gangs armés dans le pays.
    La population haïtienne est de plus en plus méfiante face à ses dirigeants politiques et plus particulièrement envers le Président Jovenel Moïse élu en 2017 avec un faible pourcentage de participation.
     
    Suite à la démission du Premier ministre, Joseph Jouthe, le 14 avril dernier et la formation consécutive d’un nouveau gouvernement, avec la nomination d’un nouveau Premier ministre, il n’est pas certain que ce remaniement politique soit de nature à regagner la confiance de la population. Il s’agit à présent du 6e Premier ministre nommé en 4 ans de gouvernance.
     
    La Communauté internationale et les organisations de la société civile, haïtiennes et autres, sont également très préoccupées de la dégradation générale de la situation en Haïti. En effet, l’absence d’activité du Parlement depuis plus d’un an et la multitude de décrets pris par le Président haïtien, ainsi que les répressions de manifestations pacifistes et les arrestations arbitraires, témoignent d’un affaiblissement des institutions démocratiques haïtiennes.
     
    Quant à l’opposition, elle ne semble pas constituer une alternative encourageante, car elle est profondément désunie et n’a pas de projet innovant et rassembleur pour le pays.  
     
    En ce qui concerne la coopération bilatérale actuelle entre la Wallonie et Haïti, elle vise prioritairement à soutenir des opérateurs en vue de renforcer durablement les capacités du partenaire haïtien, via notamment les échanges d’expertise.  
     
    Dans un contexte aussi difficile, les projets soutenus par la Wallonie sont mis en difficulté.
     
    En effet, pour les raisons politiques et sécuritaires évoquées, nos experts ne peuvent plus se rendre en Haïti pour y travailler. Seuls les projets ayant un ancrage au niveau local, comme celui mené par l’APEFE dans le domaine de la formation professionnelle et technique ou encore ceux menés, sur le terrain, par des Universités haïtiennes dans le domaine de l’eau aboutissent à des résultats.
     
    Les projets à vocation durable impliquant des partenariats institutionnels sont donc de plus en plus difficiles à mener vu la fragilité de la structuration locale, l’instabilité politique depuis 2018 et la situation sécuritaire.