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Les difficultés d'accès des petits maraîchers et producteurs locaux aux collectivités et marchés publics

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 137 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 10/12/2020
    • de CORNILLIE Hervé
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Nous connaissons tous ce cliché de la cantine industrielle aux repas peu recommandables. On ne peut donc que se réjouir de la tendance générale actuelle de la population wallonne à aspirer à des repas sains, durables et provenant de producteurs locaux. Une dimension de plus en plus importante au sein des cantines collectives, scolaires et d'autres collectivités proposant des repas à grande échelle (les hôpitaux par exemple). Si certains ont emprunté le chemin de la durabilité et du local depuis déjà une quinzaine d'années, la quasi-totalité des collectivités susmentionnées est aujourd'hui dans une réflexion permanente à ce sujet.

    Une aubaine pour les maraîchers et producteurs locaux wallons, qui leur permet une diversification de la demande ne se résumant désormais plus aux seuls supermarchés, des clients souvent exigeants et peu équitables avec les producteurs.

    Si producteurs et maraîchers sont présents en nombre sur le territoire wallon, tous ne sont pas adaptés aux besoins spécifiques des collectivités, dont les besoins en denrées alimentaires sont souvent gigantesques et peu réguliers. Illustration de ces propos par exemple nous provenant des cuisiniers de « La Cuisine des champs », dans la région de Namur : « si le client du maraîcher est un magasin, il va avoir besoin de 100 kilos de carottes toutes les semaines. Nous, quand on met la carotte au menu, on a besoin de 600 kilos de carottes d'un coup ».

    Ce sont là des démarches et des façons de travailler auxquelles la majorité des maraîchers ne sont pas encore habitués. Dans le cas d'une collectivité publique (une intercommunale proposant des repas aux hôpitaux et maisons de repos par exemple), on constate bien souvent qu'il est difficile pour les petits fournisseurs de répondre aux marchés publics. Si des efforts sont faits dans ce sens par les cantines pour garantir l'accès à un nombre plus important de petits fournisseurs, la nourriture industrielle reste encore trop souvent la norme au sein des grosses structures. Que je ne souhaite pas ici blâmer, car leur souci premier est d'assurer des repas quotidiens aux résidents. Nous conviendrons cependant aisément qu'il serait idéal, tant sur le plan économique, écologique ou encore de l'économie circulaire, de maximiser les partenariats entre les cantines et producteurs locaux wallons.

    Quel est le constat de Madame la Ministre par rapport à la situation dépeinte ci-dessus ?

    Quelles mesures propose-t-elle pour favoriser l'accès des petits maraîchers et producteurs locaux à nos cantines collectives ?

    Comment la Région se propose-t-elle d'aider les producteurs locaux dans leur adaptation aux besoins spécifiques des collectivités ?

    Comment faciliter l'accès aux marchés publics pour ces derniers ?

    Sur ce plan, que donne le Green Deal cantines scolaires, la stratégie wallonne visant à encourager les cantines à consommer local ?
  • Réponse du 09/09/2021
    • de TELLIER Céline
    La question de l’approvisionnement des cantines reste actuellement un enjeu important dans la transition du secteur de la restauration collective vers une alimentation plus durable et plus locale.

    Les principaux freins qui rendent encore la rencontre de l’offre et de la demande difficile sont identifiés :
    - le bas prix des repas dans les cantines, face à la nécessité d’un revenu juste pour les différents acteurs de la chaîne de valeur alimentaire, dont les producteurs ;
    - les volumes importants demandés dans la restauration collective, face aux volumes produits individuellement par les maraîchers et petits producteurs, et le défi logistique associé ;
    - les besoins spécifiques du secteur en termes de produits transformés et de conditionnement, face à un taux relativement faible de transformation des produits agricoles en Wallonie ;
    - la réglementation en matière de marchés publics, difficile d’accès pour les petits producteurs et qui, au nom du principe de non-discrimination, ne permet pas d’user de critères géographiques.

    Afin de lever progressivement ces freins, différents outils, ressources et initiatives, tantôt spécifiques au secteur de la restauration collective, tantôt plus généraux, sont mis en place ou en cours de développement en Wallonie.

    En Wallonie, 224 cantines se sont engagées dans le « Green Deal » Cantines durables, lesquelles préparent 120 000 repas chauds par jour sur 200 000 en Wallonie, soit 60 % des repas chauds en collectivités. À celles-ci s’ajoutent 59 autorités politiques et 234 facilitateurs (dont 120 producteurs).

    Dans le cadre du « Green Deal » et au-delà de l’accompagnement des cantines, la cellule « Manger Demain » travaille sur la problématique de l’approvisionnement des cantines et met en place des initiatives, dont, par exemple, les «Rencontres de l’approvisionnement », qui poursuivent un triple objectif :
    - créer des espaces de rencontre et de visibilité entre les fournisseurs et les cuisines de collectivité d’un territoire ;
    - travailler sur les freins mis en évidence par les participants afin de dégager des pistes de solutions concrètes ;
    - favoriser des contacts professionnels débouchant sur un renforcement du tissu économique local.

    Malgré un contexte sanitaire difficile, trois éditions de ces rencontres ont eu lieu en 2020 (Mons, Namur et Liège), permettant notamment la mise en contact de plus d’une centaine d’acteurs de l’approvisionnement (producteurs, transformateurs, logistiques) et de responsables de cuisines de collectivité.

    Une autre initiative est le « référencement de l’offre et de la demande », qui se matérialise principalement au travers de deux outils :
    - un répertoire évolutif de producteurs locaux existant sur le territoire ;
    - une plateforme web « Le Clic Local », espace dédié aux professionnels qui souhaitent acheter ou vendre des produits locaux.

    On peut également citer la mise en place de groupes de travail focalisés sur des produits, ainsi qu’un accompagnement et des formations pour les cantines

    Les cantines signataires du « Green Deal » bénéficient aussi d’un accompagnement individualisé, de différentes expertises et de formations collectives pour les aider dans leur cheminement vers une alimentation plus durable. Ce panel de services peut notamment porter sur les marchés publics, sur l’approvisionnement en produits locaux de qualité, sur l’élaboration des menus de saison, sur le travail des légumes, et cetera.

    En parallèle du « Green Deal », différents dispositifs de soutien plus généraux permettent d’œuvrer à lever les freins en matière d’approvisionnement. Citons notamment :
    - l’appel à projets « Soutenir la relocalisation de l’alimentation en Wallonie », lancé cet été dans le cadre de l’Alliance Emploi-Environnement pour l’Alimentation ;
    - les subventions « Hall-relais agricoles » ;
    - différents dispositifs d’aide viennent en appui aux coopératives d’agriculteurs.