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La création de "licornes wallonnes"

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 162 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 11/12/2020
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'économie de demain repose clairement sur le numérique et l'esprit d'innovation de ses entrepreneurs. Certaines start-up actives dans les domaines de la finance, de la technologie, de l'e-commerce ou de la logistique par exemple ont connu une croissance énorme ces dernières années.

    C'est ainsi qu'est employé le terme de la licorne qui désigne toute start-up dont sa valorisation est estimée à un minimum d'un milliard de dollars et dont le modèle économique est basé sur une croissance rapide financée par des fonds extérieurs. Ainsi, plus de 300 start-up dans le monde sont aujourd'hui désignées comme étant des licornes.

    En Belgique, nous avons la chance d'en compter deux actives dans le « B to B » : il s'agit de Collibra, qui vise à valoriser les données des entreprises et de Team.Blue qui offre des facilités numériques aux entreprises. Malheureusement, aucune de ces deux start-up n'est wallonne.

    Dans la Déclaration de politique régionale, il est indiqué que la Wallonie doit choisir ses domaines d'excellence numérique et ainsi concentrer les moyens publics et privés sur des filières porteuses de forte valeur ajoutée. Ce qui laisse la possibilité et la chance d'avoir, nous aussi, une start-up valorisée à plus d'un milliard.

    Monsieur le Ministre estime-t-il que la Wallonie est capable d'être la terre d'accueil de tels projets ? A-t-il identifié ces domaines d'excellence numérique ? De quelle manière Digital Wallonia peut-elle faciliter le développement économique rapide de start-up considérées comme très prometteuses ?
  • Réponse du 21/12/2020
    • de BORSUS Willy
    Les start-up constituent bien entendu l’une des priorités de la stratégie Digital Wallonia dans le cadre plus général du développement du secteur du Numérique en Wallonie qui est l’un de ses 5 thèmes structurants.

    Cette priorité s’est manifestée au travers de différentes actions.

    Tout d’abord, il faut rappeler la création du fonds d’investissement W.IN.G by Digital Wallonia opéré par la SRIW. Celui-ci s’oriente d’ailleurs de plus en plus vers une stratégie de soutien de « deuxième tour » vers des start-up proposant des produits et services basés sur des technologies numériques avancées. Par ailleurs, la Wallonie est bien positionnée sur certaines technologies de pointe. Par exemple, la Belgique est en cinquième position en termes de dynamique IoT (Internet des objets) en Europe. Cette dynamique soutient la création de nouvelles licornes qui se spécialisent dans cette technologie.
    Plus d’info : https://www.digitalwallonia.be/fr/tags/wingbydw#secteurDuNumerique

    Ensuite, l’AdN a mis en place sur la plateforme Digital Wallonia une cartographie complète des startups en Wallonie. Environ 400 sont ainsi répertoriées (numériques et Tech). Plus d’info : https://www.digitalwallonia.be/fr/tags/startup#secteurDuNumerique et https://www.digitalwallonia.be/fr/tags/startup#secteurHorsNumerique

    Cette cartographie a notamment permis d’identifier de manière objective la réalité de l’écosystème des startups en Wallonie. Elle a été enrichie par deux études quantitatives et qualitatives également réalisées par l’AdN.

    Une troisième édition de cette étude sortira en même temps que la troisième édition des Digital Wallonia Startups Awards.

    Ceux-ci sont remis, depuis 2 ans (https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/startups-awards-2019), dans le cadre de l’événement emblématique de la Wallonie Numérique, SHAKE Digital Wallonia. Cette année, la crise sanitaire a évidemment rendu impossible l’organisation de cet événement. Toutefois, les Awards seront organisés et leur remise se fera organiser à la fin du mois de janvier dans le cadre d’un partenariat avec un média télévisuel. Cette initiative permet de mettre en évidence les start-up qui se sont le plus distinguées durant l’année écoulée.

    L’internationalisation des start-up a également fait l’objet d’une attention toute particulière, notamment au travers des missions internationales sous la bannière Digital Wallonia International. Le détail de toutes ces missions est disponible sur la plateforme Digital Wallonia. À titre d’exemple, la dernière édition du CES Las Vegas est une excellente illustration du travail effectué : https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/ces2020

    En ce qui concerne plus spécifiquement le concept de licorne, il faut évidemment le ramener à l’échelle de la Wallonie dont l’une des caractéristiques est en général et/ou en moyenne la (trop) petite taille des entreprises, notamment dans le secteur du numérique.

    Toutefois, une start-up/entreprise comme Odoo se dirige tout droit vers ce statut. La société Odoo est la plus emblématique dans notre région. Cette société qui emploie 900 personnes aujourd’hui et qui compte en engager 1 000 de plus en 2021, comme Fabien Pinckaers (CEO et fondateur) l’a annoncé dans la presse récemment, a dépassé les 100 millions de revenus facturés cette année, comme Monsieur Pinckaers l’a publié sur le réseau professionnel Linkedin. Avec de tels résultats, si la société venait à réaliser une augmentation de capital, il y a peu de doute que la société ne soit pas valorisée à $1 Milliard. Cependant, hormis Odoo des sociétés telles que Cluepoints ou encore Sortlist ont récemment fait parler d’elles. L’une en accueillant le fonds de Private Equity « Summit Partners », la seconde en étant reprise dans les « scale-up » de l’année par EY en 2020.

    Par ailleurs, nous avons enregistré durant toute l’année 2020, malgré les circonstances très particulières, de nombreuses levées de fonds remarquables par nos start-up. Je citerai par exemple : EMAsphere, e-Peas, Piximate, Miracor, Myskillcamp, MinT, Oncomfort, Nyxoah, Tribu News, Mozzeno, Smovin ou encore Enky. La plupart de ces levées de fond dépassent largement le million d’euros. Par ailleurs, elles sont notamment effectuées auprès d’investisseurs européens de renom, ce qui démontre la qualité des projets portés par ces startups.

    L’objectif aujourd’hui est de se concentrer sur la capacité de nos startups à passer au stade de « scale-up », ce qui correspond à un changement d’échelle.

    Comme l’honorable membre le signale dans sa question, cela doit se faire dans une logique d’écosystèmes numériques forts. Ces écosystèmes ont notamment été identifiés au travers de la plateforme Digital Wallonia par l’AdN dans le cadre des travaux de la S3 pour la Wallonie. Par exemple, l’écosystème de l’industrie 4.0 compte plus de 400 acteurs, dont plus de 60 % d’offreurs de solutions numériques. Cet écosystème est caractérisé par différentes entreprises hébergées dans des incubateurs et accélérateurs. Les start-up représentent plus de 13 %. Ceci est assez prometteur dans le développement d’innovation en production agile et dans une industrie plus circulaire en accord avec les domaines d’innovation stratégique de la S3.

    Le domaine numérique qui compte le plus de start-up est l’e-santé. En effet, nous disposons, notamment grâce aux biotechs, d’un vivier important dans ce domaine. Des sociétés telles que Cluepoints (citée ci-dessus), Nyxoah (qui a réalisé une entrée en bourse cette année à Bruxelles) ou encore Oncodna ne sont que trois exemples parmi d’autres de start-up qui parviennent à développer des solutions innovantes dans ce domaine.

    En ce qui concerne des domaines d’excellence, la Wallonie a, notamment via le fonds WING et la SRIW, ces dernières années et semaines, financé des sociétés ou des fonds d’investissement de pointe. En effet, en 2019, la société EURA NOVA qui a son propre centre de recherche interne en intelligence artificielle et en data science (qui compte plus de 40 publications dans des revues scientifiques de par le monde dans le domaine) a été soutenue par la SRIW. Plus récemment, le fonds WING, fonds géré par la SRIW pour le compte de la Région a pris part dans le fonds Tioga Capital. Ceci fait de la SRIW, le premier investisseur institutionnel européen à investir dans un fonds dans ce secteur. Si le nombre de sociétés dans la « blockchain » et l’intelligence artificielle reste encore faible, avec ces démarches, nul doute que les start-up de notre Région vont émerger.

    Plus d’info : https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/s3-priorites-wallonie

    La Wallonie dispose de plusieurs opérateurs soutenus par la Wallonie en charge de l’incubation et du financement d’amorçage des start-up (Leansquare, Digital Attraxion, WSL, …). Il faut sans doute à ce stade de leur évolution, relancer une nouvelle dynamique globale, qui est d’ailleurs prévue dans la DPR, notamment pour s’assurer que l’ensemble de ces écosystèmes soient alignés sur des objectifs stratégiques communs, notamment au travers des écosystèmes numériques d’excellence.

    À ce sujet, je vais lancer, début de l’année prochaine une réflexion stratégique avec l’AdN et les différents acteurs concernés pour démarrer une « phase 2 » des actions mises en œuvre en faveur des start-up.