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L'arrivée en Belgique de Link&Co

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 158 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 11/12/2020
    • de SOBRY Rachel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Dans sa Déclaration de politique régionale, le Gouvernement wallon réserve un chapitre complet à la mobilité. Dans celui-ci, il entend trouver des alternatives à la voiture individuelle, notamment en renforçant l'ampleur des voitures partagées.

    À ce propos, dans le journal L'Écho du 18 novembre, un article présente la firme Lynk&Co. Celle-ci propose des voitures pour lesquelles les utilisateurs pourront souscrire un abonnement d'une durée minimale d'un mois et résiliable à tout moment pour coût mensuel de maximum 500 euros. Via cet abonnement, qui est en fait une sorte de leasing, ils deviennent l'utilisateur principal du véhicule.

    La particularité de Link&Co réside dans le fait que ces utilisateurs principaux peuvent partager leur à d'autres utilisateurs et membres du « club » Lynk&Co et ainsi faire baisser leur note mensuelle. Plus l'utilisateur principal sous-loue son véhicule à d'autres membres du « club », moins sa mensualité est élevée.

    Ce projet lancé en Chine en 2017 par la filiale du groupe Geely a, malgré le retard pris ces derniers mois, bien l'intention de se faire une place sur le marché européen. Aux Pays-Bas, un showroom de la marque a récemment ouvert alors que cela est prévu dans notre pays pour avril 2021.

    Détail technologique notable, ce sont les smartphones qui serviront de clés pour le véhicule, afin que le partage soit d'autant plus simple et que tout se passe via une application.

    Ce type de partage et d'optimalisation du temps d'utilisation des véhicules pourrait permettre de réduire le nombre de voitures sur nos routes. En effet, la firme a réalisé une étude qui montre qu'une voiture est, en moyenne, garée 96 % de temps. En plus de rentabiliser les véhicules, cette solution permettrait donc de réduire les coûts non négligeables liés à leur achat.

    Reste encore à convaincre les Wallons que le partage d'un véhicule est une solution qui mérite d'être exploitée. La firme est cependant optimiste au vu, notamment, de l'évolution qu'a pu connaître le partage de maisons/logements ces dernières années.

    Au vu de ces nombreuses informations, mes questions sont donc les suivantes :

    Monsieur le Ministre a-t-il eu vent de ce projet ? Si oui, quelle est sa position par rapport à celui-ci ?

    Pense-t-il que le projet de Lynk&Co pourra œuvrer au renforcement de l'ampleur des voitures partagées repris dans la DPR ?

    De manière plus générale, quelles sont, à l'heure actuelle, les pistes soutenues par le Gouvernement afin de trouver des alternatives concrètes à la voiture individuelle ?
  • Réponse du 18/01/2021
    • de HENRY Philippe
    Le projet de voiture partagée porté par Link&Co n’est pas un concept nouveau. La « start-up » wallonne Wibee qui a débuté en 2014 compte déjà un grand nombre d’utilisateurs un peu partout en Belgique. Les différences entre Wibee et Link&Co sont multiples, à commencer par le choix du véhicule (Wibee n’est pas lié à un modèle ou une marque) et des prix très inférieurs.

    Le concept proposé par Link&Co s’apparente à un leasing partagé. Le côté « partage » de véhicule est bien évidemment à encourager puisqu’il présente des avantages économiques, sociaux et environnementaux.

    Toutefois, je m’interroge sur les intentions qui se profilent derrière la communication du projet Link&Co qui propose un modèle SUV unique, luxueux, lourd, surpuissant et cher dans un emballage branché et durable. En effet, les voitures Link&Co pèsent plus de 2 tonnes, pour un coût mensuel de 500 euros (hors carburant et frais de parking), ou 36 000 euros si l’on souhaite l’acheter directement, avec des émissions de CO2 annoncées (dans des circonstances optimales) de 150 g/km. On est donc loin de ce qu’on pourrait définir comme un véhicule durable.

    Le coût me laisse également perplexe. Peut-on s’attendre à ce que les personnes qui pourront débourser 500 euros/mois pour une location de voiture auront le besoin ou l’envie de la partager ? Wibee coûte entre 20 et 200 euros à l’emprunteur selon son utilisation (de 50 à 500 km). À titre de comparaison, et même si le concept n’est pas tout à fait le même, un ordre de grandeur pour le prix d’un abonnement Cambio est situé entre 50 et 150 euros mensuels, en fonction de l’usage, carburant et place de parking dédiée compris.

    D’autres constructeurs automobiles s’engagent sur la voie de l’autopartage. Citroën propose sa petite citadine électrique sans permis à l’achat ou en autopartage à partir de 10 euros par mois en France et arrivera bientôt en Belgique. On peut donc s’attendre à voir ce type d’offre commerciale fleurir dans les années à venir.

    Indépendamment du positionnement commercial de ces constructeurs, plusieurs choses sont à envisager pour favoriser l’autopartage :
    - l'utilisation de services d’autopartage par les administrations publiques est une solution simple et gagnant-gagnant qui permet d'assurer la viabilité des projets de véhicules partagés en phase de lancement. L’administration communale garantit un revenu minimum à l'opérateur tout en diminuant son parc automobile pour son administration. Les flottes publiques peuvent également être partagées, c’est ce qu’a fait le CPAS de Héron en janvier 2020 en partageant deux de ses véhicules avec la population ;
    - la mise à disposition aux opérateurs de places de stationnement bien situées est également une solution importante ainsi que des bornes de rechargement électriques disponibles pour les sociétés de véhicules partagés électriques ;
    - la mise en place d’une politique volontariste dans la gestion et la réduction du nombre de places de stationnement de longue durée en centre-ville ;
    - la création d’obligations urbanistiques favorisant l’installation de station de véhicules partagés lors de la construction de nouveaux quartiers ou d’immeubles importants.

    Beaucoup de leviers d’action pour favoriser l’autopartage sont au niveau des pouvoirs locaux. Il faut donc les informer, les sensibiliser et les épauler afin que le partage de véhicules devienne un réflexe primaire. C’est une des actions qui est menée par l’ASBL Taxistop depuis quelques années et qui continuera dans les années à venir grâce au soutien de la Wallonie.