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Les métiers en pénurie de main d'oeuvre en Région wallonne.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 58 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 18/04/2006
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur


    Selon le président des bouchers liégeois, il ne reste plus que 950 bouchers en Wallonie actuellement. Les repreneurs de boucheries sont rares. La reprise se fait parfois attendre pendant des années.

    Ce n'est pas uniquement dû aux habitudes des consommateurs effrayés par les crises successives de la viande de porc ou de poulet. C'est aussi un manque d'intérêt pour les métiers de boucher, charcutier et traiteur. Ou plutôt, une question d'image de la profession soumise à des normes sévères.

    Je suppose que l'exemple n'est pas unique. Le « hit parade » des métiers pour lesquels ont ne trouve plus de candidats est plus long. Puis-je demander à Monsieur le Ministre de nous communiquer la liste des professions pour lesquelles il est difficile de trouver des candidats correspondant au profil souhaité ?

    Quelle est la politique que Monsieur le Ministre met en œuvre pour remédier à ce phénomène ? Phénomène qui n'est que difficilement compréhensible vu le nombre de personnes inscrites comme demandeurs d'emploi.

    Ces demandeurs d'emplois doivent, lorsqu'ils s'inscrivent au Forem, mentionner ce qu'ils cherchent comme travail, et ce, en fonction de leur expérience professionnelle et/ou de leur qualification. A l'inverse, il est donc possible d'identifier les profils professionnels des demandeurs d'emploi pour lesquels il est difficile de trouver un emploi. Monsieur le Ministre peut-il nous donner la liste des professions pour lesquelles il y a un manque de perspectives à l'emploi ?
  • Réponse du 10/05/2006
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Je prie l'honorable Membre de bien vouloir trouver ci-dessous, les éléments de réponse à sa question concernant les professions en pénurie de main d'œuvre en Région wallonne.

    Concernant la liste des principales fonctions critiques et les professions pour lesquelles il y a un manque de perspectives à l'emploi, que l'honorable Membre me permette de le renvoyer à ma réponse à sa question écrite précédente, portant sur « les professions en pénurie en Région wallonne » (question écrite n° 55 du 13 avril 2005), et à laquelle était notamment annexée, en lien avec la procédure simplifiée qui se met en place pour l'octroi de permis de travail B pour l'occupation de travailleurs émanant des huit nouveaux états membres de l'Union Européenne, la liste des principales fonctions critiques répertoriées en Région wallonne.

    En ce qui concerne la politique mise en œuvre par le Gouvernement wallon pour remédier à la problématique des fonctions critiques, que l'honorable Membre me permette, tout d'abord, de rappeler en préambule que, dans le cadre du Plan Marshall, ce ne sont pas moins de 75.000.000 euros en 4 ans que le Gouvernement wallon a décidé d'affecter à l'axe 5.1. « Répondre aux métiers en pénurie » dont 7.500.800 euros seront investis dès cette année, soit une somme considérable qui, j'en suis persuadé, va nous permettre de faire réellement évoluer la situation.

    Si je parle de problématique, c'est à dessein puisque, d'une manière générale, ce à quoi nous nous attaquons, ce ne sont pas seulement les pénuries au sens strict du terme, mais bien les « fonctions critiques », les « tensions » du marché de l'emploi, les « difficultés de recrutement », autant de termes qui sont finalement l'expression d'un même constat : des offres d'emploi ne trouvent pas preneurs alors que, par ailleurs, plus de 260.000 demandeurs d'emploi restent sur le carreau.

    Et, comme à l'honorable Membre, ce constat m'est bien entendu insupportable car, de mon double point de vue de Ministre de l'Economie et de l'Emploi, c'est un terrible gâchis qui est socialement et économiquement inacceptable. Pour les femmes et les hommes qui n'ont pas d'emploi alors même que celui-ci est à leur porte, mais aussi pour les entreprises qui sont ralenties dans leur développement par manque de main d'œuvre.

    C'est pourquoi la Ministre Arena et moi-même avons décidé d'allouer un tel budget, pour rappel 75.000.000 euros, dans le cadre des « Actions prioritaires pour l'Avenir Wallon » et demandé au Forem de mettre en œuvre un « service intégré de lutte contre les fonctions critiques et les pénuries de travailleurs » qui doit non seulement permettre de mieux comprendre cette problématique, mais aussi et surtout lui indiquer la voie à suivre en termes d'actions concrètes à mettre en œuvre pour y remédier.

    Ce dispositif, lancé de manière expérimentale depuis janvier 2006 et qui constituera un axe fort du nouveau contrat de gestion de l'Office, se décline selon quatre axes principaux :

    1- l'identification et l'anticipation systématique des métiers en pénurie (analyse approfondie de 10 métiers/an/4 ans). A ce jour, les métiers suivant ont déjà été étudiés et ont fait l'objet d'une publication, notamment dans les journaux du groupe « Sud Presse » : techniciens MDA, bouchers, comptables et fraiseurs. Suivront durant les prochains mois, les maçons, secrétaires de direction, couvreurs auxiliaires de soins, électriciens et soudeurs, soit dix métiers en 2006. Ensuite, dix autres seront étudiés chaque année jusqu'en 2009 ;
    2- la traduction de cette identification en actions concrètes dans chaque direction régionale de l'Office via des plans d'actions emploi/formation semestriels qui apporteront des réponses concrètes à des besoins locaux à court terme ;
    3- le développement et la mise en œuvre de formations spécifiques. L'objectif du Plan Marshall étant de 17.000 formations additionnelles entre 2006 et 2009. Ainsi, 2.000 contrats supplémentaires de formation sont prévus pour 2006. Et je peux déjà vous dire, concernant les premiers métiers étudiés, que des actions, notamment de sensibilisations des acteurs (demandeurs d'emploi bien sûr, mais aussi fonds sectoriels, secteurs et entreprises) et de formation ont été mises en place ;
    4- l'accentuation de l'accompagnement des DE issus des formations et la création d'une relation plus étroite avec les entreprises qui recherchent des compétences.

    Outre ce dispositif, et sachant qu'en effet tous les problèmes de pénuries ne se résoudront pas par de la formation étant donné la multiplicité des causes : structurelles, conjoncturelles, liées à la pénibilité du travail, aux horaires, à l'image de certains métiers, etc., et sachant aussi que nous ne disposions pas d'une information fiable et complète permettant de prendre des mesures adaptées à chaque secteur et a fortiori, à chaque métier, Marie Arena et moi-même avons organisé, sous l'égide du Dulbea, une démarche d'objectivation de l'ensemble de la problématique sous la forme de 9 tables rondes consacrées aux principaux secteurs concernés et pourvoyeurs de main d'œuvre. Etaient concernés les secteurs suivant : construction et électricité, sciences du vivant, fabrication métallique et industrie technologique, non-marchand, transport et logistique, bois, garages, Horeca et Industrie alimentaire.

    Autour de chacune de ces tables, étaient réunis les principaux acteurs que sont les partenaires sociaux, des employeurs, des travailleurs, des conseillers du Forem, de l'Intérim, le monde de l'enseignement, etc. afin de faire le point, secteur par secteur, sur les principaux métiers concernés, mais aussi afin d'envisager ensemble des pistes de solutions en termes d'actions concrètes à mener.

    Quant aux principaux éléments qui sont ressortis de ces rencontres, ils ont été présentés, fin mars, à l'occasion d'un colloque conclusif et ont fait l'objet d'un rapport et d'une synthèse que j'invite l'honorable Membre à télécharger sur mon site Internet : http://marcourt.wallonie.be.

    Parmi les principaux constats issus de ces tables et figurant dans le rapport du Dulbea, relevons, à titre d'exemple, une série de raisons qui tendent à expliquer pourquoi, alors que notre région ne manque pas, potentiellement, de travailleurs, la relation entre l'offre et la demande d'emploi ne s'opère, quant à elle, pas toujours sans mal :

    - l'image de certains métiers ou la manière dont les conditions de travail sont perçues. Cela s'observe particulièrement dans le cas des métiers techniques qui sont considérés, parfois à raison et souvent à tort comme « lourds » ou « salissants ». Mais ce déficit d'image touche aussi d'autres métiers, ceux du non-marchand, par exemple ;
    - les exigences des entreprises en termes d'expérience, de compétences particulières, mais aussi d'âge des travailleurs qu'elles engagent ;
    - la méconnaissance de l'aide que peuvent apporter les pouvoirs publics, et en particulier le service public de l'emploi, au travers de ses conseillers en matière de recrutement, de la mise à disposition de canaux de diffusion des offres d'emploi, de sa capacité à réussir une intermédiation de qualité entre offre et demande - une mission fondamentale qui sera encore accentuée à travers son futur contrat de gestion ;
    - le manque de gestion prévisionnelle des ressources humaines ;
    - certains déficits en matière d'enseignement ou de formation ;
    - les « pièges à l'emploi », etc.

    Bien entendu, ces éléments sont dès à présent intégrés dans les actions que mène le Forem en cette matière et seront aussi intégrés dans les développements en cours dans l'enseignement ou encore, nous le souhaitons, feront l'objet d'actions de remédiation par les secteurs et entreprises qui sont confrontés à la problématique.

    Enfin, outre ce dispositif intégré mis en place par le Forem à notre demande, je soutiens bien entendu d'autres initiatives en cours de développement et qui doivent également apporter des réponses aux constats posés par le Dulbea.

    Il en est ainsi du développement d'une plate forme d'Information sur le Marché du travail (IMT) sur laquelle planchent aujourd'hui tant le Forem que ses homologues bruxellois et la Communauté française, et qui devrait, dès l'an prochain, permettre de centraliser, mais surtout de décupler, l'information disponible en matière d'emploi, de formation, d'enseignement et permettre ainsi une meilleure orientation des demandeurs d'emploi.

    Il en est ainsi également des différents projets visant une plus grande ouverture de certains secteurs et/ou métiers aux femmes, comme dans la construction par exemple, ou encore du soutien que nous apportons à des initiatives telles que les « journées découverte entreprise » ou des aides à l'emploi que nous continuons à soutenir.

    Enfin, nous n'avons de cesse de faire collaborer tous les acteurs qui peuvent apporter leur soutien à une politique dynamique de l'emploi, notamment à la résolution du problème des pénuries et nous avons prévu, à cet égard, d'en faire un axe à part entière des conventions cadres « Région wallonne - Communauté française - Fonds » que nous soumettrons à la signature des principaux fonds sectoriels dans les prochaines semaines.