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La plus-value économique des drones

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 187 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 11/01/2021
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'utilisation du drone a été remise en lumière par de récents faits d'actualité pour des mauvaises raisons. Si des questions relatives au respect de la vie privée se posent de manière légitime, le drone a incontestablement une plus-value économique. En effet, le drone est de plus en plus utilisé dans les domaines de l'architecture, de l'agriculture ou de la photographie par exemple.

    Actuellement, il me semble que la Wallonie n'exploite pas suffisamment ce potentiel économique supplémentaire. Une étude d'Agoria et de PwC indiquait en 2018 que le secteur du drone pourrait créer 1 000 emplois par an et générer un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros par an jusqu'en 2020. Toutefois, cette étude indiquait que 85 % de ce développement économique allait revenir à la Flandre.

    La Wallonie a du potentiel, je n'en doute pas. La SOGEPA a également réalisé une étude sur le potentiel économique du drone notamment en termes de création d'activité et d'emplois. Cette étude a pour objectif d'identifier des actions à mener afin de permettre aux entreprises wallonnes de permettre à ce secteur de grandir davantage.

    Monsieur le Ministre considère-t-il le secteur du drone comme étant émergeant ? Juge-t-il que la Wallonie est en retard par rapport à la Flandre comme l'ont souligné PWC et Agoria ? Quels sont les enseignements qu'il tire de l'étude de la SOGEPA qui lui permettent de définir les moyens à mettre en œuvre afin que la Wallonie puisse capter un maximum d'opportunités et de retombées ?
  • Réponse du 29/01/2021
    • de BORSUS Willy
    Le domaine des drones est encore une activité émergente qui se caractérise au niveau mondial par de nombreuses fusions et acquisitions. Du point de vue matériel et logiciel, ce sont assez clairement de gros acteurs asiatiques et américains qui dominent en termes de ventes.

    La grande majorité des entreprises européennes, belges et wallonnes sont de plus petites structures qui apportent des solutions de services dans le domaine de la prise de vue, du traitement de l’image ou de l’analyse de données diverses. Rappelons en effet que les acteurs sont unanimes pour reconnaître que la valeur du drone repose beaucoup plus sur les données qu’il génère et le matériel qu’il embarque que sur l’appareil volant proprement dit. Outre l’aspect militaire - qui est du reste la vocation originelle des drones - la création de valeur dans ce domaine vient du croisement technologique (intelligence artificielle, big data, cybersécurité, photogrammétrie). Divers projets ont déjà lieu en Wallonie via le pôle Skywin qui a lancé des projets visant à adapter nos compétences spatiales au drone, via Idelux, partenaire du projet GRone (Interreg Grande Région) ou encore via ID2Move, l’incubateur de Cap Innove de Nivelles dédié aux engins autonomes qui permet du reste aux entreprises de tester leur matériel en conditions réelles.

    Pour ce qui est des utilisateurs des appareils, la plupart des télépilotes exercent leur activité comme indépendants même si certaines grandes entreprises et administrations ont leurs propres ressources en interne. Ces télépilotes sont essentiellement une poignée de passionnés qui, après l’obtention d’une licence particulièrement exigeante en Belgique ont de grandes difficultés à travailler du fait des très fortes restrictions de vol, en particulier aux abords d’espaces sécurisés tels que des zones militaires et des aéroports. De manière générale, beaucoup de formalités sont à accomplir avant chaque vol. Les appareils servent souvent pour des prises de vues ou pour réaliser des travaux de photogrammétrie pour numériser les bâtiments ou encore l’inspection des infrastructures industrielles et ferroviaires. Dans le domaine de l’agriculture, un des principaux acteurs qui est le français Airinov (filiale de Parrot) a cessé ces activités courant 2019 du fait du manque de maturité du marché de l’agriculture de précision, des contraintes d’altitude de vol, des aléas de la météo et de la concurrence des images satellites. Cela est symptomatique d’un marché qui se met en place. Globalement le drone permet de réduire les coûts, d’effectuer des tâches dangereuses ou pénibles à la place de l’humain.

    Pour l’heure, comme en attestent les contraintes administratives considérables, une des grandes préoccupations des autorités et de la population est la sécurisation des appareils. La panique générée par l’envahissement de l’aéroport de Gatwick fin 2018 et de Dubaï début 2019 n’ont pas été pour rassurer la population. Avant ces événements, l’identification et la neutralisation d’appareils utilisés à des fins malveillantes étaient déjà une préoccupation majeure de divers pays dont l’Allemagne et les Pays-Bas.

    Cela demande ainsi une adéquation entre ces technologies, les institutions et les usages de terrain. Il faut ainsi que chaque télépilote sache avec certitude ce qu’il est en droit de faire, quand il peut le faire et où exactement. De ce point de vue, l’entreprise flamande Unifly, composée d’anciens membres de contrôleurs aériens de chez Belgocontrol est en mesure de proposer en temps réel les zones dont le survol par drone est interdit.

    Pour qu’un usage diffus du drone soit possible, il faudra aussi une avancée du droit sur le statut juridique (il y a un débat autour de la notion de « personnalité juridique » des drones, le terme est donc correct. Pour des raisons de compréhension, j’ai préféré utiliser le terme « statut juridique ») des drones, ce qui permettra également d’y voir plus clair pour les compagnies d’assurance.

    Une première étape sera la clarification apportée par la législation européenne uniformisée pour chaque pays qui permettra d’y voir plus clair sur les possibilités en termes d’altitude et de type de vol. Cela sera à n’en point douter une avancée importante.