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La politique spatiale de la Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 188 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 11/01/2021
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Wallonie développe un certain savoir-faire dans la politique spatiale mondiale. En effet, l'Université de Liège dispose d'un centre spatial qui mène des recherches dans la technologie spatiale de demain et l'Euro Space Center de Redu est reconnu pour ses vertus éducatives à destination du grand public.

    Le secteur industriel spatial est en pleine croissance et l'Europe, dans sa globalité, doit mettre des moyens à disposition afin d'augmenter les capacités d'essais disponibles pour les principaux acteurs industriels et pour l'ESA qui coordonne le tout.

    Le 19 novembre dernier, le Gouvernement a accordé une subvention de 7,4 millions au centre spatial de l'ULiège (CSL), dans le cadre du projet « Focal 7 » permettant au CSL d'entreprendre des projets d'agrandissement de leurs installations. Il s'agit, d'une part, de la création d'une nouvelle cuve à vide, et, d'autre part, d'une extension des salles blanches afin de réorganiser les activités d'essais dans les cuves à vide.

    Comme pour le secteur de l'aéronautique, je pense que le secteur de l'aérospatial doit intégrer de nouvelles composantes correspondant aux objectifs affichés de ces dernières années. À l'instar du partenariat d'innovation technologique pour l'aéronautique, il serait utile d'intégrer des objectifs environnementaux afin que la Wallonie puisse avoir un rôle à jouer dans la fusée verte de demain.

    Monsieur le Ministre juge-t-il utile de mettre des objectifs supplémentaires dans la recherche spatiale ? Dans la positive, lesquels ? En quoi le subside de 7,4 millions reversé au CSL va-t-il contribuer à ces objectifs spatiaux du futur ?
  • Réponse du 29/01/2021
    • de BORSUS Willy
    Depuis plus de 50 ans, le Centre spatial de Liège (CSL), situé au sein de l'Université de Liège, a acquis une expérience internationalement reconnue dans la calibration et la caractérisation d'instruments optiques en condition de vide thermique et reste une référence mondiale dans ce domaine.

    Les tests de calibration en environnement de vide thermique étant très souvent une des dernières étapes dans un projet spatial, le rôle industriel du CSL est important.

    Dans ce contexte, le centre liégeois développe actuellement un vaste projet d'agrandissement de ses installations, s'articulant autour d'une extension des salles blanches afin de réorganiser les activités d'essais dans les cuves à vide et d'une nouvelle cuve à vide de grande taille (7 mètres de diamètre), pour répondre aux besoins des futures missions.

    Cette dernière, financée par la Région fin 2020 pour un montant de 7,4 millions d’euros, permettra de simuler l'environnement spatial pour tester, par exemple, des satellites.

    Or, nombre de satellites contribuent à la bonne gestion de notre planète et de l’environnement. En effet, depuis l’espace, les observations réalisées par les satellites représentent une source précieuse d’informations globales pour comprendre, atténuer et s’adapter aux changements climatiques. Ces satellites d’observation de la terre fournissent en outre aux chercheurs des données dynamiques indispensables à l’alimentation des modèles scientifiques d’évolution du climat.

    Le secteur spatial fournit en effet de plus en plus de données d’observation de la terre, presque en temps réel, obtenues via des instruments embarqués qui scrutent tous les aspects liés aux pollutions, à la déforestation, au réchauffement climatique, à la gestion optimale des cultures… Les satellites européens SENTINEL de la constellation COPERNICUS sont à la pointe mondiale en ce domaine.

    Il me semble important également de relativiser l’impact écologique des lancements. Selon le Ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, l’impact d’un lancement comme Ariane 5 ou Soyouz sur l’environnement serait très limité : la pollution en équivalent CO2 de 5 lancements est en effet équivalente à un aller-retour Paris-Cayenne en Boeing 747. Toute proportion gardée en comparaison au trafic aérien qui générait 3 % des émissions de CO2 mondiales, et justifie donc de réaliser des efforts considérables pour diminuer ce pourcentage en développant une aviation décarbonée à l’horizon 2035, la situation est bien différente pour les lanceurs, où l’impact de quelques tirs par an reste finalement assez marginal.

    Toutefois, dans la mesure où on assiste à un essor de l’industrie spatiale, ses effets sur l’environnement font l’objet d’une surveillance permanente. En outre, des réflexions sont en cours sur la conception sur les futurs engins spatiaux pour inciter la communauté spatiale à utiliser les technologies les plus respectueuses de l’environnement (carburant moins polluant, satellites qui se désintègrent complètement lors de leur entrée dans l’atmosphère en fin de vie …).

    Les deux carburants historiques sont l’hydrogène (produisant de l’eau lors de la combustion - cas du moteur principal d’Ariane 6) et des ergols liquides tels que les kérosènes modifiés, qui sont en effet plus polluants (Soyouz ou Falcon9 de SpaceX). En remplacement, la NASA s’oriente de plus en plus vers le CH4 (méthane), moins polluant. De son côté, l’ESA pousse de plus en plus les acteurs industriels à développer des carburants verts, tant pour la production des lanceurs que des satellites. L’utilisation grandissante de xénon dans des moteurs électriques à plasma, en remplacement des moteurs chimiques traditionnels, constitue un excellent exemple.

    Un autre levier pour diminuer la pollution des lanceurs est le développement des fusées en partie réutilisables.

    Dans le contexte global, lié notamment à l’avènement du « new space », le droit spatial est en pleine évolution. De plus en plus souvent, un cadre de travail est donné aux opérateurs spatiaux et exige de leur part une surveillance de l’ensemble des impacts environnementaux lors des opérations spatiales, tant sur terre que dans l’espace.

    La position belge sur ces différents sujets est défendue par BELSPO et mon collègue en charge de la politique scientifique fédérale, Mr le Secrétaire d’État Thomas Dermine. Il est évident que la Belgique ne peut agir seule pour soutenir les objectifs environnementaux auxquels l’honorable membre fait référence.

    Au niveau wallon, il me semble cependant important de rappeler que le développement durable fait partie intégrante des critères d’évaluation de tout projet de recherche par mon Administration, au même titre que son caractère innovant ou les perspectives de valorisation en Région wallonne par exemple.

    Des sociétés wallonnes comme Thales Alenia Space Belgium à Charleroi, qui développe des composants électroniques essentiels au fonctionnement de ces nouveaux moteurs électriques, ou comme Safran Aero Boosters, notre principal acteur sur la motorisation des lanceurs (spécialisé dans les vannes pour motorisation), pourront donc, par leurs développements en la matière, contribuer à encore améliorer l’impact de l’industrie spatiale sur l’environnement.

    En outre, comme déjà évoqué, de plus en plus de services utilisant les données spatiales sont développés dans le monde, et en particulier en Wallonie, et nos administrations sont de plus en plus utilisatrices de ces services en vue d’améliorer le suivi des objectifs en matière environnementale, de développement urbain … Toutes ces données peuvent aussi être source d’activités privées et aider des secteurs entiers à atteindre des objectifs environnementaux.

    La Wallonie s’inscrit donc pleinement dans cette dynamique, notamment via des sociétés dynamiques comme Aerospacelab, Spacebel, Agroptimize, et le centre spécialisé en tests comme le CSL, qui bénéficient du soutien de la Région wallonne, notamment via des projets mis en œuvre dans le cadre du Pôle de Compétitivité SKYWIN.