à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
En Europe, 34 000 d'éoliennes d'ancienne génération seront à démonter dans les cinq à dix prochaines années.
Si j'en crois un article de presse, paru ce lundi 11 janvier 2021 dans le quotidien L'Avenir, d'ici un an et demi, huit éoliennes situées à Perwez vont être démontées pour être remplacées par des turbines plus modernes, plus puissantes. En juin dernier, ce sont six éoliennes qui étaient remplacées dans la Province de Luxembourg pour y être remplacées par quatre nouvelles. Deux autres projets sont également à l'étude à Bütgenbach et à Gembloux.
Madame la Ministre dispose-t-elle du nombre total d'éoliennes qui seront démontées en Wallonie ?
Qu'advient-il des éoliennes démontées et de l'ensemble de ses composantes ?
L'ensemble des éléments peuvent-ils être recyclés ?
Réponse du 05/02/2021
de TELLIER Céline
En 2020, le nombre d’éoliennes installées sur le territoire wallon était de 458, dont environ une soixantaine ont été mises en service avant 2005. On s’attend dès lors à une augmentation des flux de matières à traiter provenant des anciennes éoliennes, surtout à partir de 2025.
Les obligations de déconstruction sélective des éoliennes, de recyclage des matériaux collectés et de remise en état des sites figurent dans les conditions particulières des permis uniques octroyés aux exploitants.
En fin d’exploitation, ceux-ci sont notamment tenus de procéder au démantèlement des éoliennes et des fondations jusqu'à une profondeur permettant par exemple la reprise des pratiques agricoles. Le coût de ce démantèlement est à la charge de l'exploitant qui est tenu de constituer une sûreté financière, préalablement à la mise en œuvre du permis.
Une éolienne est principalement composée de cuivre, fer, acier, aluminium, plastique, zinc, fibre de verre et de béton pour les fondations. Un rapport récent de l’ADEME (Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) démontre que 90 à 95 % du poids d’une éolienne est recyclable.
En Wallonie, l’acier et les métaux sont totalement recyclés par l’industrie des métaux ferreux et non ferreux pour produire de nouveaux produits, les composés électriques et électroniques rejoignent les filières de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques et les bétons des fondations et des mats sont concassés pour servir notamment de fondations routières ou pour produire d’autres bétons.
Des solutions ponctuelles existent également pour récupérer et réutiliser les terres rares, même si leur recyclage coûte, pour l'instant, plus cher que la production de composés électriques et électroniques fabriqués au départ de ressources naturelles.
Le principal flux de déchets qui est encore difficilement recyclable a trait aux matières composites (plastiques et fibres de verre surtout) qui composent essentiellement les pales. Elles représentent 5 à 10 % de la masse d’une éolienne, mais avec un volume beaucoup plus important compte tenu de la différence de densité, ce qui implique un encombrement élevé en cas de mise en centres d’enfouissement technique.
Les pales démontées et certaines autres pièces (comme des boîtes de vitesse p. ex.) ont encore une durée de vie de quelques années et sont revendues sur le marché de l’occasion en Afrique ou en Europe de l’est notamment. Mais ce marché de l’occasion reste fort limité et il ne sera plus accessible pour les éoliennes en fin de vie quand leur démantèlement massif devra commencer à partir de 2025.
Compte tenu de la limitation des filières de réutilisation et pour éviter de recourir à l’élimination en centres d’enfouissement techniques ou à la valorisation énergétique, les pales usagées peuvent être broyées et utilisées comme combustible de substitution dans les cimenteries, les cendres produites étant réutilisées pour fabriquer du ciment.
Un certain nombre d’acteurs wallons, réunis autour du Centre de recherche Terre et Pierre collaborent depuis quelques mois à un projet appelé « Recypale ». Ce projet unique en Wallonie a pour objectif de développer des procédés permettant de séparer les différents matériaux constitutifs des pales et de trouver des filières pour les fibres polymères, notamment via une incorporation dans des matériaux de construction.
Dans le cadre de ce projet, une première pale a été démontée et des essais de sciage et de broyage ont été réalisés afin de valider les meilleures options technico-économiques sur site. Les premières étapes de traitement et de purification des fibres ont également commencé, ainsi que des essais d’incorporation dans des phases cimentaires.
L’objectif de la Wallonie est donc bien de viser un recyclage à 100 % des éoliennes à brève échéance.