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L'intégration du "Building information modeling" (BIM) dans le secteur de la construction

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 207 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/01/2021
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le secteur de la construction tourne actuellement au ralenti en raison des règles sanitaires qui ajoutent des contraintes supplémentaires à des entreprises qui sont de plus en plus confrontées à des difficultés de timing, de qualité et budgétaires.

    Il arrive malheureusement que des travaux de construction ne se déroulent pas comme prévu en raison d'un processus trop fragmenté ou à des problèmes de communication. Le BIM permet de résoudre ces difficultés de manière personnalisable en proposant une meilleure organisation du processus de construction et une collaboration basée sur l'utilisation de maquettes numériques échangeables entre partenaires. Ainsi, il est plus simple de calculer la quantité de matériel requis, d'anticiper des erreurs ou de peaufiner les maquettes.

    Il me semble dès lors primordial d'accompagner au mieux nos entreprises spécialisées dans la construction dans une version 2.0. Face aux difficultés que nous constatons, le BIM permettra peut-être de contribuer à un nouvel essor.

    Monsieur le Ministre juge-t-il que le BIM contribuera à un secteur de la construction plus sûr ?

    Si l'acquisition d'un tel outil est importante, il est essentiel de pouvoir le maîtriser, la Wallonie met-elle en place via l'IFAPME des formations en ce sens ?

    Des synergies existent-elles avec sa collègue en charge de l'Emploi ?
  • Réponse du 12/02/2021
    • de BORSUS Willy
    Les entreprises de construction subissent de plus en plus de contraintes dans la réalisation de leurs projets : les délais d’exécution sont de plus en plus courts, la qualité doit être améliorée en permanence et les budgets sont bien souvent restreints. Il arrive en outre que les travaux ne se déroulent pas comme prévu. Ceci est généralement dû à un processus très fragmenté, à des problèmes de communication entre intervenants et à un degré de technicité croissant. Cette problématique peut en effet être résolue grâce au BIM. Celui-ci permet une meilleure organisation du processus de construction et une collaboration basée sur l’utilisation de maquettes numériques qui peuvent être échangées entre les partenaires.

    D’un point de vue technique, le BIM, ou « Building Information Modelling » ou encore « Building Information Model » s’articule autour d’une maquette numérique qui est la représentation virtuelle d’un ouvrage. Elle intègre des vues géométriques ainsi que diverses informations techniques et commerciales. Elle est constituée d’objets (fenêtres, toiture, murs) interreliés.

    Mais de plus en plus souvent, l’acronyme BIM renvoie au « Building Information Management », autrement dit à la gestion et à l’échange d’informations entre acteurs du secteur de la construction au sens large.

    Ainsi, le BIM est bien plus qu’un outil de réalisation de maquettes de bâtiments 3D dans le but de produire des plans ou de calculer des quantités de matériaux nécessaires. Il s’agit en effet d’une méthode qui permet d’échanger des données entre les différentes parties impliquées dans un projet de construction. Cet échange se fait en organisant le processus de façon structurée, mais aussi en réalisant et en partageant des maquettes numériques entre partenaires. Celles-ci pourront être utilisées pour extraire diverses informations. L’ensemble permettra de concevoir le projet, mais aussi de préparer l’exécution, qui peut se faire de façon virtuelle, avant d’entamer la phase d’exécution réelle. Il offre donc l’opportunité d’anticiper les erreurs et d’y remédier directement sur ordinateur et non plus sur chantier.

    Par conséquent, le BIM n’est pas un objectif en soi, mais une méthode de travail collaborative et efficace nécessitant l’engagement de tous les acteurs. Le BIM apporte des avantages pour chacun des intervenants du projet et lors de toutes les phases du projet (programmation, conception, exécution et exploitation).

    Une collaboration transparente et coordonnée est, pour chaque partenaire, synonyme d’efficacité accrue. Cela amène notamment des gains de temps et de qualité, une meilleure maîtrise des risques, et une meilleure efficacité quant à la gestion des coûts et de l’entretien.

    - le BIM permet à l’architecte, aux bureaux de conseil et d’ingénieurs (ci-après regroupés sous le terme de « l’équipe de conception ») d’obtenir des informations cohérentes entre elles (notamment de par le fait que les plans, coupes, bordereaux d’éléments, etc. …proviennent d’une même source : le modèle BIM). Il permet également de détecter à un stade précoce, des erreurs et des conflits géométriques (clash detection) et de produire des plans de qualité. Le modèle BIM permet par ailleurs de réaliser des contrôles et des simulations (par exemple quant au respect des normes de sécurité incendie ou au respect des exigences en matière de prestations énergétiques) et d’ainsi optimaliser la conception ;
    - une conception optimalisée permet à l’entrepreneur et aux sous-traitants de remettre un prix plus précis, de mieux maîtriser le délai d’exécution et de limiter le nombre de problèmes sur chantier. En utilisant le modèle BIM, l’entrepreneur peut travailler au départ d’une information cohérente et à jour. Toute modification introduite par un intervenant du projet dans le modèle BIM est immédiatement visible. L’impact de cette modification sur d’autres éléments du modèle BIM (représentant des parties de l’ouvrage) peut être immédiatement évalué ;
    - le BIM donne au maître d’ouvrage la possibilité d’avoir un aperçu global du projet de construction tant au niveau de la géométrie du projet que concernant les informations qui y sont liées, ce qui lui permet de mieux gérer le programme des exigences et le budget. Il peut se concentrer sur l’optimalisation du coût d’exploitation et du coût total sur l’ensemble du cycle de vie du projet. Après la réception, le modèle as-built sert de base pour l’entretien et la gestion du bâtiment.

    En conséquence, le BIM est l’un des éléments clés du Programme Construction 4.0, mené dans le cadre de la stratégie Digital Wallonia depuis décembre 2015 par l’Agence du Numérique et tous les représentants du secteur (Confédération construction wallonne et ses chambres locales, CSTC, Union wallonne des architectes, diverses fédérations professionnelles, et cetera).

    Diverses initiatives ont été mises en place, telles que des événements de sensibilisation ou des ateliers d’accompagnement à la mise en œuvre du BIM. En outre, le CSTC a mis en ligne le BIM Portal, une plateforme qui reprend toute l’information relative au BIM sous une forme conviviale, mais aussi des formations de type e-learning.

    En dépit de ces efforts, force est de constater que le taux d’adoption du BIM reste faible parmi les entreprises wallonnes, en particulier au sein des PME et TPE. Pour remédier à cette situation, une version d’un « BIM as a Service », accessible en ligne et très conviviale, est actuellement en cours de développement au CSTC. Il s’agit donc de permettre aux petites structures du secteur d’utiliser le BIM à moindre coût et en réduisant les contraintes et complexités techniques qui le mettent parfois hors de leur portée.

    Venons-en à l’aspect formation et emploi et à l’IFAPME.

    Un objectif stratégique de l’IFAPME est de se positionner dans une logique partenariale avec les acteurs sectoriels. Le partenariat avec le secteur de la construction contribue à renforcer le réseau dans le champ de la formation professionnelle en développant une nouvelle offre de formation en alternance.

    Grâce à ce partenariat, l’IFAPME a développé depuis quelques années une nouvelle offre de formation qui prend en considération les besoins du secteur de la construction tant sur les compétences liées au numérique que sur les compétences liées plus spécifiquement au BIM.

    C’est ainsi que depuis la rentrée académique 2018-2019, l’IFAPME organise la formation « BIM coordinateur » dans trois centres du réseau : Braine-Le-Comte, Les Isnes et Liège. Cette formation de deux années a été créée en collaboration avec la Confédération construction wallonne (CCW) et le CSTC (Centre scientifique et technique de la construction). Elle permet la délivrance d’un titre de coordination et d’encadrement « BIM Coordinateur ».

    Dès l’année prochaine, un module de sensibilisation « BIM, outils numériques & gestion de chantiers » sera intégré dans tous les parcours de formation-chef d’entreprise du secteur de la construction (Maçon, couvreur, chauffagiste …).

    Les centres de formation ConstruForm développent de manière complémentaire une offre de formation visant le développement de compétences numériques dans les métiers du secteur de la construction. Il s’agit de modules de formation à destination des professionnels du secteur.
    Ces modules de formation portent sur la maîtrise des enjeux du BIM, l’apprentissage et le perfectionnement aux différents logiciels et outils numériques utiles à la gestion de l’entreprise et du chantier.

    L’implémentation progressive des compétences numériques dans toute son offre de formation initiale et continue fait partie du plan d’actions prioritaires 2021 de l’IFAPME, dans le secteur de la construction, comme dans les autres secteurs.