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La prolifération des ragondins dans les cours d'eau wallons

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 194 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 08/02/2021
    • de COURARD Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Ces derniers temps, le ragondin a continué de proliférer au sein des cours d'eau wallons. Les experts sont unanimes, il s'agit d'une espèce invasive qui, chaque année, gagne un peu plus de terrain.

    Les raisons de cette prolifération sont accentuées par le fait que les ragondins n'ont pas de prédateur sur notre territoire et qu'en plus ils se reproduisent assez rapidement.

    Dès lors, le SPW agit par le biais de sa cellule piégeage. Les agents qui y travaillent peuvent fournir des pièges, mais en pratique, ils ne sont pas habilités à mettre à mort les animaux.

    Seuls les agents du DNF peuvent intervenir pour réduire cette prolifération. Cependant, le DNF est surchargé et bien souvent les interventions sont reportées ou annulées.

    Éradiquer cette espèce, c'est avant tout lutter contre une espèce envahissante. Le sujet peut prêter à sourire en cette période sanitaire particulière, néanmoins, il y a un impact important sur la biodiversité, mais aussi et surtout potentiellement sur l'homme. L'animal est un vecteur de maladies, notamment la leptospirose, qui provoque des lésions rénales et hépatiques qui peuvent provoquer la mort si ce n'est pas correctement soigné.

    La Région wallonne semble promettre un plan d'actions, lequel est encore flou à ce jour.

    Dès lors, Madame la Ministre est-elle en mesure d'apporter quelques précisions sur le sujet ? Que prévoit le plan de lutte ? Quand sera-t-il mis en œuvre ?
  • Réponse du 26/03/2021
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le souligne, la présence du ragondin peut poser différents problèmes comme des dégâts aux cultures, des impacts sur la biodiversité (principalement sur la végétation aquatique et les roselières), ainsi que la transmission aux animaux domestiques et à l’homme de divers agents pathogènes.

    Or, l’espèce est en forte expansion en Wallonie depuis 2013 et est surtout présente dans les bassins versants de la Sambre, du Viroin et de la Semois.

    Dès 2016, en application du Règlement européen (UE) 1143/2014, l’Europe a adopté une liste des 37 « espèces exotiques envahissantes préoccupantes » (l'apparition, sur de nouveaux sites, d'espèces exotiques, qu'il s'agisse d'animaux, de plantes, de champignons ou de micro-organismes, ne constitue pas toujours une source de préoccupation. Cependant, un sous-ensemble significatif des espèces exotiques peut devenir envahissant et avoir de graves effets néfastes sur la biodiversité et les services écosystémiques associés, ainsi que d'autres incidences sociales et économiques, qu'il y a lieu d'éviter. Quelque 12 000 espèces présentes dans l'environnement de l'Union et d'autres pays européens sont exotiques, et 10 à 15 % d'entre elles environ sont considérées comme envahissantes. (Règlement européen (UE) 1143/2014, §1)), parmi lesquelles figure le ragondin.

    L’espèce est donc reprise dans le projet d’arrêté ministériel que je suis en train de finaliser avec mon administration et qui fixe la liste, visée par le décret du 2 mai 2019, des espèces exotiques envahissantes non encore largement répandu en Wallonie.

    Ces dernières feront l’objet de mesures de lutte prioritaires destinées à contrôler fortement leurs populations. Le contrôle des populations d’espèces exotiques envahissantes est en effet beaucoup plus efficace et moins coûteux dès lors qu’il est exercé quand ces populations ne sont pas encore largement répandues.

    Ce contrôle est donc non seulement nécessaire, mais également prioritaire, comme le souligne le Règlement européen (UE) 1143/2014 :

    « Les menaces que les espèces exotiques envahissantes font peser sur la biodiversité et les services écosystémiques associés prennent différentes formes, en ce compris de graves incidences sur les espèces indigènes et sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes par une modification des habitats, la prédation, la concurrence entre les espèces, la transmission de pathologies, le remplacement d'espèces indigènes sur une part importante de leur aire de répartition et par des modifications génétiques par hybridation. En outre, les espèces exotiques envahissantes peuvent également avoir un effet néfaste important sur la santé humaine et sur l'économie. »

    La stratégie de contrôle des espèces exotiques envahissantes, en ce compris donc le ragondin, est définie par la Cellule interdépartementale sur les espèces invasives (CiEi) regroupant des représentants de plusieurs départements du SPW Environnement. Le service de piégeage des rats musqués (DRCB) et les préposés forestiers (DNF) sont les agents de terrain chargés de mettre en œuvre la lutte contre les espèces exotiques envahissantes sur le terrain, avec le support scientifique du DEMNA.

    Pour ce qui concerne spécifiquement les moyens de contrôle du ragondin, différentes techniques peuvent être mises en œuvre et doivent encore être évaluées : pièges de capture, pièges mécaniques tuants et mise à mort par arme. Le service de piégeage des rats musqués dispose en tous les cas d’une large expérience en matière de techniques de piégeage et de connaissances sur ces animaux, acquise durant plusieurs dizaines d’années de lutte contre ces espèces.

    Des cages de captures peuvent être utilisées ; l’animal est capturé vivant, mais sa mise à mort nécessite une arme.

    Pour ce qui concerne l’utilisation de pièges mécaniques tuants (dits pièges en X) pour la lutte contre le ragondin, le service de piégeage peut s’appuyer sur une parfaite maîtrise de ces dispositifs.

    Mon objectif est de contrôler cette population avant qu’elle ne soit trop étendue, en vue de minimiser à la fois le nombre de ragondins visés, ainsi que les dégâts qu’ils pourraient réaliser. Au plus vite nous agissons, au moins le nombre d’animaux concerné sera grand. Je vais donc demander à l’administration de mettre en place un projet pilote sur des zones géographiques-ciblées, pour évaluer les différentes méthodes. Mon objectif est de comparer l’efficacité des techniques et leur impact éventuel sur les organismes non ciblés. Si les résultats sont probants, la généralisation d’une ou des méthodes pourra être envisagée.

    Finalement, j’invite l’honorable membre à consulter le règlement européen (Règlement (UE) no 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes (europa.eu) : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014R1143&from=FR) en la matière pour toutes infos complémentaires relatives à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes.