La proposition de la société Decathlon de rachat de l'énergie verte produite par ses clients
- Session : 2020-2021
- Année : 2021
- N° : 227 (2020-2021) 1
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Question écrite du 09/02/2021
- de de COSTER-BAUCHAU Sybille
- à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
Actuellement, Decathlon tire 27 % de son électricité de panneaux solaires installés sur les toits de quelque 25 magasins en Belgique. À très court terme, en 2021, l'enseigne voudrait produire un tiers de son électricité à partir de ses propres panneaux solaires. Mais, elle nourrit encore une plus grande ambition : celle de former la première communauté de l'énergie en Belgique en associant ses clients.
Pratiquement, les clients sont invités à fournir à Decathlon leur surplus d'énergie solaire contre un crédit d'une valeur de 4,5 cents par kWh, soit un chèque à dépenser dans les magasins de la chaîne. Le système sera, dans un premier temps, uniquement accessible aux résidents équipés d'un compteur digital, c'est-à-dire en Flandre et à Bruxelles. Pour la Wallonie qui fonctionne encore avec les compteurs à l'envers, il faudra patienter. Le système sera effectif dès le 1er juillet 2021.
Par ailleurs, Decathlon, qui souhaite créer une centrale électrique virtuelle (CEV), déclare lancer un appel d'offres pour de nouvelles éoliennes et des parcs solaires, susceptibles de fournir de l'énergie à ses enseignes. Le marché wallon est ici particulièrement ciblé.
Ne serait-il pas porteur d'encourager d'autres groupes de distribution implantés en Wallonie à adopter un modèle semblable à celui développé par Decathlon ?
Dans l'affirmative, des incitants fiscaux et/ou financiers pourraient-ils être envisagés ?
Réponse du 10/03/2021
- de HENRY Philippe
Le concept derrière ce système est le « PPA », c'est-à-dire le « Power Purchase Agreement » ou en français « l’accord d’achat d’électricité renouvelable » qui est un contrat par lequel une personne physique ou morale accepte d'acheter directement à un producteur d'électricité de l'électricité produite à partir de sources renouvelables.
Il s’agit d’une des nouveautés, introduite par le législateur européen, dans la refonte de la Directive 2018/2001 relative à la promotion de l’énergie produite à partir de sources renouvelables qui est en cours de transposition au niveau des différentes entités de notre pays.
C’est d’ailleurs pour cette raison que, si l’annonce a été faite par Décathlon et que si le site est déjà disponible, le service ne sera lui opérationnel qu’à partir de juillet 2021, date à laquelle le cadre réglementaire devrait être adopté en Flandre.
De plus, si cette offre est ouverte à tous, elle n’est techniquement possible que pour les « prosumers » possédant un compteur communicant : qui mesure indépendamment la consommation et l’injection. De même, elle n’est intéressante que pour les « prosumers » qui ne bénéficient pas ou plus de la compensation et qui cherchent à valoriser leur excédant de production.
Typiquement, vu que la Flandre est plus avancée dans le déploiement des compteurs communicants et qu’elle a supprimé la compensation, ce sont les « prosumers » flamands qui sont les premiers visés par cette offre, car ce système est avantageux pour eux.
Pour en revenir aux questions précises de l’honorable membre, je pense que toute opportunité visant à stimuler l’intérêt des citoyens à investir dans les énergies renouvelables est à saisir. Que cela soit en encourageant d’autres groupes de distribution à s’inspirer de l’opération menée par Décathlon ou par la mise en place de communautés d’énergie renouvelable ou en incitant à l’autoconsommation collective au sein des immeubles.
Le nouveau cadre européen permet une variété de solutions qui devraient permettre à chacun d’être acteur de la transition énergétique.
Il est pour l’heure prématuré d’envisager des incitants fiscaux et/ou financiers. En effet, si une entreprise telle que Décathlon se lance dans l’opération, c’est qu’elle est rentable pour elle ou du moins qu’elle y trouve un intérêt ne fut-ce qu’au niveau de l’image. De l’autre côté, les producteurs qui s’engagent dans ce deal valorisent leur excédant d’énergie à un montant plus élevé que ce que ne leur offre leur fournisseur ou le marché. Il s’agit donc d’un win-win.