La pénurie de profils scientifiques

• Session : 2020-2021
• Année : 2021
• N° : 145 (2020-2021) 1

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• Question écrite du 09/02/2021

  • de DODRIMONT Philippe
  • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
  Avec la pandémie et l'énorme bond numérique qu'elle a entraîné, la demande de profils scientifiques et technologiques explose aujourd'hui. Mais la pénurie de ces profils est malheureusement une réalité chez nous aussi en Wallonie.
  
  Selon l'entreprise Cisco, société américaine active dans l'informatique, environ 1 million d'emplois en cybersécurité resteront vacants dans le monde. Il s'agit là du grand défi pour le marché du travail pour les prochaines années.
  
  Comment pallier cette pénurie ?
  
  Quels sont les outils pour s'attaquer au problème ?
  
  Faut-il sensibiliser les jeunes, les demandeurs d'emploi, les personnes qui attendent une réorientation professionnelle au métier informatique qui ne consiste pas uniquement à de la programmation ?
  
  Madame la Ministre a-t-elle des données chiffrées à me communiquer sur cette pénurie ?
  
  Ne pourrait-on pas imaginer qu'en cette période de pandémie entraînant un chômage temporaire par exemple, les entreprises bénéficieraient d'un système de compensation pour celles qui inciteraient à maintenir en activité leur personnel. Comment ?
  
  En leur proposant de se former à de nouvelles compétences, utiles à l'entreprise.
  
  Envisage-t-elle une réflexion en la matière en impliquant des acteurs politiques (Ministres de l'Emploi, de l'Économie et de l'Enseignement) et des entreprises pour mettre en place des actions, projets, initiatives à plus long terme ?

• Réponse du 06/09/2021

  • de MORREALE Christie
  Les avancées technologiques de ces dernières décennies ont produit, et produiront encore au moins deux types d’effets sur le marché du travail. D’une part, elles ont provoqué des mutations dans la plupart des métiers existants, impliquant davantage de savoirs et savoir-faire d’ordre technique. D’autre part, elles suscitent la création de nouveaux métiers qui font appel à des compétences théoriques et pratiques du même ordre.
   
  Le concept de STEM (« Science, Technology, Engineering et Mathematics ») caractérise souvent la demande de travail des employeurs dans un contexte de transition numérique.
   
  Au regard de la forte demande actuelle et future des entreprises de Wallonie pour des profils scientifiques et techniques, l’intérêt des adolescents et jeunes adultes à travailler dans ces domaines apparaît comme insuffisant. Face à ce constat, le FOREm a investigué la question via la réalisation d’une recherche auprès des jeunes de 12 à 25 ans en collaboration avec l’Université Catholique de Louvain.
   
  Les constats relevés (facteur genre décisif, lien avec le métier et le niveau de formation des parents, lien avec le niveau de confiance en soi dans les disciplines scientifiques, perception des métiers techniques et scientifiques, précocité de l’ensemble des facteurs qui interviennent dès 12-13 ans), déboucheront prochainement sur un plan d’action interne au FOREm.
   
  Au niveau des chiffres des métiers en pénurie de main-d’œuvre, environ 18 % des 350 000 offres d’emploi diffusées par le FOREm concernent des métiers pouvant être reliés à une composante « STEM ».
   
  Rappelons que les offres d’emploi connues du FOREm ne représentent pas l’ensemble des offres diffusées sur le marché de l’emploi. Le FOREm capte environ 50 % des offres diffusées en Wallonie. Pour certains profils demandant des compétences spécifiques, notamment parmi les métiers à composante « STEM », le FOREm ne représente probablement pas le canal privilégié de recrutement. Plusieurs métiers « STEM » en pénurie sont liés à l’informatique : analyste informatique, développeur informatique, analyste business, expert en sécurité informatique.
   
  Il est parfois difficile d’avoir une vision claire des besoins tant le domaine de l’informatique connait des évolutions rapides au niveau technologique, organisationnel, règlementaire. Ces évolutions génèrent l’apparition de nouvelles appellations métiers, nouvelles compétences, voire de nouveaux métiers (data scientist, community manager, …).
   
  Au niveau des actions mises en place, citons par exemple :
  Orientation vers les métiers STEM dans les Cités des Métiers et les Carrefours Emploi-Formation
  Possibilité, via les essais-métiers, de tester un métier dans un centre de formation pour confirmer ou non le désir d’apprendre le métier
  Webinaires sectoriels pour promouvoir les métiers en pénurie et les fonctions critiques
  Octroi de « l’incitant + », une prime de 350 euros versée, sous certaines conditions, au demandeur d’emploi ayant terminé une formation dans un métier en pénurie ou pour une fonction critique.
   
  En ce qui concerne les travailleurs en chômage temporaires, il leur est possible à titre individuel de pouvoir suivre une formation au FOREm : souvent, ce sont des formations de perfectionnement dans leur métier ou des formations à caractère transversal.
   
  Enfin, en matière d’initiatives à plus long terme, le dispositif d’orientation tout au long de la vie dont les modalités ont été approuvées en décembre dernier par les Gouvernements wallon, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et par le Collège de la Cocof permettra de donner une plus grande visibilité et cohérence à l’offre d’orientation, de structurer cette offre autour du réseau des Cités des métiers, de mutualiser les outils, et de développer une meilleure orientation vers les métiers STEM.