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La présence de la perte de biodiversité dans les bilans des entreprises

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 250 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 10/02/2021
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Beaucoup de grandes entreprises intègrent désormais le risque « climat » dans leurs perspectives financières, mais la biodiversité est rarement mentionnée.

    L'audit KPMG révèle dans un rapport de décembre 2020 que les trois quarts des 250 plus grandes sociétés mondiales ont un objectif de réduction d'émissions de CO2. De plus, 80 % publient désormais des informations en matière de développement durable (96 % des 250 plus grandes) - contre 12 % il y a près de 30 ans. Dans le contexte international, la Belgique est en dessous de la moyenne avec 72 % des 100 plus grandes entreprises.

    Sur les 5 200 entreprises passées en revue, 43 % reconnaissent l'existence de risques financiers liés au changement climatique (56 % au sein du top 250), et les deux tiers ont des objectifs de réduction d'émissions.

    Désormais, il apparaît que les entreprises comprennent mieux qu'avant l'impact des questions environnementales, sociales et de gouvernance sur la performance financière et la valeur de l'entreprise.

    Cependant, le risque que représente pour les affaires la perte de la biodiversité n'apparaît guère dans les bilans des entreprises.

    Quels risques Monsieur le Ministre voit-il en lien avec la perte de la biodiversité pour l'économie wallonne? Quels secteurs seront les plus touchés?

    Quels moyens voit-il pour réduire les effets des extinctions des espèces sur l'économie et l'agriculture wallonne ?

    Est-il favorable à une collecte systématique des actions des entreprises en faveur de la biodiversité dans leurs bilans?
  • Réponse du 22/02/2021
    • de BORSUS Willy
    Comme le souligne l'honorable membre, la perte de la biodiversité peut avoir un impact sur les activités économiques de la Région. En effet, en amont de toute activité économique, se trouvent des ressources issues des écosystèmes. À titre d’exemple, plus de 75 % des cultures vivrières dans le monde dépendent de la pollinisation animale.

    Une étude appliquée à l’économie française démontre les liens entre les services écosystémiques et plusieurs secteurs d’activités en prise directe avec les écosystèmes et la biodiversité, telle que l’agriculture ou la foresterie, et en prise indirecte, la santé, le tourisme, la chimie, et certaines industries extractives. Les impacts directs de la perte de biodiversité sont par exemple l’érosion des sols, leur perte de fertilité, l’augmentation des risques d’inondations, ce qui menace ainsi les écosystèmes terrestres et aquatiques, et les services qu’ils fournissent. L’impact en Région wallonne n’a pas encore été chiffré, mais il apparait que l’agriculture et la foresterie pourraient être directement impactées, à l’instar des conclusions de l’étude menée en France.

    Ce sont pour toutes ces raisons que le gouvernement s’est engagé dans le cadre de la DPR à mettre en œuvre une stratégie « Biodiversité 360° » pour la Wallonie, en s’appuyant notamment sur les résultats des Ateliers de Biodiversité. Les ambitions de cette stratégie d’ici à 2050 ont d’ailleurs été communiquées au sein d’une note d’orientation. Une enquête publique sera par ailleurs lancée au printemps 2021 afin d’aboutir à une stratégie définitive en septembre 2021.

    D’après cette étude française, un euro dépensé au titre de la protection de la biodiversité génère en moyenne 2,64 euros de production et 1,31 euro de valeur ajoutée. Un million d’euros de ces dépenses engendre en moyenne pratiquement 19 emplois. Il est donc important d’inclure de telles mesures dans le plan de relance. Ainsi, ce dernier comporte un groupe de travail spécifiquement sur la question de la biodiversité. Par ailleurs, dans les discussions relatives aux plans stratégiques du développement de l’agriculture biologique et de la politique agricole commune la question de la biodiversité est également abordée.

    De nombreux dossiers sont donc en train d’être discutés et ont le potentiel d’inverser le déclin de la biodiversité et d’en limiter les impacts sur notre économie.

    Comme le mentionne l'honorable membre, de plus en plus d’entreprises publient désormais des rapports de Responsabilité sociétale des entreprises ou RSE. Les normes du Global Reporting Initiative (GRI), les plus répandues, contiennent des questions spécifiques à la biodiversité. Par ailleurs, la taxonomie mise en place par l’Union européenne, qui crée un langage commun pour les investisseurs lorsqu’ils investissent dans des projets et des activités économiques qui ont un impact positif important sur le climat et l’environnement, a intégré la biodiversité comme un de ses 6 objectifs principaux.

    En application de la législation belge (issue de la directive européenne sur le rapportage extrafinancier), seules certaines catégories d’entreprises sont tenues de publier des informations sur leur niveau de conformité à la taxonomie. Cependant, cette taxonomie peut inciter d’autres entreprises wallonnes à s’y référer et ainsi augmenter la collecte des actions des entreprises en faveur de la biodiversité.