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La géothermie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 260 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 15/02/2021
    • de CLERSY Christophe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    En France, un collectif d'acteurs du bâtiment a interpellé les pouvoirs publics pour rendre systématique l'option de géothermie dans le neuf ou la rénovation.

    Partout en France, à 100 ou 200 mètres de profondeur, on trouve une température de 15°C, constante tout au long de l'année et qui permet de chauffer l'hiver en complétant par une pompe à chaleur, et de refroidir l'été sans recourir à la climatisation.

    Aujourd'hui, la géothermie est réservée à un petit nombre d'initiés notamment parce qu'elle fait appel à des compétences spécifiques, mais aussi parce qu'elle est invisible et nécessite un investissement de départ conséquent.

    Dans ce cadre, j'aimerais solliciter Monsieur le Ministre sur la situation en Wallonie.

    Quelle analyse politique fait-il de cette proposition ?

    Quel est le cadre légal en lien avec la construction de nouveaux bâtiments ?
    Le cas échéant, quelles mesures a-t-il prises afin de développer l'approche mise en avant en France ?
  • Réponse du 23/03/2021
    • de HENRY Philippe
    En effet la géothermie peu profonde (<à 500 m), et même la profonde (> à 500 m), est très mal connue en Wallonie. Récemment l’Administration de l’Énergie a lancé une étude pour la détermination du potentiel de la géothermie peu profonde pour la production de chaleur et de froid en Wallonie. L’objectif étant de réaliser une cartographie du potentiel géothermique de la Wallonie permettant d’estimer l’énergie pouvant être fournie par le sous-sol en un lieu donné en fonction de la profondeur du forage et du système géothermique choisi. Actuellement, les capacités géothermiques très basse énergie en Wallonie sont très peu connues par le manque de connaissances précises du sous-sol wallon, ce qui empêche le dimensionnement adéquat de ces systèmes et l’analyse de la rentabilité des investissements dans les projets de plus grande envergure.
     
    Plus particulièrement en Wallonie, la diversité géologique permet l’installation de tous les types de géothermie excepté la haute température (> à 150 °C). C’est une énergie renouvelable disponible en permanence (7 j/ 7 24 h/ 24 h quelques soient les conditions météo) elle peut fournir du chauffage, du refroidissement et du stockage de chaleur. Elle a un très faible impact visuel, environnemental, faible emprise sur le sol et la technologie est mature pour la basse (<30 °C) et moyenne (entre 30 °C et 90 °C) température. Il est à noter que c’est une énergie locale et la basse température (< à 30 °C) est applicable sur tout le territoire et est rentable lorsqu’elle est bien dimensionnée.
     
    Il existe deux types de systèmes pour la géothermie peu profonde (< à 300 m et < à 30 °C) :
    1) Systèmes fermés : Récupération de l’énergie thermique du sous-sol via un échangeur de chaleur longiforme (sonde géothermique) placé dans un forage à faibles profondeurs (< 300 m). Une pompe fait circuler le fluide caloporteur en boucle dans la sonde géothermique en circuit fermé et raccordé à l’échangeur de la PAC dans le bâtiment. Le principe d’équilibre permet d’extraire les calories ou frigories du sous-sol au cours du temps.
    2) Systèmes ouverts : utilise la chaleur naturelle de l’eau des aquifères ou nappes phréatiques. Deux forages (appelés aussi puits géothermiques) : l’un pour le pompage et l’autre pour la réinjection. Utilisation d’une PAC, en régime de chauffe, l’eau des aquifères est captée à une certaine température, est refroidie par la pompe à chaleur et est réinjectée à une température inférieure à celle de l’aquifère. La chaleur ainsi captée par la pompe à chaleur est utilisée pour le système de chauffage et de refroidissement. L’eau peut être aussi rejetée en rivière/lac ou étang en respectant les contraintes environnementales de surface.
     
    Actuellement, il existe en Wallonie plus ou moins 1500 forages pour les systèmes fermés et un seul projet pour les systèmes ouverts site de Bavière (Liège), alors que ces derniers sont les plus rentables sur le plan énergétique.
     
    Les contraintes et les freins actuels rencontrés par le secteur pour développer la géothermie peu profonde à système ouvert résident dans l’octroi de permis de classe 1 pour la réalisation de tests d’injection, qui impose une étude d’incidence environnementale. La procédure est longue, couteuse et compliquée à réaliser dans le cadre d’un projet, ce qui peut mettre à mal la rentabilité des projets.
     
    En ce qui concerne l’inscription dans la règlementation PEB, pour les bâtiments neufs et même existants, rien n’est prescrit. À ce stade, il n’y a pas d’obligation d’utiliser la géothermie peu profonde et il n’y a pas non plus de frein du point de vue réglementaire au niveau de la PEB.
     
    Il y a évidemment un lien avec les futures exigences SER pour les bâtiments neufs et rénovés lourdement. Mais, tant qu’il n’y a pas d’exigence du genre, la PEB permet un choix total au niveau des systèmes d’un bâtiment, tant que les exigences énergétiques sont respectées pour les bâtiments neufs.