L'allongement de la deuxième piste de l'aéroport de Liège
- Session : 2020-2021
- Année : 2021
- N° : 83 (2020-2021) 1
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Question écrite du 16/02/2021
- de BIERIN Olivier
- à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
Il annonçait également que les travaux d'allongement se dérouleraient entre 2021 et 2025 et que le financement de l'opération serait supporté par Liege Airport via une adaptation de la redevance payée à la SOWAER sur la mise à disposition des infrastructures.
Où en est la procédure pour l'allongement de la deuxième piste ? Peut-il faire le point sur l'état d'avancement de cette étude d'incidence ?
Réponse du 25/03/2021
- de CRUCKE Jean-Luc
En effet, initialement, les travaux de rénovation de la piste principale de l’aéroport de Liège devaient intervenir en 2020 après 15 années d'utilisation du revêtement posé en 2005.
Suite à la bonne conservation apparente de celui-ci et à la difficulté d'organiser de tels travaux sans réduire temporairement l'activité de l'aéroport, il a été envisagé par Liege Airport de demander à la SOWAER de procéder à l’allongement de la piste de contingence afin de servir, lors de la rénovation de la piste principale, de véritable alternative pour les opérateurs de l’aéroport sans contrainte de charge ou de rayon d'actions et d'éviter ainsi tout déport potentiellement définitif de compagnies ne souhaitant pas souffrir d’une telle période de restriction d'activités. Ainsi le projet fut lancé, nécessitant une étude d’incidences sur l’environnement.
La réunion d'information du public a eu lieu le 19 décembre 2019 à Grâce-Hollogne. Elle a été suivie par 200 personnes environ et a été l'objet d'une retransmission en direct sur internet.
Près de 400 courriers ou courriels ont été adressés par des riverains ou des communes à la commune et à la SOWAER, à la suite de cette réunion, avec pour destinataire final l'auteur de l'étude d'incidences.
L'étude a ensuite suivi son cours et plus d'une dizaine de réunions du Comité d'accompagnement (SOWAER, Liege Airport, ARIES) de celle-ci ont eu lieu.
Des prestations spécifiques ont été menées pour construire cette étude : campagne acoustique, mesures des retombées hydrocarbures, modélisation du phénomène de dispersion des polluants dons l'air.
Des alternatives au projet envisagé ont également été analysées (0, pas de comblement, pas d'allongement et allongement uniquement du côté est).
Des difficultés ont été rencontrées au cours de cette étude et y ont été intégrées, car ayant une influence sur celle-ci : étude d'incidences et études techniques menées de front, impact de la 5e révision des PEB sur l'étude, dossier de dérogation à la loi sur la conservation de la nature, retard dans le relevé des mesures en raison de la crise sanitaire, hypothèses historiques pour l'évacuation des eaux du site.
Une première réunion de présentation du résumé non technique de l'étude a été organisée avec la direction de Liege Airport en date du 7 décembre 2020 en présence de la SOWAER et du bureau ARIES.
Les résultats de l'étude ont également été présentés, de façon synthétique, aux autorités communales impactées (17 communes du PDLT) lors de la réunion du Comité d’accompagnement du 17 décembre 2020 et aux Fonctionnaires délégué et technique de la Région en date du 21 janvier dernier.
La situation de référence évoque l'aéroport sans allongement ni comblement en 2029 (horizon de l'étude à 10 ans) et la situation projetée évoque l’aéroport avec allongement et comblement de la sablière Fontaine.
Les conclusions et recommandations principales de l'étude sont présentées ci-dessous.
Domaine socio-économique :
Les deux projets permettront d'atteindre les objectifs de l'aéroport en matière de sécurité et d'opérationnalité.
Le projet de comblement partiel de la carrière permettra de réduire le risque représenté par le péril animalier d'une part et, d'assurer un accès plus aisé des services de secours à la zone située dans le prolongement de la piste de contingence au sud-ouest, facilitant les interventions en cas d'incident.
Les deux projets permettront à l’aéroport de jouir d'une infrastructure renforcée sur le plan de la sécurité au sol (plus de croisements de piste) et adaptée aux évolutions attendues du transport aérien de fret et de répondre aux exigences de ses clients tout ou long de l'année.
Ces projets contribuent à pérenniser l’activité de l'aéroport, c'est-à-dire l'ensemble des entreprises et donc des emplois dépendants directement ou indirectement de l'activité aéroportuaire. Le développement programmé de l'aéroport et l'arrivée prochaine de nouveaux opérateurs au sein de celui-ci devraient permettre de créer au minimum 1 500 à 2 000 emplois supplémentaires dans les années à venir.
Aucun impact des projets n'est constaté en termes de cadre bâti, de cadre de vie des riverains (appréhendé par la politique d'accompagnement des riverains mise en place par la Région) et de santé humaine.
Mobilité :
La circulation au sol des aéronefs venant de la dalle nord pour rejoindre les pistes sera améliorée (gain de temps et de distance) et permettra une réduction des émissions de bruit et de polluants par rapport à la situation de référence.
Aucun impact des projets n'est constaté sur l'accessibilité routière, la circulation ou le stationnement autour de l'aéroport.
Bruit :
Il n'y a pas de différence significative entre les zones de bruit simulées en situation de référence et en situation projetée. Elles sont cependant un peu décalées par rapport à la situation existante, ce qui confirme la nécessité de réviser les PEB, révision qui est en cours et qui tient bien compte de ces éléments.
On constate aussi une légère augmentation du niveau bruit côté Bierset (allongement est), mais celle-ci est peu significative.
ARIES recommande toutefois d'améliorer les merlons au nord de l'aéroport, d'installer une nouvelle station permanente de mesure, de mettre en place un suivi continu des niveaux sonores en zones latérales de l’aéroport, par exemple, lors des campagnes de mesures du principe d’égalité.
Air :
Les concentrations de polluants émis restent centrées sur les pistes et les zones fret. Les variations sont faibles et limitées à l'enceinte aéroportuaire.
Il n'y a pas d'impact significatif ou de dégradation de la situation pour les riverains dont le niveau est toujours proche de la pollution de fond.
Aucun impact des projets n'est constaté en termes d'énergie ou d'odeurs.
Milieu naturel :
Le comblement partiel de la carrière entraîne la destruction du site de grand intérêt biologique (SGIB) de la sablière Fontaine, mais cette perte des milieux détruits sera compensée via de nouveaux aménagements en faveur des espèces protégées, à proximité immédiate du site (création d’un corridor écologique).
Une dérogation à la loi sur la conservation de la nature sera sollicitée en concertation avec le DNF.
ARIES recommande toutefois, dans la mesure où la sécurité aéronautique le permet, l'ajout de mares, d'un cordon arbustif et d'une zone pour crapauds calamites à l'est, ainsi que la mise en place de ces mesures une saison avant le début du chantier et une gestion adéquate de ces zones sur le long terme.
L'impact est, en revanche, très limité pour l'allongement, car il entraînerait uniquement la perte de milieux peu intéressants du point de vue biodiversité.
Urbanisme :
ARIES propose des recommandations pour atténuer la modification des vues côté est du fait du remblayage.
Aucun impact des projets n'est constaté en matière d'urbanisme ou de patrimoine.
Sol, sous-sol et eaux souterraines
ARIES pointe la nécessité de procéder très rapidement aux dépollutions des zones affectées à l'est et de la carrière avant le début du chantier.
Vu l'apport de terres indispensables aux deux projets et le manque de terres disponibles de qualité correspondante, la SOWAER devra établir un plan d'assainissement qui permettra de déterminer la qualité des remblais pouvant être utilisés afin de préserver la nappe phréatique. Celui-ci est déjà en cours de réalisation.
Chantier :
Les incidences du chantier concernent principalement la mobilité via le charroi qui sera nécessaire pour acheminer les terres de remblai.
Malgré cet important charroi attendu, le fait que les zones de chantier soient directement connectées à l'autoroute et l'éloignement des riverains par rapport aux zones de chantier implique que l'impact en termes de nuisances sur ces derniers sera limité.
ARIES recommande néanmoins que, pendant toute la durée du chantier, le charroi soit dirigé depuis et vers les sorties d'autoroute les plus proches de l'accès au chantier en question via un balisage adéquat, et ce afin de ne pas transiter par les voiries locales.
En ce qui concerne la qualité de l'air, les impacts du chantier se résument principalement à l'émission de poussières lors du transport de terres. Pour éviter ceci le plus possible, ARIES recommande d'imposer certaines mesures à l'entreprise désignée pour les travaux : bâchage des camions transportant des terres, arrosage obligatoire des terres et chemins d'accès provisoires en cas de sécheresse, installation de « truckwash ».
Alternatives :
Pour toutes les alternatives considérées, les conditions de sécurité aéronautique et d'opérationnalité ne seraient pas aussi bien rencontrées et le maintien des zones de biodiversité actuelles proposerait une qualité moindre que les compensations envisagées (corridor écologique, reboisement, et cetera).
En conclusion, les projets évoqués par l’honorable membre sont nécessaires pour augmenter la sécurité aéronautique et garantir la continuité des opérations de l'aéroport.
ARIES constate l'absence d'impact significatif, pour l'environnement, des projets entre les situations de référence et les situations projetées par rapport aux impacts liés à l'évolution attendue de l'aéroport.
L'étude d'incidences ainsi finalisée demeure néanmoins « ouverte » jusqu'à la fin des études techniques relatives au projet.
Cela permettra, le cas échéant, d'affiner certains chapitres ou données et d'intégrer les compléments éventuels qui seraient issus de l'évolution de certains dossiers (compensations environnementales avec le DNF, 5e révision des PEB, Master Plan de Liege Airport, et cetera).
Ces résultats accompagneront la demande de permis pour l’allongement de la piste afin d’éclairer le Gouvernement wallon pour une prise de décision pertinente.
Il est certain que les résultats de cette étude seront intégrés par la SOWAER, maître d’œuvre dans la réalisation du futur chantier, lorsque la demande de permis sera introduite.
Sur le plan chronologique et en fonction des instructions de Liege Airport, les dépôts des différentes demandes d'autorisation devront être coordonnés en bonne intelligence avec les services du Fonctionnaire technique.
En effet, le permis d'environnement de Liege Airport échet au 2 janvier 2023 et cette dernière a pour objectif d'introduire sa demande de renouvellement au printemps 2021.
Les projets évoqués ci-avant n’auraient de pertinence que dans l’hypothèse de la prolongation du permis d’environnement de l’aéroport.
Liege Airport a ainsi entamé la procédure pour le renouvellement de son permis d’environnement.
L’étape préalable est la réalisation d’une étude d’incidences sur l’environnement dont le point de départ est la réunion d’information du public.
Celle-ci a été fixée par les fonctionnaires aux 17 communes dont le territoire entre dans les limites des courbes du PDLT de l’aéroport de Liège. Les fonctionnaires ont également demandé que soient informées les communes flamandes de Tongres et Riemst ainsi que les communes néerlandaises de Maastricht et Eijsden. Enfin, de sa propre initiative, sans aucune forme d’obligation légale et afin de permettre au plus grand nombre de s’exprimer sans que cela ne nuise à la procédure, Liege Airport a également décidé d’informer les autres communes des arrondissements de Huy-Waremme et de Liège.
Cette réunion d’information du public s’est tenue les 25 et 26 février derniers.
En raison des mesures sanitaires actuelles et conformément à la législation applicable, cette réunion était virtuelle et a pris la forme d’une présentation vidéo qui était accessible pendant 48 heures, via un lien internet.
Pour la parfaite information de l’honorable membre, la vidéo a été lue 3 890 fois (= lecture amorcée). Seules 2 000 vues sont restées jusqu’à la moitié de la vidéo et 1 250 vues jusqu’à la fin de la vidéo. Sur une population potentiellement concernée de 500 000 citoyens, on a donc 0.25 % de la population qui a regardé la vidéo en intégralité.
À l’issue du délai de 15 jours, Liege Airport a reçu 2 150 réactions à la suite de la réunion d’information du public. Certaines faisant doublons, car envoyées tant par mail que courrier.
Les projets d’allongement et de comblement étaient bien repris à l’ordre du jour de la réunion d’information du public afin de présenter globalement l’ensemble des projets.
Celle-ci devait permettre donc à ceux qui le souhaitaient de réagir sur tous les projets de l’aéroport et de son développement et nous devrions ainsi disposer in fine d’une évaluation globale du développement projeté de l’aéroport.
Enfin sous réserve de la commande des travaux par Liege Airport et de l’octroi du permis y afférent, la mise en service de l’allongement de la piste de contingence est estimée à mi-2026.
Ce planning est cependant, à ce stade, évidemment uniquement indicatif et susceptible d’évolution.