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L'agriculture de conservation des sols

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 270 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/02/2021
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'ASBL Greenotec, qui compte plus de 300 membres dans le milieu agricole, vient de diffuser un documentaire intitulé «Il était une fois dans nos sols». Ce documentaire a donné lieu à un débat sur la thématique, très instructif sur l'agriculture de conservation des sols (ACS) qui vise à rétablir et entretenir la qualité des sols. Les trois grands piliers de l'ACS sont la réduction du travail du sol, une couverture végétale maximale toute l'année et une rotation diversifiée des cultures.

    Grâce à ces techniques inspirées de l'agroécologie, les agriculteurs en ACS participent à la lutte contre l'érosion des sols, à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique.

    Je voudrais adresser à Monsieur le Ministre plusieurs questions prospectives :

    Dans le Plan stratégique wallon et dans le cadre de nos objectifs climatiques, quel soutien notre Région peut-elle mettre en place pour l'ACS ?

    Quels outils seraient les plus pertinents ? Un écorégime spécifique peut-il être dédié à l'ACS ? Qu'est-ce qui est déjà mis en place en la matière ? Je précise que l'ASBL Greenotec souligne elle-même qu'un soutien ne peut se concevoir de manière indépendante de la production agricole, et je souscris à cette préoccupation.

    Au niveau de la mise en valeur de ces techniques favorables à la lutte contre le réchauffement global, un label « ACS » ou, de manière plus générale, un « score climatique » sur les productions agricoles pourraient-ils aider à faire connaître au grand public la plus-value climatique de certaines pratiques agricoles ? Y a-t-il une réflexion en cours au sein de votre administration ?

    Enfin, l'une des revendications des agriculteurs en ACS, concerne les réglementations wallonnes au niveau des calendriers parfois mal adaptée. Une réflexion est-elle en cours pour permettre une plus grande flexibilité dans le cas particulier de l'ACS ?
  • Réponse du 11/03/2021
    • de BORSUS Willy
    Nous sommes heureux que le soutien que la Région apporte à l’ASBL Greenotec depuis maintenant une quinzaine d’années ait permis de produire ce documentaire qui s’inscrit parfaitement dans les nouveaux moyens de communication. Il permettra, malgré les limites imposées par le confinement qui a empêché la tenue du festival de l’agriculture de conservation et nombre de visites en champs, de sensibiliser un maximum de personnes à des pratiques plus favorables à la vie de nos sols.

    Dans le cadre du Plan stratégique wallon, nous avons d’ores et déjà identifié les besoins et il est clair que la protection des sols y figure en bonne place. Au niveau des outils, nous devons jouer sur toute la gamme que nous offre la nouvelle architecture verte : normes de conditionnalité pour assurer le minimum, éco régimes et/ou MAEC pour aller au-delà.

    Pour ces régimes volontaires, il importe cependant de prévoir des mesures dont le contrôle est aisé et dont le montant d’aide doit être justifié en termes de coûts supplémentaires et compensations de pertes de revenus. Or, il faut reconnaître que la démarche d’adhésion à l’agriculture de conservation des sols comme l’évolution vers des pratiques plus agroécologiques sont des processus progressifs, avec des agriculteurs et des pratiques plus ou moins avancées et pointues en la matière. C’est un peu l’inverse de l’agriculture bio, où un cahier des charges officiel existe qui permet de déterminer si on est certifié, ou pas. Cela ne doit certainement pas nous empêcher de soutenir l’évolution vers ces pratiques au-delà du conseil et de l’encadrement que nous soutenons depuis longtemps.

    Néanmoins, pour être opérationnelle et contrôlable, la réflexion sur les régimes d’aides envisagés au stade actuel s’oriente plutôt vers le soutien à ce que l’on considère comme des piliers de l’agriculture de conservation, notamment via le soutien à des cultures plus diversifiées et surtout des mesures favorisant une couverture maximale des sols.

    Vu les très grandes différences de maturité dans les pratiques adoptées par les agriculteurs sensibilisés et l’absence d’un cahier des charges standardisé, il n’est pas pertinent aujourd’hui de prévoir une labellisation. En matière de score climatique, la réflexion est en cours et le centre wallon de recherches agronomiques travaille depuis quelques années sur un logiciel « DECIDE » qui devrait être opérationnel sous peu et permettre d’établir un diagnostic dans un maximum d’exploitations.

    Au niveau réglementations et calendriers, la réflexion est également en cours pour progresser vers des normes qui allient flexibilité et efficience, mais il est très délicat d’envisager des normes différentiées pour des cas particuliers ; on ne le fait pas pour le bio, ni a fortiori pour l’agriculture de conservation à défaut de cahier des charges validé et contrôlé.