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La pénurie de micro-puces électroniques et son impact sur l'économie wallonne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 284 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/02/2021
    • de BIERIN Olivier
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La semaine dernière, l'usine d'Audi Brussels a dû arrêter sa production de voiture en raison d'une pénurie de micro-puces utilisées dans l'industrie automobile. Cette situation n'est pas un cas isolé. L'usine Ford en Allemagne a dû elle aussi fermer ses portes durant un mois et des constructeurs tels que Honda, Toyota, Volkswagen et Daimler connaissent des problèmes similaires.
    Cette pénurie n'est d'ailleurs pas propre à l'automobile. Les puces électroniques sont nécessaires à la construction de nombreux appareils électroniques.

    Les causes de cette pénurie sont multiples. Ces puces sont produites principalement en Asie au sein de quelques usines. Ces dernières ont été confrontées à une explosion de la demande depuis la crise sanitaire, les modes de vie confiné et le télétravail qu'elle engendre.

    En outre, la prévision de sanctions américaines a poussé les entreprises chinoises à acheter en masse des stocks de puces électroniques. Nous pouvons encore citer le développement de la 5G qui nécessite beaucoup de semi-conducteur pour se déployer. Bref, la combinaison de ces facteurs a mené à la surcharge des quelques usines productrices.

    Si la pénurie électronique risque de continuer jusqu'à la fin de l'été, avec des conséquences à plus long terme pour les différentes industries, elle aura provoqué une prise de conscience internationale sur cette dépendance à l'Asie. En décembre, 13 pays européens ont annoncé vouloir investir massivement pour aboutir à une future alliance industrielle, un PIIEC, pour créer une entreprise de puce électronique en Europe.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre quant à cette pénurie ? Quelle est la position wallonne quant à ce PIIEC ?

    La Wallonie est-elle elle aussi affectée par cette pénurie ? A-t-il eu des contacts avec certains secteurs qui serait touché par cette pénurie ?
  • Réponse du 16/03/2021
    • de BORSUS Willy
    La pénurie de composants électroniques dont l’honorable membre fait état m’a bien été confirmée. La surconsommation ponctuelle, la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, dues à la crise sanitaire que nous traversons ont eu pour effet que des acteurs comme Audi à Bruxelles n’ont pas su obtenir leurs commandes habituelles en composants électroniques.

    En effet, après consultation auprès de divers acteurs wallons en la matière tels que le Pôle MECATECH, AGORIA, AW EUROPE, MULTITEL, QUIMESIS, l’UCL, SIRRIS ou le Pôle LIW, il m’est revenu de façon récurrente que le confinement lors de la crise de la Covid-19 a entraîné une hausse importante de commandes et donc de demandes sur le marché de matériel informatique. Ces demandes émanant régulièrement de multinationales importantes telles qu’Apple, Samsung, LG, ou encore HP, obtiennent bien souvent priorité sur des domaines ayant moins de poids industriel, à l’instar de l’automobile ou encore de l’aviation.

    Un autre aspect qui est revenu fréquemment sur la table était, comme l’honorable membre le mentionne, notre dépendance au marché asiatique. Les entreprises qui produisent les micro-chips ou qui procèdent à l’assemblage de cartes électroniques travaillent de façon systématique avec des stocks limités et en faisant des toutes petites marges sur ces produits fabriqués de façon presque exclusive en Asie. L’épuisement des stocks est donc presque immédiat afin de permettre à ces entreprises d’assemblage de jouir d’une trésorerie positive.

    Dès lors, au vu des stocks vides, l’approvisionnement des composants électroniques n’a pas pu suivre la demande à l’échelle mondiale. Certaines de mes sources m’indiquent des retards allant jusqu’à 8 mois sur certaines commandes.

    S’il est clair que la pénurie se marque à une échelle européenne, il semble donc évident qu’une réponse européenne commune est nécessaire. Par ailleurs, l’une d’entre elles est actuellement à l’étude. Une alliance au travers d’un « Important Project of Common European Interest » (IPCEI) sur la microélectronique est étudiée à l’heure actuelle. La France a lancé, dans le courant de la fin d’année 2020 un appel à manifestation d’intérêt pour un nouvel appel sur la microélectronique.

    Par la présente, je lui confirme ma volonté, en tant que Ministre de la Recherche, de m’inscrire durablement dans cette dynamique. J’estime que, à la suite de cet appel à manifestation d’intérêt, différents projets wallons permettant de répondre en partie à la pénurie pourront être lancés.

    Par ailleurs, mon Cabinet établit divers contacts pour évaluer la pertinence d’investigation de l’une ou l’autre piste de solution complémentaire.