La stratégie "Manger Demain" et le succès de l'appel à projets soutenant la relocalisation de l'alimentation durable en Wallonie

• Session : 2020-2021
• Année : 2021
• N° : 223 (2020-2021) 1

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• Question écrite du 26/02/2021

  • de JANSSEN Nicolas
  • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
  La stratégie «  Manger Demain  » a vu le jour en 2018. La cellule « Manger Demain » structure les initiatives wallonnes, tandis que le Collège wallon de l'alimentation durable (CwAD), qui a vu le jour fin 2020, sert à évaluer la mise en œuvre de la stratégie.
  
  La stratégie, qui laisse libre cours à l'imaginaire collectif et aux dynamiques locales de transition, prévoit notamment de tisser un réseau de conseils de politique alimentaire (CPA), structures de gouvernance locales, pour faire le lien entre le terrain et la cellule manger demain.
  
  Dans les 46 projets retenus dans le cadre de l'appel à projets soutenant la relocalisation de l'alimentation durable en Wallonie, six prévoient la mise en place de CPA. Peu d'indications existent toutefois quant à la mise en place des CPA. Le CwAD vient en effet d'être formé et la mission de réflexion sur les CPA lui avait été transférée par une décision prise en juillet dernier. Le CwAD a toutefois d'autres priorités, telles que les alliances emploi-environnement. N'y a-t-il dès lors pas le risque que la mise en place des CPA ne se fasse pas de manière suffisamment cadrée, structurée  ? L'absence de réponses à des questions par exemple sur la reconnaissance ou le financement des CPA ne va-t-elle pas porter atteinte à leur efficacité  ?
  
  Une autre crainte circule par ailleurs. En raison du timing serré et du succès de l'appel à projets, l'analyse relative à la complémentarité des 46 projets retenus n'a pu se faire aussi précisément que voulue.
  
  Ne court-on pas le risque de décrédibiliser la dynamique, de porter atteinte au formidable engouement citoyen pour ces projets, si la vision globale n'est pas pleinement assurée en amont par la Région ? Comment éviter les redondances et permettre les économies d'échelle, sans tomber toutefois dans les travers de la centralisation excessive ? Des analyses fréquentes aux niveaux régional et provincial sont-elles prévues pour coordonner les initiatives et les structurer dans le temps ?

• Réponse du 08/03/2021

  • de TELLIER Céline
  En effet, du fait de leur nombre et leur diversité, assurer une cohérence entre les 46 projets qui constituent la stratégie « Manger Demain » représente un enjeu primordial. Dans cette optique, en collaboration avec mes collègues ministres de l’Agriculture et de l’Action sociale, nous avons avec l’administration mis en place un dispositif de suivi des projets qui aura comme préoccupation première de répondre à ce défi.
  
  Au-delà des traditionnels comités d’accompagnement de chaque projet, un travail de mise en réseau sera coordonné par la cellule « Manger Demain », en collaboration avec d’autres acteurs membres du Collège wallon de l’alimentation durable, tels le collège des Producteurs, Wagralim ou la SOWALFIN.
  
  L’objectif est d’assurer de la transversalité et de la coordination entre projets, en évitant les recouvrements ou la concurrence, et en favorisant les collaborations et complémentarités. Ce travail devra également permettre d’identifier et de promouvoir les liens avec des plans sectoriels, dynamiques ou autres projets en cours par ailleurs sur le territoire wallon.
  
  Concrètement, début mars, une série de réunions collectives regroupant les 67 porteurs de projet par sous-groupe, mais aussi des acteurs membres du CWAD, viseront à présenter chacun des projets et à pointer les éléments nécessitant une coordination entre projets, internes ou externes au présent appel à projets.
  
  Dans un deuxième temps, la cellule « Manger Demain », en partenariat direct avec l’administration, veillera à intégrer les porteurs de projets concernés dans les espaces de réseautage déjà existants tels que les rencontres de l’approvisionnement entre signataires du « Green Deal Cantines durables », mais aussi chez les acteurs du CWAD. Des contacts et échanges directs entre porteurs de projets sont prévus et encouragés dès la mise en place, et des actions de mise en cohérence plus spécifiques pourront être organisés, par exemple à l’échelle d’un territoire.
  
  Enfin, à l’échelle régionale, les principaux résultats et enseignements tirés de la mise en œuvre des projets seront capitalisés et valorisés dans le cadre des travaux de l’Alliance Emploi Environnement pour l’Alimentation. Cette dernière comme le prévoit la déclaration de politique régionale, intégrera la stratégie « Manger Demain » et les moyens du « Green Deal ».
  
  Concernant plus particulièrement la mise en place de conseils de politique alimentaire, il est en effet prévu d’établir un cadre de base permettant de définir un conseil de politique alimentaire en Wallonie ; définition qui fera l’objet d’une validation par le CWAD.
  
  Toutefois, mon souhait est que ce cadre soit adapté aux préoccupations et ancré dans les réalités des acteurs de terrain en Wallonie. Un travail de « benchmark » a déjà été réalisé par la cellule « Manger Demain », identifiant une série de premières pistes.
  
  Sur cette base, le Réseau wallon des acteurs de l’alimentation durable a récemment entamé un travail devant permettre de définir collectivement, avec les acteurs de terrain, le concept de CPA.
  
  Il travaillera pour ce faire avec les six projets de CPA financés dans le cadre de l’appel à projets, en collaboration avec la cellule « Manger Demain », et avec l’objectif de proposer au CWAD un cadre bénéficiant d’une réelle appropriation des acteurs concernés.