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Tourisme et passeur de mémoire - 90 ans de la bataille de la Lys - Musée du souvenir.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 148 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 03/04/2006
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    La notion de « passeur de mémoire » a pris petit à petit sa place dans nos textes législatifs et réglementaires, notamment à l'occasion du 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration.

    Mais ces opérations ponctuelles ne pourront pas être sans lendemain et il faudra assurer et consacrer la mémoire collective comme un outil de promotion et, par le fait même, y associer le touriisme comme passeur de mémoire.

    Le succès du tourisme de mémoire est une réalité, notamment depuis la bataille de Verdun dont on célèbre cette année le 90ème anniversaire.

    Le tourisme doit devenir le gardien de la mémoire collective. Dès le lendemain de la Grande Guerre, paraissait le premier guide destiné au tourisme de mémoire dénommé le « Guide Vert » (Michelin), sous l'appellation des « Guides des champs de batailles ». A l'époque, c'était un tourisme immédiat car les combattants et leurs familles avaient besoin de retourner sur les sites des combats. Aujourd'hui, on parle plutôt de « tourisme commémoratif ».

    Je voudrais, à titre d'exemple, citer la « bataille de la Lys » qui, pendant plusieurs années entre 1914 et 1918, a connu Comines-Warneton sans presque aucun habitant, les populations étant évacuées pour plusieurs années notamment en Flandre. La bataille de la Lys doit être perpétuée dans le cadre du 90ème anniversaire et d'autres exemples peuvent être mis en évidence.

    Le mémorial de Ploegsteert accueille chaque année un grand nombre de visiteurs et la journée commémorative de novembre est prestigieuse. Il faut donc, puisque dans ces hauts lieux de la mémoire le passé n'est pas révolu, qu'il se prolonge. En Flandre, cela a été fort bien compris par l'association des anciens de Breendonk et par l'établissement public qui l'administre.

    Le tourisme de mémoire doit donc devenir une réalité. Ne convient-il pas que le responsable du tourisme en Région wallonne collabore à ce sujet, notamment avec le Ministère de la Défense, que sur le site Internet les chemins de mémoire soient répertoriés, que, dans le cadre de la politique du tourisme, des chantiers soient balisés le long des lieux de mémoire ? Ce tourisme là intéresse, me semble-t-il, l'humanité toute entière.

    Quelles sont les recommandations qui existent à ce sujet de la part, notamment, de l'Unesco et de l'Organisation mondiale du tourisme qui pourraient inspirer le Ministre responsable du tourisme en

    Région wallonne ?

    Le tourisme de mémoire doit devenir une réalité et connaître un certain succès.
  • Réponse du 22/05/2006
    • de LUTGEN Benoît

    En Wallonie, comme ailleurs, le tourisme est un secteur d'activité complexe et multiple. Il s'avère pratiquement impossible de l'appréhender, de le circonscrire ou de le gérer dans une approche fermée ou cloisonnée.

    On s'accorde généralement pour reconnaître que la définition du tourisme ne se conçoit que sur la base du qualificatif qui détermine le terme. Ainsi, évoque-t-on, par exemple, le tourisme de découverte, le tourisme vert, le tourisme d'affaires, etc.

    Tout en constituant une activité marchande incontestable, tout en étant appréhendé comme un produit de consommation, comme une activité économique, le tourisme n'en demeure pas moins un humanisme.

    Et c'est dans cette dimension-là, parallèle aux autres ou complémentaire, que le tourisme peut - qu'il doit - se concevoir aussi comme un gardien de la mémoire collective, comme un « passeur de mémoire ». C'est dans cette approche là qu'il offre aux « consommateurs » ou aux touristes des éléments de réponse nourrissant leur quête d'identité ou de racines.

    C'est en puisant dans les plis de la « grande histoire », dans les lieux de mémoire, dans les témoignages patrimoniaux ou les marques de l'histoire collective que le touriste cherche à étancher, pour partie, sa soif de découverte. C'est aux mêmes sources qu'il espère satisfaire sa recherche de valeurs fondamentales et le positionnement de ses repères personnels.

    Et c'est là, dans le tourisme de mémoire, dans le tourisme de souvenir, de commémoration et d'identité, que le touriste peut trouver ce qu'il recherche.

    Car, en effet, ce tourisme là existe bel et bien. Il ne doit pas être mis en chantier. Dès à présent, il est une réalité tangible, reconnue et appréciée. A titre d'exemples, on peut citer les aménagements des forts de Liège (Loncin, Barchon, Eben-Emael, etc.), le site de la bataille de Waterloo, mais aussi des lieux de mémoire comme Bastogne, Huy, Mons, etc.

    Pour l'avenir, en fonction des opportunités et des moyens, ce tourisme sera développé, intensifié, décliné sous différentes versions particulières ou novatrices, inspirées ou non d'éventuelles recommandations découlant des travaux d'instances internationales telles que l'OMT ou l'UNESCO.

    A titre d'exemple, je citerai l'actuelle étude de requalification des potentialités touristiques axée sur le thème de la guerre 14-18 dans la région de Comines-Warneton menée par l'A.S.B.L. Deulys avec le soutien du Commissariat général au tourisme et du programme Interreg France-Wallonie-Flandre.

    D'une manière générale, qu'il me soit permis de renvoyer l'honorable Membre vers les différents rapports identifiant les soutiens logistiques et financiers ou détaillant l'assistance du secteur touristique wallon dans l'organisation d'événements, l'édition de cartes ou de brochures, ou dans le balisage de circuits et de routes du souvenir.

    En appui de mon propos, je conseille à l'honorable Membre de visiter les site Internet des Maisons du tourisme ou de l'Office de promotion du tourisme qui répertorient nombre de chemins de mémoire qui s'inscrivent pleinement dans la voie préconisée.