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L'état de l'environnement du camp militaire à Elsenborn

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 244 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 03/03/2021
    • de KELLETER Anne
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le camp militaire à Elsenborn s'étend sur un terrain de 28 km2 et présente un très grand intérêt biologique. Une grande partie du terrain est protégée en tant que zone Natura 2000.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur l'état de l'environnement du camp ?

    Est-ce que les activités militaires (munitions, et cetera) impactent la qualité de l'environnement du site ?

    Quelles mesures de précaution sont en place afin de protéger la biodiversité et les environnements sensibles du domaine ?
  • Réponse du 15/04/2021
    • de TELLIER Céline
    Comme le souligne l'honorable membre, le site du camp militaire d’Elsenborn présente un très grand intérêt biologique. Il héberge plusieurs types d'habitats d'intérêt communautaire dont, entre autres, des landes sèches continentales et des nardaies à fenouil, un habitat dont la protection à l’échelle européenne est prioritaire. Le camp comprend aussi d'importantes surfaces de prairies humides de grand intérêt patrimonial qui constituent des habitats pour des espèces rares comme le Tarier des prés et les Pies-grièches grises et écorcheur.
     
    Grâce à son affectation militaire, le site a échappé à l’apport d’engrais et au reboisement des landes par des résineux, ce qui y a permis le maintien d’une faune et d’une flore devenues exceptionnelles, dont il s’agit pour certaines espèces de l’unique localisation en Ardenne.
     
    Par le biais d’une convention passée en 1999, la supervision de la gestion des milieux naturels du camp militaire d’Elsenborn a été confiée au Département de la Nature et des Forêts (DNF) et le suivi scientifique de l’évolution des habitats a été confié au Département d’étude du milieu naturel et agricole (DEMNA).
     
    Pour éviter des dégradations d’habitats lors de travaux sur les stands de tirs ou lors d’activités d’entrainement ou de tirs, les impacts sur la biodiversité des travaux projetés dans le camp sont analysés et les travaux sont préalablement approuvés par la commission aménagement et travaux (CAT), composée de représentants de la Défense, du DNF et du DEMNA.
     
    L’évaluation des habitats du camp a mis en évidence que les habitats situés dans la partie du camp où ont lieu les exercices de tir sont pour la plupart en très bon état de conservation. Dans cette zone, la circulation des véhicules est canalisée aux fins d’éviter la détérioration des habitats sensibles à la circulation des véhicules.
     
    Entre 2006 et 2010, un projet LIFE-Nature, initié par la Défense, a permis de restaurer de nombreux habitats grâce au cofinancement de l’Union européenne et de la Région wallonne. Dans la suite de ce projet LIFE, les habitats font l’objet d’une gestion récurrente financée par la Défense. L’objectif est de maintenir ces habitats ouverts soit par des travaux mécaniques localisés, soit par des mises à feu, lesquelles peuvent être spontanées (à la suite des tirs) ou contrôlées, soit par des fauches confiées à des agriculteurs locaux (40 ha sous mesure agro-environnementales et climatiques).
     
    En 2019, le monitoring de l’état de conservation de l’habitat « lande sèche » en Wallonie a montré que le camp militaire d’Elsenborn abrite les principales surfaces importantes de landes sèches en bon état de conservation en Wallonie. Le camp abrite aussi la plus grande partie des surfaces wallonnes de nardaies à fenouil qui sont également majoritairement en bon état de conservation, grâce notamment à la gestion conjointe de la Défense nationale et du DNF. Ces habitats permettent la présence d’une grande diversité d’espèces végétales et d’insectes, notamment de papillons. Ils hébergent également le Tarier des prés, dont la dernière population importante de la Région wallonne se trouve dans le camp.
     
    Nous pouvons donc conclure que les activités militaires sont compatibles avec le maintien d’une biodiversité exceptionnelle et que cette richesse biologique est maximisée grâce notamment aux investissements réalisés spécifiquement dans le cadre du projet LIFE et grâce à l’excellente collaboration entre le DNF local et les responsables du camp militaire, qui ont fait de la préservation de la biodiversité un enjeu clé dans la gestion du camp.