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Le sans-abrisme féminin

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 237 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 17/03/2021
    • de BEUGNIES John
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Récemment, dans un article de presse, Christiane Houthoofdt, responsable carolorégienne de Vie féminine expliquait que, même si le monde de la rue était déjà difficile pour les hommes, il était synonyme de violence pour les femmes. Obligées de se cacher, de porter des vêtements “d'homme” pour dissimuler leur féminité ou même de trouver un compagnon pour se sentir protégées.

    Selon Vie féminine, seulement une femme sur cinq pousse la porte d'une institution, car, en plus d'avoir vécu des expériences difficiles, elles ont peur d'être jugées.

    On estime qu'à Charleroi, 20 % des sans-abri seraient des femmes même si aucune statistique officielle n'existe sur le sujet. C'est d'ailleurs une des revendications de Vie féminine : que ces statistiques soient genrées.

    Une autre revendication qui existe depuis des années, c'est la création d'abris de nuit spécifiques aux femmes. Malheureusement, aujourd'hui on n’est nulle part à ce niveau-là.

    Pourtant, une structure dédiée uniquement aux femmes serait un premier pas pour faciliter leur parcours. Elles pourraient bénéficier d'un lieu sécurisé où elles ne subiront plus le regard des hommes.

    Quelles mesures Madame la Ministre pourrait-elle mettre en place pour que ces revendications deviennent des réalités pour les femmes obligées de vivre dans la rue ?

    Un projet de création d'abris de nuit spécifique aux femmes était en préparation à Charleroi, selon la responsable de Vie féminine on serait "nulle part". Quand ce projet sera-t-il réalisé ?

    Madame la Ministre va-t-elle réaliser des études statistiques sur le genre des personnes sans-abri ?
  • Réponse du 06/09/2021
    • de MORREALE Christie
    Nous avons pris connaissance du projet Pie4shelter. Le projet Pie (pour psychologically Informed Environments) est mené simultanément dans divers pays européens et porte une attention particulière aux traumatismes, aux vécus spécifiques des femmes sans-abri victimes de violences de genre et à leur prise en charge dans l'environnement d'accueil.
     
    Ce projet spécifique participe à renforcer la conscientisation des professionnels aux violences de genre que subissent les femmes souvent isolées et vulnérables lorsqu’elles sont dans la rue. Je ne peux que soutenir cette initiative.
     
    Dans la mesure où il s’agit d’un projet assez récent, il faudra prendre le temps de l’évaluation avec le CVFE pour examiner comment le faire rayonner davantage.
     
    D’autres formations tendent à former les professionnels de première ligne. Ainsi, les pôles de ressources spécialisés en violences conjugales et intrafamiliales, composés d’un service d’accompagnement d’auteurs de violences (ASBL Praxis) et de deux maisons d’hébergement de victimes (le CVFE à Liège et Solidarité femmes à La Louvière), ont développé une forme avancée de coopération entre services, afin de garantir la sécurité des victimes et d’optimaliser le travail d’accompagnement des victimes et des auteurs.
     
    Ils partagent leur expertise avec les travailleurs de première ligne via des programmes de formation. Ces programmes de formation en violences conjugales sont d’ailleurs financés par la Wallonie à hauteur 70 000 euros pour 60 journées. Je soutiens pleinement ce projet visant à mieux outiller les professionnels pour optimaliser l’aide qu’ils peuvent apporter aux femmes notamment.
     
    Depuis l’adoption du décret du 1er mars 2018 et de l’AGW du 21 mars 2019 relatifs à l’agrément des services et dispositif d’accompagnement des violences entre partenaires et des violences fondées sur le genre, les associations spécialisées en violences ont la possibilité de demander un agrément.
    Les services et dispositifs agréés ont entre autres pour mission de former les professionnels sur les violences entre partenaires et/ou sur les violences fondées sur le genre.
     
    Par ailleurs, sur les 12 abris de nuit agréés, un seul accueille principalement des familles, les autres en accueillent plus rarement. En présence d’enfants, les femmes sont généralement orientées vers des maisons d’accueil en capacité de les accueillir ou vers des logements d’urgence sociale. La présence d’enfants n’est pas vraiment indiquée dans un abri de nuit.
     
    En Wallonie, certaines maisons d’accueil s’adressent aux femmes, ainsi qu’à leurs enfants et se sont spécialisées dans l’accueil des femmes victimes de violences conjugales. Elles bénéficient, à ce titre, d’un financement additionnel qui leur permet de proposer des services adaptés à leur public (accompagnement pédagogique des enfants, accompagnement psychosocial, etc.).
     
    En effet, l’accueil des femmes et des enfants nécessite un cadre et un accompagnement adapté à leurs besoins, raison pour laquelle les intervenants développent des pratiques spécifiques.
     
    Par ailleurs, des études soulignent le recours plus fréquent de la population féminine exclue du logement au réseau informel (hébergement chez un tiers), notamment lorsqu’elles sont accompagnées d’enfants, craignant que si elles révèlent leur situation à un travailleur social, cela ne mène au placement des enfants. Un tel phénomène retarde l’entrée des femmes dans la situation déclarée de personne sans-abri et exclue du logement.
     
    Enfin, malgré les difficultés vécues par ces femmes, les acteurs sociaux semblent constater une faculté plus importante dans leur chef à se prendre en charge.