Le développement de la filière béton déconstruit
- Session : 2020-2021
- Année : 2021
- N° : 321 (2020-2021) 1
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Question écrite du 18/03/2021
- de DELPORTE Valérie
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Les rapporteurs proposent notamment de développer en Wallonie, 3 unités de recyclage du béton. Nous savons en effet que le béton, pourtant responsable d'importantes émissions de CO2 est très rarement réutilisé. Le groupe de travail propose donc de mettre en route trois unités de recyclage du béton, « installées sur trois sites disposant d'un accès direct aux canaux de Wallonie », idéalement en 2023.
Le rapport propose également d'obliger l'administration et les organismes périphériques de s'inscrire dans un processus de déconstruction-recyclage dans les projets de rénovation ou de destruction de bâtiments publics.
Monsieur le Ministre peut-il faire le point avec nous sur le développement de la filière du recyclage du béton en Wallonie ?
Le développement d'unités de recyclage du béton, avec accès aux canaux, tel que préconisé par la « task force » est-il à l'étude ?
A-t-on déjà idée des sites qui pourraient accueillir ces unités de recyclage à l'avenir ?
Réponse du 07/04/2021
- de BORSUS Willy
Dans le cadre du plan de relance, dénommé RRF pour « Resilience and Recovery Facility », la Belgique s'est vu réserver 5,9 milliards d’euros (dont 1,480 milliard d’euros pour la Wallonie). En tant qu'État membre, elle doit soumettre à la Commission européenne son programme comprenant une série de projets d'investissements qui doivent répondre aux recommandations du Semestre européen. Les projets wallons actuellement sélectionnés dans le cadre du RRF et relatifs à la rénovation des bâtiments sont complémentaires et en cohérence avec, entre autres, la stratégie d’économie circulaire Circular Wallonia et la Stratégie wallonne à long terme pour la rénovation énergétique des bâtiments.
Ainsi, parmi les projets wallons proposés figure : « Le déploiement de l'économie circulaire notamment dans la métallurgie et la construction, au travers du soutien de la RDI jusqu'à la production industrielle locale ». Celui-ci présente des dimensions de déconstruction sélective, de collecte sélective, réutilisation, préparation au réemploi, recyclage des déchets de construction/rénovation/démolition, développement de l'industrie minérale secondaire, ainsi que d'autres filières de collecte et recyclage pour d'autres matériaux clés (béton, céramiques, déchets de plastiques à longue durée de vie - PVC, déchets métalliques, déchets de bois et de verre plat principalement).
À côté de celui-ci, dans le cadre du RRF, d’autres projets complémentaires soumis par mes collègues se concentrent sur le volet rénovation des bâtiments : un projet de rénovation énergétique des bâtiments publics locaux et des infrastructures sportives, ainsi que le projet d’un Fonds d'investissement de rénovation énergétique des bâtiments privés et publics.
L’ensemble des projets existants et à venir constituent un agenda d’actions ambitieux pour la construction et la rénovation durables en Wallonie.
La transition du modèle économique linéaire vers le modèle circulaire constitue ainsi une opportunité importante pour le secteur de la construction. À côté de l’évolution technique et technologique (à travers l’écodesign, les connexions réversibles et la disponibilité des informations tout au long de la vie des produits et matériaux), cette transition s’envisage également par le biais d’une évolution économique incitant le secteur à trouver de nouveaux modèles d’affaires, notamment en passant du rôle de producteur de techniques à un rôle de fournisseur de services susceptibles de favoriser la croissance et la compétitivité.
Le secteur de la construction est aussi le domaine idéal pour revaloriser de nombreux flux de déchets, notamment le béton. Il y a plusieurs dizaines d’années, des solutions techniques et des systèmes de gestion ont été mis au point, en vue de permettre le réemploi contrôlé des débris provenant de bâtiments et de routes sous forme de granulats recyclés.
Combinées à l’utilisation répandue des cahiers des charges types incluant les granulats recyclés, ces mesures ont permis la valorisation de ces flux de déchets, essentiellement dans la construction routière, pour les fondations et les sous-fondations. Ce procédé est de plus en plus considéré comme du « sous-cyclage » (downcycling) plutôt que du « recyclage ». On parle de sous-cyclage lorsque les matériaux recyclés ne sont plus utilisés de la même manière que dans le produit original (béton, brique ...), mais dans une application moins performante ou ‘de moindre qualité’. Le produit recyclé perd, de ce fait, une partie de sa valeur intrinsèque. On tend aujourd’hui de plus en plus vers des « flux de matériaux durables » et le « recyclage en boucle », qui consiste à employer le matériau recyclé pour fabriquer le même produit ou un produit similaire au matériau dont il provient.
L’enjeu à présent est d’également miser sur des utilisations à plus forte valeur ajoutée. L’intérêt croissant pour le recyclage « de haute qualité » se traduit également sur le plan normatif : les normes belges et européennes sont progressivement élargies afin d’intégrer les matériaux recyclés. Des travaux en cours ont pour objectif que ces évolutions soient mises en pratique.
Concernant les propositions réalisées par la « task force » Environnement dans le cadre de « Get up Wallonia ! », les travaux du Gouvernement sont toujours en cours afin de définir les priorités en partant des réalités de terrain. Le développement des trois unités de recyclage de béton n’a donc pas encore été discuté au niveau du SPW ni du Gouvernement.
L’ensemble des projets existants et à venir constituent néanmoins un agenda d’actions ambitieux pour la construction et la filière du béton déconstruit en Wallonie.