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La filière hydrogène et les industries bas carbone dans le Plan de relance wallon

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 338 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/03/2021
    • de DESQUESNES François
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Interrogé sur le contenu et l'objectif de la fiche « hydrogène » du Plan de relance, le collègue de Monsieur le Ministre en charge de l'Energie m'indiquait que seuls 20 millions d'euros étaient consacrés à ses compétences, le reste relevant de ses compétences en ce qui concerne notamment les fiches relatives à l'IPCEI, le Projet d'intérêt économique européen commun, et celles sur les industries bas carbone.

    Je viens donc interroger spécifiquement Monsieur le Ministre sur les aspects liés à la recherche, l'économie et l'agriculture.

    Peut-il nous détailler davantage ce volet « recherche » et la manière dont il va travailler pour avancer sur ces projets ? Où en est l'état de la recherche scientifique en Wallonie concernant l'hydrogène ?

    Le développement de cette filière implique des besoins de compétences nouvelles, d'adaptation de l'offre de l'enseignement et de recherche fondamentale. A-t-il pris langue avec le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? De quelle manière va-t-il consulter et travailler avec les acteurs du secteur de la recherche fondamentale et les universités ?

    Quelle est la ventilation des 140 autres millions de la fiche « hydrogène » ?

    Par ailleurs, la volonté de développement de l'hydrogène est reprise également dans le plan au niveau fédéral ? De quelle manière s'organise-t-il avec le niveau fédéral sur ce sujet ?

    Des collaborations sont-elles prévues avec la Flandre qui a également retenu ce projet dans le cadre de son volet régional du Plan de relance ? Lesquelles ?

    Enfin, dans la fiche spécifique hydrogène – pour laquelle est prévu un montant de 160,2 millions – sont repris également une série de sous-projets. Il envisage même de tester une approche de production d'hydrogène dans le secteur agricole « en valorisant deux intrants actuellement très peu exploités que sont les biomasses résiduelles et les superficies de terre inoccupées ».

    Peut-il nous en dire davantage sur les projets en la matière ? Quelle est sa volonté précise en la matière ?

  • Réponse du 07/04/2021
    • de BORSUS Willy
    Dans le cadre du Plan de relance européen, dénommé RRF pour « Resilience and Recovery Facility », la Belgique s'est vu réserver 5,9 milliards d’euros (dont 1,480 milliard d’euros pour la Wallonie). En tant qu'État membre, elle doit soumettre à la Commission européenne son programme comprenant une série de projets d'investissements qui doivent répondre aux recommandations du Semestre européen. Les projets wallons actuellement sélectionnés dans le cadre du RRF comprennent une fiche en lien avec la recherche et le développement en matière de transition bas-carbone de l’industrie ainsi qu’une fiche qui vise à déployer la filière de l’hydrogène en Wallonie. Cette dernière fiche comporte 3 volets. Le budget de la fiche hydrogène a récemment été revu à 117 millions d’euros.

    Le premier volet de cette fiche, qui s’élève à 102 millions d’euros, vise à financer les projets déposés dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt IPCEI ou « Important projects of common european interest (IPCEI) ». Au niveau wallon, 7 projets ont été déposés, sachant qu’un projet comporte une composante fédérale de constitution de réseau. S’agissant de projets stratégiques pour nos entreprises, je suis contraint à la plus grande réserve dans ma réponse à sa question concernant la nature des projets et notamment la recherche et le développement, auxquels l’honorable membre fait référence. En effet, à ce stade, les détails de ces projets sont encore évidemment confidentiels.

    Je peux cependant lui indiquer que certains projets viseront la mise au point d’électrolyseurs haute capacité, la production de e-méthane vert à partir du CO2 récupéré via une technologie de CCU, la production de e-kérosène décarboné, le test de moteurs à combustion hydrogène, ou encore la mise en œuvre d’un réseau local d’approvisionnement en hydrogène. Tous ces projets, à l’exception du dernier, comportent des phases importantes de recherche et développement, mais également de premier déploiement industriel.

    En ce qui concerne le deuxième volet de la fiche RRF hydrogène, celui-ci sera activé uniquement en cas de solde budgétaire du premier volet, suite à la réception des résultats de l’évaluation par la Commission européenne des projets IPCEI déposés. Si activé, ce volet sera mis en œuvre au travers d’un appel à projets en recherche et développement pour d’autres applications liées à l’hydrogène. En effet, la Wallonie a récemment reçu des marques d’intérêt de plusieurs entreprises, universités et centres de recherche concernant d’autres projets prometteurs, notamment et à titre d’exemple, la mise au point d'un réservoir à hydrogène à partir de matériaux composites ainsi que le développement et l'amélioration du rendement des piles à combustible.

    En ce qui concerne le troisième volet de la fiche RRF hydrogène, qui s’élève à 15 millions d’euros, celui-ci sera piloté par mon collègue, le Ministre Philipe Henry, et visera le soutien à la production d’hydrogène vert.

    Ensuite, en ce qui concerne la fiche RRF « transition bas-carbone de l’industrie », qui s’élève à 50 millions d’euros, il s’agira également d’un appel à projets en recherche et développement uniquement (donc pas le développement industriel) qui visera notamment les technologies suivantes, à titre indicatif, et non exhaustif :
    (1) électrification des procédés industriels : Remplacement partiel ou total de la combustion de l'énergie fossile par de l'énergie électrique pour la chauffe et fusion dans des fours industriels à hautes températures dans le but de réduire les émissions de CO2.
    (2) production d'hydrogène par électrolyse : Amélioration des performances de l'électrolyse de l'eau pour produire de l'hydrogène vert dans les meilleures conditions techniques et économiques (amélioration de l'électrolyte liquide pour réduire les pertes, optimisation des performances électriques (innovation break through), standardisation pour fabrication, exploitation et maintenance), notamment via le développement de solutions conteneurisées facilitant les tests et la transition modulable vers l’utilisation de l'hydrogène. L’énergie électrique qu’il est prévu d’utiliser dans le cadre de l’électrolyse sera d’origine renouvelable, soit au travers d’une production locale (PV, éolienne, etc.), soit il sera demandé aux porteurs du projet de passer par des PPA verts avec garantie d’origine.
    (3) production d'hydrogène par pyrolyse plasma : Production d'hydrogène par pyrolyse plasma à partir de méthane sans production de CO2.
    (4) utilisation directe de l'H2 : Utilisation directe de l'hydrogène dans les applications industrielles soit en combustion en substitution des combustibles fossiles, soit dans les procédés d'élaboration ou de transformation.
    (5) capture et concentration des émissions de CO2 ainsi que décarbonatation des procédés de production de l'ammoniac : La capture et la concentration des émissions de CO2 (ou CCU) issues de procédés industriels avec un focus particulier sur les émissions de CO2 dites de procédés, c’est-à-dire associées aux réactions chimiques et par conséquent non évitables par l‘utilisation d’énergie décarbonée. L’objectif est de rendre ces flux de CO2 compatibles avec les procédés de séquestration géologique ou de transformation du CO2 en fuels synthétiques ou en molécules chimiques. Ces technologies sont les compléments technologiques indispensables à l’introduction d’énergie décarbonée pour permettre à l’industrie d’atteindre ses objectifs de « Zéro-CO2 ». Cette thématique inclut également l’utilisation du CO2 comme réactif dans la chimie minérale.

    En ce qui concerne sa question relative à l’articulation des fiches wallonnes avec celles du fédéral et de la Flandre, je confirme à l’honorable membre qu’une coordination et qu’une articulation sont bien assurées, dans le cadre d’initiatives d’intérêt commun, comme par exemple la dorsale hydrogène ou de CO2. Cependant, chaque entité agit en fonction de ses compétences et décide indépendamment des autres des financements qu’elle va octroyer. Une collaboration importante entre les entités est par ailleurs prévue dans le cadre de la fiche RRF de réforme relative au cadre régulatoire en matière d’hydrogène et de CO2.

    Je confirme par ailleurs que mon cabinet et celui de la Ministre Glatigny se sont coordonnés concernant la fiche portée par la Fédération Wallonie Bruxelles qui a pour objectif de mettre en place une plateforme de recherche en matière de transition énergétique. À l’image d’Energyville en Flandre, cette plateforme permettra de fédérer les recherches liées à la transition énergétique de la Fédération Wallonie Bruxelles dans des thématiques complémentaires et encore peu explorées, comme notamment le power-to-fuel ou le stockage de chaleur. De plus, la répartition des équipements dans les différentes universités permettra de renforcer les collaborations entre des dynamiques locales existantes, à la fois pour la recherche et la formation.

    Les équipements destinés à la recherche dans le domaine de la transition énergétique seront intégrés en une plateforme commune, rassemblant les 5 universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à savoir : l’ULB, l’UCLouvain, l’ULiège, l’UMons et l’UNamur, qui ont des activités de recherche dans ce domaine.

    Les technologies visées par ces équipements (et les recherches qui en découleront) peuvent être classées dans les catégories (sous-plateformes) suivantes :
    1. Production d’énergie renouvelable et bas carbone ;
    2. Production, conversion et stockage d’énergie ;
    3. Capture et valorisation du CO2 ;
    4. Utilisation rationnelle de l’énergie dans les bâtiments et la mobilité ;
    5. Gestion du réseau électrique.