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L'empreinte CO2 des cryptomonnaies

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 355 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/03/2021
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les cryptomonnaies suscitent aujourd'hui un engouement sans précédent. Parmi celles-ci, le fameux « Bitcoin » compte sans doute parmi les plus populaires. Il a d'ailleurs récemment dépassé le prix record de 60 000 dollars l'unité, poussé par l'investissement colossal de la marque Tesla notamment.

    Toutefois, force est de constater que cette monnaie électronique amène bon nombre de problèmes environnementaux. En effet, des milliers d'ordinateurs tournent à plein régime afin d'assurer la fabrication et le stockage de ces bitcoins, très énergivores.

    C'est en tout cas la conclusion d'études de plus en plus nombreuses sur le sujet, soulignant les émissions de carbone gargantuesques engendrées par ces besoins énergétiques. Pour se faire une idée rapide, le bitcoin consomme aujourd'hui plus d'électricité que la Belgique tout entière sur une année. Ce constat vaut aussi pour d'autres pays, tels que les Pays-Bas ou même l'Argentine.

    Pourtant, dans notre pays, les cryptomonnaies sont uniquement utilisées par une infime partie de la population. Ce constat est d'autant plus inquiétant qu'une généralisation dans l'utilisation du bitcoin pourrait, à elle seule, produire suffisamment d'émissions de CO2 pour faire passer le réchauffement climatique au-delà de la barre des 2°C en moins de 30 ans.

    Monsieur le Ministre s'est-il concerté avec son collègue en charge de l'Environnement, la Ministre Tellier, à propos de ce phénomène inquiétant ?

    Appréhende-t-il les conséquences d'une généralisation des cryptomonnaies ? Quelle est son analyse de l'impact environnemental du "cloud computing" ?
  • Réponse du 15/04/2021
    • de BORSUS Willy
    L’impact environnemental fait partie des préoccupations du Gouvernement, y compris pour ce qui concerne les matières numériques. La question du numérique et de l’environnement est ainsi pleinement intégrée dans le cadre de la stratégie S3 au travers de la prise en compte des émissions CO2 ou de Circular Wallonia, et au travers de la mobilisation des acteurs dans le développement de comportements vertueux entourant l’utilisation du numérique.
     
    Au travers de Digital Wallonia, l’Agence du Numérique collabore avec l’Institut national du numérique responsable (ISIT) afin de sensibiliser les acteurs wallons aux questions environnementales. En outre, le Gouvernement a chargé l’Agence du Numérique de réaliser cette année une étude visant à analyser les impacts – positifs et négatifs - du numérique sur l’environnement. Cette étude mettra en avant les bonnes pratiques régionales, nationales et internationales afin d’inspirer les acteurs wallons. Parmi les dimensions à analyser, les impacts environnementaux des technologies numériques clés et leurs émissions de CO2 seront abordés.
     
    Concernant le Bitcoin, des améliorations sont apportées au niveau du traitement de la donnée et des programmes des réseaux blockchain utilisés, afin de ne pas mobiliser plus de besoins comparativement à de simples applications web. Par ailleurs, la technologie blockchain repose sur du développement communautaire mondial et open source. Ces communautés sont connues pour être attentives aux enjeux économiques, sociaux et énergétiques.
     
    Au-delà du Bitcoin et des cryptomonnaies, il important de rappeler qu’il existe la blockchain qui constitue une technologie très intéressante dont les applications et les avantages sont nombreux. Parmi ceux-ci, la croissance de l’inclusion financière à travers la mise en place de registres partagés qui engendrent une diminution considérable des coûts de transferts internationaux et des envois de fonds. La généralisation de l’utilisation des cryptomonnaies et de la blockchain sont donc deux phénomènes à apprécier différemment. Et même au sein des cryptomonnaies, il faut savoir faire la distinction entre les technologies de proof of work et de proof of stake, et de l’usage qui est fait des cryptoactifs auxquels ont fait référence. Certains ont des vocations particulièrement nobles et défendables, alors que d’autres sont beaucoup moins pertinentes d’un point de vue éthique.
     
    Le sujet de la blockchain est particulièrement complexe et nous aurions tort de le traiter uniquement sous l’angle des cryptomonnaies et plus encore du Bitcoin.
     
    Quant à l’impact environnemental du cloud computing, nous ne pouvons évidemment pas nier l’importante consommation électrique induite par le refroidissement des serveurs. Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer l’optimisation systématique des technologies employées par les leaders de l’industrie qui conduisent à consommer de moins en moins d’énergie ou d’avoir recours à l’exploitation sans intermédiaire d’énergie verte. En combinant quelques-unes de ces innovations, on estime que Google a multiplié sa capacité mondiale de calcul par 7 sur les 5 dernières années, sans pour autant augmenter son utilisation en énergie.
     
    Ici aussi nous aurions tort de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». La technologie du cloud rend possibles d’innombrables applications dont beaucoup sont d’ailleurs aujourd’hui devenues indispensables à la société. Mais aussi, l’utilisation du cloud a de nombreuses répercussions positives sur la consommation d’énergie et sur l’environnement (digitalisation des documents autrefois sous forme de papier, stockage et accès à distance, dématérialisation d’infrastructures locales…).