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L'urgence relative au déploiement de bornes de recharge électrique en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 377 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/03/2021
    • de ANTOINE André
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La révolution est en marche. L'essor du véhicule électrique n'est plus qu'une question de temps, du moins si l'on en croit l'enthousiasme des constructeurs.

    Ces annonces successives de Volkswagen et de BMW ont fait grand bruit dans le secteur. VW a annoncé vouloir vendre en 2021 un million de voitures électriques et espère devenir le leader mondial dans les 5 ans. BMW, de son côté, a déclaré vouloir vendre 10 millions de véhicules 100 % électriques sur les 10 prochaines années.

    D'autres marques comme les japonaises affichent des ambitions du même ordre.

    Mais le déploiement des bornes de recharge sera-t-il suffisant face à la révolution en marche ?

    Certains experts en doutent sérieusement, notamment pour la Wallonie.

    Le Gouvernement bruxellois annonce un plan de déploiement de quelque 11 000 bornes avec deux points de recharge d'ici 2035. Déploiement d'autant plus nécessaire, selon Sibelga, gestionnaire du réseau de gaz et d'électricité qui estime que d'ici 2030, le parc automobile sera électrifié de 20 à 30 %.

    Du côté wallon, compte tenu des garages privatifs existants, le Plan air climat prévoit seulement 6 900 bornes accessibles au public d'ici 2030. Se posent dès lors d'une part la question de la répartition territoriale de ces bornes, et d'autre part une alimentation électrique suffisante pour rester un bien universel, accessible pour tous y compris dans les zones rurales.

    Ensuite, son financement puisqu'une borne de recharge coûte au minimum 10 000 euros pour les moins puissantes !

    Où en est l'équipement progressif des aires d'autoroutes en bornes rapides ?

    Quel est le planning que Monsieur le Ministre a arrêté à ce propos avec la SOFICO ?

    Enfin, a-t-il consulté les gestionnaires de réseau de distribution (GRD) sur leur programme d'investissements en matière de distribution et de connexion électrique ?
  • Réponse du 19/04/2021
    • de HENRY Philippe
    Je partage en partie l'analyse de l'honorable membre. L’évolution et l’essor des véhicules électriques est en marche, c’est un fait, mais je crois qu’il convient de tempérer le tableau en rappelant que le discours des constructeurs automobiles est en grande partie biaisé par les obligations qui pèsent sur elles. Je ne minimise pas le développement futur de l’électromobilité, mais je vois plutôt sa croissance comme une marée progressive plutôt qu’un tsunami.
     
    Il évoque la situation bruxelloise et son souhait de déployer progressivement 11 000 points de chargement sur son territoire. Cette démarche est probablement cohérente avec le souhait de la Capitale à viser une interdiction progressive des véhicules à moteur thermique d’ici 2035.
     
    Je reste persuadé que même si l’évolution est en marche, le déploiement progressif des infrastructures doit répondre à une certaine logique. L’essentiel de la charge pourra se faire soit au domicile, soit sur le lieu de travail. C’est bien ce qu’a anticipé le législateur européen en modifiant la Directive PEB.
     
    Pour le déploiement structurant visant une plus grande accessibilité, la question sera essentiellement de répondre à trois types de besoins :
    - une couverture territoriale suffisante ;
    - une réponse suffisante dans les centres urbains ou densément peuplés où le taux de stationnements privatifs est insuffisant ;
    - une offre de transit.
     
    Concernant ce dernier point, j’ai en effet demandé à la SOFICO d’établir une cartographie du domaine qui lui est concédé afin d’identifier les besoins en termes de trafic et de disponibilités techniques.
    Cette demande est un prérequis essentiel à toute action, que ce soit dans le cadre du marché IBE en cours au sein de la SOFICO ou pour des actions additionnelles.
     
    La question de la disponibilité du réseau électrique sera capitale. J’en veux pour preuve les contraintes techniques qui sont apparues lors de l’équipement de l’aire de Wanlin avec des infrastructures rapides.
     
    La question des programmes d’investissements par les GRD est beaucoup plus large que leur seule anticipation de l’électromobilité. La Directive Market Design en cours de transposition permet aux GRD une meilleure anticipation de l’évolution future des besoins en électricité. Il convient cependant de préciser qu’ils n’ont clairement pas attendu ce dispositif règlementaire pour déjà analyser l’impact que l’électromobilité pourra avoir sur le réseau de distribution.
     
    Je prends, par exemple, le projet SILVER dans lequel RESA est partenaire. Ce projet doit permettre une meilleure anticipation du foisonnement de véhicules électriques sur le réseau très basse tension et qui a montré les risques d’un foisonnement trop rapide.
     
    Je pense qu’un des gros enjeux sera la flexibilisation future des opérations de chargement afin d’éviter les congestions majeures à de mauvais moments. L’évolution technique et technologique des véhicules permettra probablement de mieux solutionner ces problèmes à l’avenir, mais il sera essentiel que les GRD, qui sont parfaitement conscients de l’enjeu, puissent garantir leur métier de fourniture électrique à tous nos concitoyens.