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La filière du biogaz comme carburant de véhicules

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 381 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/03/2021
    • de MAROY Olivier
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Il y a deux semaines, Total inaugurait à Namur la première station-service de Wallonie qui propose du « bioCNG ». Monsieur le Ministre était présent à cette inauguration. Toutefois, ce gaz naturel comprimé n'est pas réellement bio, car il provient de certificats d'origine achetés aux Pays-Bas ou en France.

    En effet, pour l'instant, le seul biogaz disponible pour injecter dans notre réseau pour les véhicules provient de France ou des Pays-Bas. Or du biogaz on en produit en Wallonie ! Mais principalement pour la cogénération de chaleur et d'électricité. Cette filière est d'ailleurs soutenue par les pouvoirs publics, notamment par le biais de certificats verts. Ce qui n'est pas le cas du biogaz comme carburant de véhicules.

    Pour faire fonctionner la mécanique plus sensible de nos voitures avec du biogaz, celui-ci doit préalablement être épuré en éliminant la fraction de CO2 qu'il contient (40 %) pour ne conserver que le méthane. Et seules deux unités de production de ce biométhane existent en Belgique.

    Son cabinet a signalé que « si l'on veut décarboner le transport, le bioCNG a une place très importante à prendre » et a indiqué vouloir « soutenir la filière d'une façon ou d'une autre ».

    La réflexion serait en cours. Elle porte donc notamment sur la question de l'épuration du biogaz.

    Peut-il nous en dire plus sur cette réflexion qui a lieu au sein de son cabinet concernant un éventuel soutien à une filière de production de biogaz wallonne ?

    Sans soutien public, le bioCNG n'aurait pas d'avenir.

    Quelles sont les pistes qu'il privilégiait pour soutenir la filière ?

    Si le biogaz est vu comme ayant sa place dans le mix énergétique, certains craignent que si le marché se développe trop fort, il y ait un risque que les déchets organiques ne suffisent plus et que des terres soient détournées pour fabriquer la matière première. Que répond-t-il à ces craintes ?

    Soutient-il l'idée de réserver cette énergie au transport professionnel ?
  • Réponse du 19/04/2021
    • de HENRY Philippe
    Le soutien à la filière de biométhanisation s’avère complexe, qu’il s’agisse de sa valorisation dans le cadre de la mobilité ou de celle, plus générale, de l’injection dans le réseau de gaz naturel.
     
    Actuellement, deux voies de soutien existent, toutes deux via la filière de production électrique. La première porte sur la délivrance de Certificats verts pour l’électricité produite par de la cogénération de biogaz. La seconde, plus complexe, porte sur la délivrance de Labels de Garante d’Origine pour le biométhane injecté dans le réseau de gaz naturel et l’octroi de certificats verts additionnels pour les cogénérateur qui achètent les LGO produits.
     
    Il va de soi qu’une réflexion doit être menée afin de mieux valoriser le potentiel biométhanisable wallon.
     
    Je tiens à signaler d’emblée que la solution ou les solutions à privilégier devront répondre de manière intégrée aux attentes et aux enjeux de décarbonation. Le transport est évidemment une filière de consommation à privilégier, mais la consommation domestique et industrielle en est également une autre. À cela, il faudra également prendre en compte la problématique des zones blanches où l’injection dans le réseau de gaz naturel est impossible en l’absence de réseau.
     
    Je reviens à la question du transport. Plus que pour l’électricité, le gaz nécessite réellement une réponse à la question de l’œuf ou la poule. Sans station, le développement de la mobilité gaz est inenvisageable. Certains éléments plaident en effet à une approche sectorielle plus marquée, mais ce qui est valable sur le court terme pour les flottes captives, et donc, professionnelles, pourraient être généralisés pour les véhicules pour particuliers.
      
    L’objectif est donc de trouver des solutions intégrées qu’il s’agisse de la délivrance de LGO injectés sur le réseau ou le développement d’infrastructures hors réseau alimentées par des ressources en biométhane locales. Ce sont des solutions actuellement à l’étude avec les acteurs afin de définir la meilleure approche possible.
     
    En ce qui concerne la ressource et sa disponibilité. Il est évident que l’enjeu premier est bien de respecter l’affectation des sols. Les Directives européennes veillent à ce que l’équilibre soit conservé afin d’éviter toute dérive. Dans ce contexte, il est important de valoriser prioritairement tous les effluents issus des filières de déchets. Qu’il s’agisse de déchets ménagers fermentescibles, d’effluents d’élevage ou de déchets agricoles ou issus de l’industrie alimentaire. Valoriser déjà ces ressources serait une victoire en soi.