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L'utilisation de l'ammoniac dans le cadre de la transition énergétique

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 382 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/03/2021
    • de MAUEL Christine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    L'ammoniac est le second composé chimique le plus fabriqué au monde et est capable de stocker et de transporter de l'énergie. Ce composé peut être conçu comme une solution à la transition énergétique de la même manière que l'hydrogène, car sa combustion ne génère que de l'eau et de l'azote.

    Dès lors, il apparaît que l'ammoniac peut être utilisé soit comme un vecteur d'hydrogène en étant décomposé soit en étant utilisé comme combustible dans les systèmes énergétiques industriels. Selon l'Agence internationale de l'énergie, cette substance serait moins coûteuse à stocker à long terme et son coût de transport serait trois fois moins élevé que l'hydrogène.

    L'utilisation de l'ammoniac comme énergie pourrait notamment servir dans le domaine, et plus particulièrement dans les traversées à longue distance, car son volume et sa masse correspondraient mieux aux navires que dans des avions ou des voitures. La Wallonie étant active en matière de transport fluvial, en ce compris pour des trajets longues distances, peut être pionnière en la matière.

    Ce composé peut être envisagé comme étant un complément à l'hydrogène. En effet, la Wallonie souhaite consacrer dans son Plan « Get up Wallonia ! » une filière hydrogène dans le but d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette filière étant conçue comme un ensemble de sous-projets, une intégration d'une filière de l'ammoniac peut ainsi être envisageable.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur l'utilisation de l'ammoniac comme source d'énergie ?

    Dans le cadre du Plan « Get up Wallonia ! », cette possibilité a-t-elle été étudiée en complémentarité avec l'hydrogène ?

    Une sous-filière « ammoniac » peut-elle être envisagée dans le cadre de la mise en place de la filière hydrogène ?

    Cela est-il exploité en Wallonie ?
  • Réponse du 30/04/2021
    • de HENRY Philippe
    Effectivement, l’ammoniac est un vecteur d’énergie possible plus facile à stocker que l’hydrogène et plus souple à transporter. C’est effectivement un intermédiaire intéressant.
     
    Ce vecteur pourrait être, comme le signale l'honorable membre, utile dans les transports de très longue distance, et plus particulièrement dans le domaine des transports maritimes qui nécessite de trouver des alternatives rapides pour être décarbonés.
     
    Par contre, dans le domaine du transport fluvial, son utilité est nettement moindre. En effet, l’accès à l’hydrogène est potentiellement plus aisé pour les transporteurs fluviaux. Accoster pour, par exemple, échanger un conteneur-réservoir vide contre un plein, opération assez rapide, peut s’envisager très aisément. À l’inverse, un navire de haute mer doit obligatoirement faire escale dans un port pour se réapprovisionner en carburant, quel qu’il soit.
     
    La Région wallonne n’envisage pas actuellement l’alternative de l’ammoniac dans le transport au sens large. Cependant, une étude de la disponibilité des carburants alternatifs dans les principaux ports de Wallonie est actuellement en cours au SPW MI. Plus largement, dans l’appel à projets actuellement en cours d’élaboration au sein du SPW, l’utilisation de l’hydrogène dans le transport constitue un des centres d’intérêt possibles.
     
    Le point le plus délicat est, comme toujours, la fabrication de l’hydrogène utilisé à cet effet. Il doit s’agir d’hydrogène issu d’électricité produite avec des sources renouvelables. Or, cette fabrication ne doit pas entrer en concurrence avec l’utilisation directe de cette électricité. Des productions d’électricité locales liées aux fleuves sont donc envisagées déjà actuellement pour produire de l’hydrogène qui serait ainsi mis quasiment sur place à la disposition des transporteurs fluviaux. C’est plutôt cette option qui est actuellement favorisée.
     
    Accessoirement, une filière axée sur l’ammoniac pourrait être intéressante dans l’industrie chimique et plus particulièrement, dans le secteur des engrais s’agissant d’une molécule essentielle dans cette filière.
     
    Concernant "Get up Wallonia !", même s’il est vrai que l’hydrogène et les gaz bas carbone ont pris une part importante dans les discussions, l’ammoniac n’a pas été envisagé comme tel. Néanmoins, cette molécule est bien établie comme élément d’électrification indirecte comme, par exemple dans le cadre du Plan de Relance.
     
    Je tiens à rappeler, par ailleurs, que dans le cadre de la préparation de la Feuille de route Hydrogène, le cas des gaz « bas-carbone » seront évoqués, donc l’ammoniac pourra entrer dans la réflexion.