/

L'adhésion de la Serbie à l'Union européenne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 116 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 31/03/2021
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    L'Europe est en perpétuelle évolution, ainsi en 2025, elle devrait à nouveau s'agrandir en intégrant la Serbie comme nouvel État membre. Si l'on peut se montrer enthousiaste à l'idée d'accueillir un nouveau membre dans cette grande famille qu'est l'Europe, nous devons toutefois, dans ce cas-ci, nous montrer pour le moins attentifs.
     
    Tout d'abord, eu égard à la personnalité de l'actuel Président, qui fut un proche de Slobodan Milosevic, dont il a été Ministre. La gestion actuelle du pays est ensuite, selon l'observateur Jean-Baptiste Chastand du Journal Le Monde, dirigé d'une main de fer à l'instar du modèle hongrois de Viktor Orban.
     
    Enfin, l'ouverture des portes aux investissements chinois, mais aussi à la main-d'œuvre exclusivement chinoise, comme en témoigne la reprise des mines de cuivre dont l'investisseur n'est autre que Pékin…
     
    Cette coopération semble faire la joie de Xi Jinping, qui a fait des Balkans en général et de la Serbie en particulier son sas d'entrée vers l'Europe, dans le cadre de sa stratégie, dite des « nouvelles routes de la soie ».
     
    Qu'en est-il de la poursuite des pourparlers d'adhésion de la Serbie au sein de l'Europe ?
     
    Monsieur le Ministre-Président a-t-il connaissance d'inquiétudes concernant cet État et notamment ses aspects démocratiques, diplomatiques et leur compatibilité avec les normes européennes ?
     
    La politique actuelle s'inspire-t-elle de celle de Viktor Orban, dont nous constatons aujourd'hui qu'elle s'éloigne des standards démocratiques européens ?
     
    Qu'en est-il de cette nouvelle route de la soie ?
     
    Est-ce qu'à terme, cela représenterait une menace ou une opportunité pour l'Europe ?
    Le cas échéant, est-ce que ce point fait déjà aujourd'hui l'objet d'analyses pour anticiper les impacts futurs ?
     
    Enfin, quel regard l'Europe porte-t-elle sur cette amitié serbo-chinoise ?
     
    Influence-t-elle le processus d'adhésion ?
     
    Qu'en est-il des engagements visant à respecter les normes européennes tant pour les autorités serbes que pour les investisseurs chinois ?
  • Réponse du 17/05/2021
    • de DI RUPO Elio
    Les négociations d’adhésion de la Serbie à l’Union européenne ont démarré en 2014. Le processus d’adhésion porte sur de nombreux domaines politiques appelés « chapitres » politiques, dont certains seulement sont clôturés. Il s’agit des chapitres sur la libre circulation, sur les transports, sur le droit d’établissement et de circulation des services ainsi que sur les réseaux transeuropéens.

    Plusieurs chapitres restent ouverts et les plus récents rapports de la Commission européenne sur les progrès engrangés par Belgrade montrent qu’ils sont très insuffisants. La Commission déplore des retards importants dans des domaines qui exigent des réformes urgentes et nécessaires. Les domaines visés sont : l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, la liberté des médias, le traitement interne des crimes de guerre et la lutte contre le crime organisé.

    Certaines de ces pratiques semblent assez proches de celles du Gouvernement de Viktor Orban, en Hongrie, et posent dès lors question.

    Le conflit larvé entre la Serbie et le Kosovo a également fait l’objet d’une tentative de médiation avortée de l’Union européenne l’été dernier.

    Les négociations sur l’élargissement s’enlisent donc. Les conditions posées par l’Union européenne n’étant pas rencontrées.

    Le 22 mars dernier, le Commissaire (hongrois) chargé de l’élargissement, M. Oliver Varhelyi, a présenté une nouvelle méthodologie de négociation de l’adhésion. Il a qualifié celle-ci de « technique, mais d’une grande importance politique ». Selon lui, cette méthodologie devrait « pousser les États candidats à l’adhésion à faire preuve d’une réelle volonté de réforme ».

    Les liens entre la Serbie et la Chine sont connus et redoutés. En juin 2019, la Commission européenne avait fait part de son mécontentement quand la Serbie a adhéré à l’Union économique eurasiatique. La Première Ministre serbe avait alors réagi en se défendant d’être sous la tutelle de Moscou et de Pékin. Pékin a en effet un statut d’observateur dans cette organisation créée par Poutine en 2015.

    En l’état, si la Serbie devenait aujourd’hui un nouveau membre de l’Union européenne, elle deviendrait aussi une étape majeure de la route de la soie voulue par Pékin.

    Les États membres de l’Union européenne se montrent particulièrement désunis par rapport au projet chinois de route de la soie. Il s’agit d’une faiblesse que la proximité entre Pékin et Belgrade ne fait qu’accentuer. Ces désaccords sont exploités par la Chine qui, en 2012 déjà, avait créé un forum politique avec plusieurs pays d’Europe de l’Est dont la Serbie.

    Quant aux analyses d’impact de la proximité entre la Chine et la Serbie et du projet de route de la soie, elles n’existent pas, officiellement, au niveau de la Commission européenne.