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La "Reverse Metallurgy"

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 372 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 31/03/2021
    • de MATAGNE Julien
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En Wallonie, derrière les tonnes de ferrailles et d'objets issus de nos déchets électroniques et de nos véhicules, des projets d'exploitation du cuivre, du zinc, des terres rares, et cetera se mettent en place. D'aucuns évoquent même une « réindustrialisation de la Wallonie ».
     
    C'est ainsi que suivant le principe de l'économie circulaire, la « Reverse Metallurgy » lance une série de projets et de pistes pour les minerais qui seraient extraits des déchets. Le projet a pour objectif de créer une plateforme d'excellence industrielle, technologique et scientifique en recyclage.
     
    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'informations sur ce projet ?
     
    Quel soutien le Gouvernement wallon apporte-t-il à celui-ci ?
     
    Quels sont les budgets consacrés par la Wallonie à ce projet de « Reverse Metallurgy » ?
     
    De quelle manière ce projet s'inscrit-il dans le programme « NEXT-Economie circulaire » ?
     
    Quels sont les potentiels d'économie circulaire des matières premières et d'activité manufacturière dans notre Région ?
     
    Où en est l'état de la recherche sur ce sujet ?
     
    Quel est le potentiel d'emplois directs et indirects créés dans ce secteur de la réutilisation des minerais ?
  • Réponse du 27/04/2021
    • de BORSUS Willy
    Le projet « REVERSE METALLURGY » a débuté fin 2014 avec pour objectif de créer, en Wallonie, une plateforme d’excellence industrielle, technologique et scientifique en « Reverse Metallurgy », créatrice de valeur ajoutée et d’emploi et reconnue au niveau international. Elle associait divers partenaires industriels (grandes, moyennes et petites entreprises), scientifiques (universités et centres de recherches) et autres organismes actifs dans le domaine.
     
    Le projet « REVERSE METALLURGY » visait les éléments suivants :
    - la création d’un Centre d’Excellence « Reverse Metallurgy » en matière scientifique, technique et technologique regroupant les compétences, expertises et équipements de laboratoire, pilotes et d’analyse des partenaires ;
    - l’intensification et le développement de filières complètes de revalorisation des métaux en Région wallonne par la maîtrise de l’ensemble du cycle (production, tri, transformation, débouchés finaux) ;
    - le développement des avantages compétitifs par la maîtrise des technologies et processus clés du recyclage des métaux en vue de permettre le développement économique des activités associées (engineering, fabrication d’équipements, maintenance) ;
    - la création et le développement d’un « Hub Reverse Metallurgy » basé sur la valorisation d’actifs existants ;
    - la création et le développement de spin-offs et start-up.
     
    Différents axes de recherche ont permis de favoriser la collaboration des partenaires autour de prototypes de laboratoire et industriels sur différents procédés de valorisation des produits de recyclage des métaux.
     
    Plusieurs filières de valorisation, tant pour les industriels impliqués que dans les études connexes engrangées grâce aux résultats acquis, ont été générées.  
     
    Par ailleurs, la plupart des partenaires de la Reverse Metallurgy sont impliqués dans un large portefeuille de projets de l’Europe de la Recherche (H2020, Green Deal) et de l’Innovation (ERA-MIN, EIT, Interreg, LIFE). Ils se sont également positionnés dans les réseaux européens de premier plan couvrant les métaux et l’économie circulaire (EIT Raw Materials, ERMA EU Raw Materials Alliance, REIA Rare Earth Industry Association, ERA-MIN Research & Innovation Program on Raw Materials, VANGUARD : De-Remanufacturing Network).
     
    Différents investissements industriels en unités pilotes en lien avec le projet ont été confirmés, et une étude, réalisée en 2018, a estimé ses retombées à plus de 220 millions d’euros par an de chiffre d’affaires et à la création de plus de 1100 emplois dans l’industrie (358 emplois directs et 759 indirects).
     
    L'économie circulaire dans son ensemble emploie directement 14 243 personnes en Wallonie et de l'ordre de 56 000 au total si on tient compte des emplois indirects (source : Agoria). Un modèle de développement circulaire pourrait permettre de diviser par deux les émissions de carbone d'ici 2030 (Source Fondation Ellen MacArthur). Le secteur de l'industrie minérale primaire (carrières, cimenteries, chaux) emploie 5 000 personnes directement et 10 000 personnes indirectement. Le projet vise la création de 3 200 emplois directs et indirects.
     
    Une aide totale de 35 930 000 euros a été octroyée par la Région wallonne au projet Reverse Metallurgy. En outre, les budgets accordés en Wallonie aux projets liés directement ou indirectement liés à l’économie circulaire ont été estimés à 7 millions d’euros sur base annuelle.
     
    Le programme NEXT-Economie circulaire auquel il est fait référence vise quant à lui la promotion et au soutien de l’économie circulaire. Cette plateforme a pour objet la promotion de projets de symbiose industrielle pour minimiser les pertes de ressources (énergie, eau, matières). Sa mise en œuvre a été déléguée à la SRIW (Société Régionale d’Investissement de Wallonie) via sa filiale B.E. Fin, spécialisée dans le déploiement structuré, global et cohérent de l’économie circulaire sur le territoire wallon. B.E. FIN participe à la gouvernance de Reverse Metallurgy au travers du Conseil d’administration de la SCRL Reverse Metallurgy.
     
    Dans la lignée de ce projet initial, le Comité stratégie de Reverse se positionne actuellement sur un nouveau portefeuille de projets, en cohérence avec les politiques actuelles (Déclaration de politique régionale, spécialisation intelligente, Circular Wallonia, Green Deal, Plan de Relance…) et, en particulier, les transitions énergétique et numérique.
     
    Ces nouveaux projets viseront à poursuivre une métallurgie du futur fondée sur l’économie circulaire pour favoriser, d'une part, l'upcycling des matériaux et accroître, d'autre part, la collecte sélective et la valorisation des déchets métalliques. Ils permettront de positionner la Région wallonne comme pôle d'excellence en matière de recyclage et de maintenance écoresponsable, mais aussi comme productrice de matières premières et exportatrice de technologies liées à ces matériaux.
     
    Plusieurs consortiums se sont positionnés pour élargir les résultats générés par le projet Reverse, mais aussi étendre la dynamique d’un partenariat d’innovation à d’autres secteurs, tels que celui de la construction.
     
    L’intensité énergétique de production, et donc l'empreinte carbone, des métaux et des minéraux obtenus par le réemploi et le recyclage étant nettement inférieurs à celle des métaux obtenus à partir de minerais primaires, les technologies promues par le projet contribueront dès lors à la transition écologique. De plus l’expérience des partenaires industriels sur certains métaux et matières essentielles à la mobilité électrique renforce davantage ce positionnement. Par ailleurs, la réutilisation ou l'upcycling de certains flux de matière permet de garder plus longtemps la valeur ajoutée des matières premières sans repasser par des processus industriels fortement énergivores.
     
    Au niveau des émissions de CO2, le projet pourrait engendrer une réduction de 1 million de tonne équivalent CO2.
     
    Ce nouveau projet, prometteur, doit encore faire l’objet d’une analyse technique et financière.