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L'étourdissement des homards

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 320 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 01/04/2021
    • de PECRIAUX Sophie
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Chaque année, la Belgique importe en moyenne 3,8 millions de homards vivants, principalement du Canada.
     
    Tout le chemin parcouru par le homard, de la capture jusqu'à la mort, serait un supplice. Les homards sont transportés du Canada vers la Belgique dans des boîtes de polystyrène avec des packs de gel. Ils sont tenus verticalement avec leurs pinces maintenues vers le haut.
     
    À leur arrivée, les homards sont, au mieux, maintenus en vie dans des réservoirs d'eau, parfois pendant des mois. Leurs pinces sont attachées ensemble, la densité d'animaux est élevée, la lumière artificielle est vive et ils n'ont aucun endroit pour se réfugier. Souvent, ils sont simplement posés vivants sur de la glace.
     
    Exposés à l'air, leur état s'affaiblit et ils meurent au bout de quelques jours. Pour terminer et donner le coup d'arrêt à cette agonie, s'ils ont survécu au transport et aux conditions de détention, les animaux sont ébouillantés ou coupés en deux vivants. Chose que nous n'envisagerions jamais pour les vertébrés.
     
    En 2018, le Conseil wallon du Bien-être animal avait été sollicité sur l'étourdissement des décapodes marcheurs et avait rendu un avis unanime : « les conditions de transport et de logement doivent se faire de façon à assurer leur bien-être et leur mise à mort doit être précédée d'un étourdissement adéquat tel que l'électronarcose ».
     
    En octobre 2020, l'association de défense des animaux Gaia a, à son tour, publié un rapport qui s'appuie sur des recherches scientifiques. Celles-ci démontrent que les invertébrés, y compris les homards, peuvent ressentir la douleur. Leurs comportements sont bien plus que de simples réflexes.
     
    Ce rapport de GAIA est accompagné d'un sondage Ipsos qui indique que 8 Wallons sur 10 soutiennent une interdiction légale de la mise à mort des homards sans étourdissement.
     
    Au vu de ces informations, quelle est la position de Madame la Ministre quant à l'étourdissement des homards ?
     
    Serait-elle favorable à la mise en place d'une réglementation afin d'améliorer la mise à mort comme cela est déjà le cas en Suisse ?
  • Réponse du 06/05/2021
    • de TELLIER Céline
    Les vertébrés n’ont pas le monopole pour ressentir la douleur. Comme l’attestent le Conseil wallon du Bien-être des animaux et le rapport de Gaia que l’honorable membre cite, il est indiscutable que les homards ressentent des émotions et de la douleur.

    En ce sens, il serait en effet pertinent de mener une réflexion quant aux dispositions légales qui pourraient être appliquées à ces animaux.

    Le Code wallon du Bien-être des animaux concerne les vertébrés, mais permet au Gouvernement de faire appliquer des dispositions à certains invertébrés. Ceux-ci doivent être déterminés sur base de recherches scientifiques démontrant leurs capacités sensitives (article D3. §2 du Code wallon du Bien-être des animaux).

    Avant d’imposer, par exemple, l’obligation d’étourdissement préalable lors de la mise à mort des homards, la faisabilité et l’applicabilité des méthodes doivent être étudiées et discutées avec les parties impliquées. De même, définir des conditions de détention et de transport respectueuses du bien-être de ces animaux nécessiterait une analyse des améliorations possibles, qui pourrait notamment être menée par le Conseil wallon du Bien-être des animaux.

    À ce stade, je travaille sur de nombreux arrêtés d’application du Code, dont plusieurs sont d’ailleurs basés sur les avis du Conseil. J’ai également sollicité ce dernier sur divers sujets pour lesquels des avis devraient me parvenir prochainement. Je prends bonne note de la thématique, qui pourrait être explorée à l’avenir, en fonction de l’aboutissement des projets en cours.