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L'impact du blocage du Canal de Suez sur l'économie wallonne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 380 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 06/04/2021
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'accident du super-porte-conteneur « Ever Given » parti en travers en plein milieu du canal de Suez a mis en lumière la fragilité des flux maritimes du commerce mondial dont une partie s'est retrouvée paralysée.
     
    Au moment de la remise à flot du navire, on dénombrait 425 navires qui attendaient de pouvoir franchir ce point de passage obligé sur la route la plus rapide entre l'Europe et l'Asie.
     
    De nombreux observateurs ont souligné l'impact de ce blocage sur l'économie mondiale et les échanges entre l'Europe et l'Asie. Il semble même que plusieurs secteurs de l'économie vont pâtir des conséquences de ce blocage.
     
    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'une estimation de l'impact de cet incident pour l'économie wallonne ?  
     
    Quels sont les secteurs les plus touchés ?
     
    Les conséquences ont-elles pu être facilement résorbées ?
     
    Dispose-t-il d'une estimation de l'importance de la route du canal pour nos exportations ?
     
    Des réflexions sur le développement de voies commerciales alternatives, je pense notamment à la nouvelle route de la soie, sont-elles menées ?
  • Réponse du 27/04/2021
    • de BORSUS Willy
    Comme l’a évoqué l'honorable membre, pris dans une tempête de sable dans la nuit du 23 au 24 mars, le porte-conteneurs géant « Ever Given » s’est échoué en travers du canal de Suez. Cet accident a entraîné le blocage du canal et l’interruption du trafic commercial maritime empruntant cette voie pendant presque une semaine, soit du 24 au 29 mars.
     
    Le canal de Suez est utilisé par tous les navires commerciaux qui souhaitent se rendre d’Europe vers le Golfe persique ou l’Asie et inversement. C’est donc un passage primordial pour le commerce mondial. 90 navires y passent chaque jour, ce qui représente environ 12 % du commerce mondial quotidien (19 000 navires commerciaux par an).
     
    Selon le média spécialisé dans le transport maritime, Lloyd’s List, le blocage a coûté 9,6 milliards de dollars par jour. Il est donc estimé que cette situation, qui a duré six jours, a généré une perte de 58 milliards de dollars à l’économie mondiale.
     
    Le blocage a surtout entraîné des retards provisoires dans les livraisons de produits manufacturés venus d’Asie à destination des marchés européens, principalement de Chine, ainsi que sur les flux de voitures allemandes vers les marchés du Golfe persique, ou sur les voitures japonaises et coréennes qui transitent vers l’Europe. L’incident a un impact à court terme causant des embouteillages et des retards dans la plupart des ports européens, dont le port d’Anvers.
     
    Toutefois, l’Europe n’a pas vraiment subi l’impact du blocage du canal sur ses volumes de pétrole importés, car les pays européens s’approvisionnent davantage en pétrole d’origines algérienne, norvégienne ou russe. Le pétrole des pays du Golfe Persique est destiné à 80 % vers l’Extrême-Orient et le sous-continent indien.
     
    Malgré le caractère extrêmement stratégique de ce passage pour le commerce maritime mondial, la brièveté du blocage du canal de Suez a heureusement très fortement limité les retards dans les chaînes d’approvisionnement internationales, ce qui porte à estimer que cela n’engendrera aucune conséquence tangible sur l’économie belge et wallonne.
     
    Cependant, les impacts découlant du blocage du canal de Suez rappellent l'importance stratégique d'un tel passage et la nécessité de développement de voies commerciales alternatives entre l’Europe et l’Asie, notamment la Nouvelle Route de la Soie.
     
    À cet effet, il faut savoir que la Wallonie, grâce aux efforts de l’AWEx, s’est aussi positionnée, depuis 2018, dans le transport de marchandises par voie ferroviaire dans le contexte du développement de la Nouvelle Route de la Soie.
     
    Des trains de fret connectent la Wallonie à la Chine depuis le mois de décembre 2018, avec une première ligne reliant le terminal de Liège Logistics Intermodal (LLI) à 2 kilomètres de l’aéroport de Liège et la Ville de Zhengzhou de la Province du Henan avec laquelle la Wallonie est jumelée depuis 1988. Ce fut là la première étape dans le positionnement de notre Région sur la Nouvelle Route de la Soie, alors que précédemment seule l’Allemagne bénéficiait majoritairement de ces nouvelles lignes ferroviaires.
     
    Depuis lors, la fréquence des trains et le nombre de villes chinoises connectées n’ont cessé de croître, en réponse à une demande de plus en plus importante pour cette alternative de transport plus respectueuse de l’impact écologique et comme alternative aux transports maritimes et aériens, que ce soit au niveau de la durée ou du coût.
     
    Nous comptons aujourd’hui 7 à 8 trains de marchandises par semaine arrivant respectivement de 3 villes chinoises. Il s’agit, dans l’ordre d’établissement des connexions, de la Ville de Zhengzhou de la Province du Henan, la Ville de Yiwu de la Province du Zhejiang et la Ville de Chengdu de la Province du Sichuan.
     
    Ces trains, chargés chacun d’une quarantaine de conteneurs, arrivent aujourd’hui à différents terminaux en Wallonie. Sont desservis le terminal LLI mentionné plus haut, le terminal Renory et le terminal de Trilogiport. Des discussions sont aujourd’hui en cours sur la possibilité d’accueillir également des trains de marchandises au terminal de Charleroi. Pour donner quelques chiffres, un total de 9 696 conteneurs de 40 pieds sont arrivés en 2020, et 2 576 sont repartis vers la Chine.