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Les moineaux victimes de la malaria aviaires

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 331 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 06/04/2021
    • de CLERSY Christophe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En un peu moins de trente ans, les populations de moineaux se sont littéralement effondrées dans les grandes villes de Belgique et d'Europe.
     
    Les causes de la disparition de ces volatiles attachants sont multiples et bien identifiées : il s'agit de la disparition de leur habitat et de la raréfaction de leur nourriture, mais aussi, et ça vient d'être découvert, de la propagation de maladies causées par le réchauffement climatique et qu'on ne trouvait pas dans nos contrées encore récemment.
     
    C'est le cas de la malaria aviaire, qui fait des ravages à Londres et probablement aussi chez nous. En Angleterre, une étude menée sur les derniers noyaux de populations montre la présence de la malaria aviaire. Avec le réchauffement climatique, il y a de plus en plus d'insectes qui s'attaquent aux oiseaux et vont jusqu'à piquer les oisillons dans les nids, ce qui contribue à l'effondrement des populations.
     
    La propagation de la malaria aviaire constitue une mauvaise nouvelle pour les oiseaux, mais aussi pour nous, les humains. La propagation de la malaria aviaire parmi les moineaux d'Europe pourrait préfigurer ce qui va se passer avec les populations humaines. On le voit, les îlots de chaleurs favorisent l'apparition de maladies tropicales qui pourraient également impacter les humains.
     
    Quelles mesures Madame la Ministre a-t-elle prises pour offrir aux oiseaux un habitat convenable ainsi que des insectes en suffisance ?
     
    A-t-elle des chiffres concernant la propagation de la malaria aviaire chez les moineaux dans notre région ?
  • Réponse du 17/05/2021
    • de TELLIER Céline
    À l'échelle mondiale, le paludisme aviaire est rapporté sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique, et ce chez une grande variété d'espèces d'oiseaux. Le paludisme aviaire est saisonnier et dépend de la présence de populations de moustiques vecteurs. La prévalence mondiale du paludisme aviaire a augmenté depuis les années 1940, en particulier sur les continents africain et européen, principaux couloirs de migration des oiseaux. La maladie est également devenue plus courante chez certaines espèces, telles que le Moineau domestique.

    Les causes sous-jacentes de la propagation du paludisme aviaire restent incertaines. La perte d'habitat et le changement climatique pourraient effectivement modifier et étendre la distribution des moustiques porteurs des parasites.

    Tous les oiseaux infectés par le parasite responsable de la malaria ne souffrent pas de la maladie. Ceci peut varier en fonction de l'espèce, ainsi que de l'âge et l'état de santé général de l’oiseau.

    L'impact du paludisme aviaire sur les populations d'oiseaux sauvages est mal connu. Une étude récente conduite dans la banlieue de Londres a révélé que l'infection par le parasite Plasmodium relictum, détecté dans près de trois quarts de la population, contribuerait au déclin de la population de Moineau domestique. Ce déclin s’explique par une diminution du taux de survie hivernal chez les oiseaux gravement infectés. Il semblerait que des changements dans la dynamique de l'infection hôte-parasite, pouvant résulter du réchauffement climatique et/ou des changements dans la répartition des vecteurs, pourraient avoir induit une augmentation de l’exposition au parasite chez des oiseaux sensibles tels que le moineau domestique.

    En Belgique, lors de l’été 2016, des taux de mortalité anormalement élevés ont été détectés chez les Passériformes et les Strigiformes en Flandre, principalement chez les Merles noirs européens (Turdus merula). Un programme de surveillance passive a mis en évidence une épidémie généralisée du virus Usutu et a révélé une co-infection par le parasite Plasmodium chez 99 % des passereaux trouvés morts.

    En raison du manque de données historiques, on ignore si Plasmodium était très répandu avant l'épidémie de 2016, si sa virulence a augmenté ou si le paludisme aviaire a émergé et éventuellement interagi avec le virus Usutu.

    Pour la Wallonie, nous ne disposons pas de résultats d’étude portant sur la prévalence du parasite dans les populations d’oiseaux, on sait seulement que le parasite a été détecté sur un merle par l’ULiège.

    Concernant la possibilité d’agir sur les conditions qui favorisent la propagation de la maladie, dans les compétences qui sont les miennes, je mène de multiples actions qui visent à préserver ou à restaurer les habitats et les conditions de survie de nombreuses espèces. Il s’agit notamment de la préservation du Réseau Natura 2000, de la création de nouvelles réserves naturelles, de soutien à la préservation de la biodiversité à l’échelle locale, de la préparation de plans d’action en faveur d’espèces menacées...

    Le résultat de ces actions n’est pas perceptible immédiatement dans la mesure où il y a lieu d’atteindre une taille critique suffisante et où la nature réagit avec une certaine inertie. Il est par ailleurs difficile d’isoler le résultat de ces actions sur une espèce en particulier encore largement répandue, comme le moineau domestique.