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L'absentéisme au travail des jeunes de moins de 25 ans

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 280 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 07/04/2021
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Une récente enquête réalisée par le spécialiste en ressources humaines SD Works a souligné que l'absentéisme chez les jeunes de moins de 25 ans avait fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire.

    En effet, cette enquête a mis en avant le fait que l'absentéisme de plus d'un mois a augmenté de 40 % par rapport à la même période en 2020 pour ces jeunes travailleurs. Pour ce qui est de l'absentéisme de courte durée, 3,11 % des jeunes de moins de 25 ans ont été absents en février 2021 alors que la moyenne nationale s'élevait à 2,84 % d'absents.

    Bien que les raisons de ces absences soient difficiles à déterminer, une piste de réponse repose dans le fait que les jeunes sont fortement présents dans des secteurs où la charge de travail est importante.

    Selon d'autres chercheurs, ces absences pourraient être liées à un désengagement au poste qui survient après que les jeunes aient commencé à travailler.

    Sachant que le Gouvernement entend, via sa Déclaration de politique régionale, augmenter le taux d'emploi en faisant participer davantage de Wallons et de Wallonnes au marché du travail, j'ai plusieurs questions à poser à Madame la Ministre.

    Ce constat est-il observable dans l'ensemble de la Wallonie ?

    Comment lutter contre le désengagement au poste que subissent certains jeunes après qu'ils aient commencé à travailler ?

    Comment éviter les absences de longue durée liées à des burn-out et autres maux liés à la santé mentale chez les jeunes de moins de 25 ans ?

    Faut-il travailler à la réinsertion dans le milieu du travail après une absence de longue durée ?
  • Réponse du 22/12/2021
    • de MORREALE Christie
    Dans cette étude réalisée par SD Worx sur les données de ses propres clients, les jeunes de moins de 25 ans apparaissent comme étant la catégorie d’âge la plus absente en février 2021 pour les absences de moins d’un mois avec 3,11 % d’absentéisme contre 2,84 % pour l’ensemble des personnes suivies. Pour les absences de longue durée (entre un mois et un an) cette catégorie d’âge a été 40 % plus absente qu’en février 2020.

    L’analyse des données ONSS de juin 2020 permet d’identifier, en Wallonie, 5 grands secteurs où la part des jeunes s’élève à plus de 10 % (la moyenne wallonne étant de 6 %). Il s’agit de :
    - L’agriculture, la sylviculture et la pêche (20 %) ;
    - L’Horeca (17 %) ;
    - La construction (12 %) ;
    - Les autres activités de services (11 %) dont font partie les activités des agences de travail temporaire où les jeunes de moins de 25 ans représentent 21 % des personnes actives.
    - Le commerce et la réparation de véhicules automobiles (10 %).

    Dans l’étude annuelle du FOREm relative à l’insertion des jeunes après leur inscription comme demandeur d’emploi, on retrouve traditionnellement les mêmes secteurs comme secteurs étant enclins à accueillir proportionnellement un nombre plus élevé de jeunes.

    L’hypothèse selon laquelle les jeunes sont fortement présents dans des secteurs où la charge de travail est importante pourrait donc se voir confirmée. D’autres facteurs peuvent être ajoutés pour expliquer l’absentéisme au travail dans ces secteurs : les horaires de travail, le type de contrat proposé, la rémunération, la sécurité au travail, la pénibilité du travail et l’image des métiers exercés.

    Il existe une littérature abondante concernant le rapport des jeunes avec la valeur que représente le travail. Parmi les différentes sources, il est possible de dégager deux tendances :
    - Les jeunes salariés reconnaissant la valeur incontournable du travail. Ainsi, dans une étude de Patricia Vendramin de 2006, 84,6 % des jeunes Belges francophones pensent qu’il faut travailler pour vivre et 86 % qu’il est important d’avoir un travail pour s’épanouir. Une évolution par rapport aux générations précédentes apparaît néanmoins. L’accent est davantage mis sur la réalisation personnelle que sur l’utilité sociale. Cette tendance ferait écho à une transformation du sens donné au travail, qui se retrouverait de façon exacerbée chez les jeunes générations : alors qu’il était avant tout vu comme une obligation envers la société, le travail est maintenant plus fréquemment envisagé comme une source de construction identitaire, ou de développement de soi.
    - Toutefois, si le travail garde une valeur centrale chez les jeunes, l’accent est mis plus qu’auparavant sur l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
    La crise sanitaire qui a débuté en mars 2020 dans notre pays a quelque peu changé le rapport au travail.

    Dans un sondage réalisé auprès d’environ 3 000 de leurs lecteurs, l’Echo et De Tijd ont montré que des syndromes d’épuisement touchent environ un tiers des salariés. Ces personnes disent, en premier lieu, ressentir un désengagement, une baisse de motivation ou une baisse de satisfaction. Les principaux facteurs de risques expliquant ces symptômes d’épuisement semblent provenir de la quantité de travail jugée trop importante, et de l’éloignement avec la culture d’entreprise ou encore le manque de communication sur les mesures liées au Covid et sur la mise en place du télétravail. La gestion du télétravail semble peser davantage sur les plus jeunes. Cela peut s’expliquer par un besoin d’apprendre plus important en début de carrière, ce qui est plus difficilement réalisable à distance. Les jeunes semblent aussi éprouver plus de difficultés avec le manque de contacts sociaux.

    Par ailleurs, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a alerté sur les dangers de la pandémie de Covid-19 pour les jeunes. Cette crise aurait un impact « systématique, profond et disproportionné » qui a « exacerbé les inégalités et qui risque d’affaiblir le potentiel productif de toute une génération ». Sur le marché de l’emploi, la situation n’est pas rose non plus : un jeune sur six a dû arrêter de travailler, 42 % de ceux qui ont continué à travailler ont vu leurs revenus diminuer et près de 4 jeunes sur dix ont des doutes quant à leurs perspectives de carrière.