/

Manque d'indicateurs statistiques.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 22 (2005-2006) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 15/05/2006
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    L'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a été créé le 4 décembre 2003. Une des nombreuses missions de l'Institut est de collecter, de stocker et d'exploiter les données indispensables à la conduite de la politique régionale.

    Or on s'aperçoit aujourd'hui qu'il est difficile de trouver des statistiques actualisées de la Région wallonne.

    La seule statistique actuelle que nous avons est celle du chômage. Or, depuis décembre 2005, date à laquelle le pointage a été supprimé dans les communes, nous ne disposons plus de chiffres du chômage fiables. En effet, les Régions sont seulement en train de s'accorder sur une méthodologie à suivre pour collecter les données du chômage. Les chiffres publiés actuellement ne reflètent donc plus la réalité et ne peuvent, dès lors, plus être utilisés.

    Un autre signe de ce manque cruel d'informations statistiques se traduit par le recours de plus en plus fréquent à des sondages . A titre indicatif, une partie des publications de l'UWE se base actuellement sur des sondages.

    Récemment, le Gouvernement wallon a décidé de publier annuellement (au lieu de semestriellement) la publication des chiffres clés de la Région wallonne de l'IWEPS. Dès lors, ne faisons-nous pas marche arrière par rapport à l'objectif initial qui était de combler les carences statistiques de notre Région ?

    Ne serait-il pas opportun d'établir une maquette de trente indicateurs à mettre à jour tous les mois et de les publier ?

    Comment pouvons-nous prendre de véritables orientations politiques, économiques et sociales sans outils d'analyse et d'évaluation ? Dans ce cadre, Monsieur le Ministre peut-il nous détailler quel sera le rôle de l'IWEPS dans le cadre de l'évaluation du Plan Marshall ?

    Nous devons pouvoir répondre à l'appel du Professeur Capron qui dénonce qu'en emploi et en formation, la Wallonie dépense 2,2 fois plus par habitant et 36 % de plus par demandeur d'emploi que la Flandre, mais pour quel résultat ?

    Dans ce cadre, l'IWEPS a un rôle important à jouer et doit pouvoir disposer de moyens financiers suffisants pour mener à bien sa mission d'évaluation.

    L'IRES dénonce également que les mauvaises pratiques du Gouvernement wallon en termes d'évaluation sont toujours d'actualité, en témoigne l'arrêté du Gouvernement wallon du 22 décembre 2005 portant exécution du décret relatif au dispositif intégré d'insertion socioprofessionnelle (DIISP). En effet, l'évaluation du nombre de contrats signés, du nombre de bénéficiaires ou du parcours effectué par les bénéficiaires sont des indicateurs qui ne permettent pas de se prononcer quant à l'effet de ce nouveau dispositif sur les chances d'insertion des demandeurs d'emploi.

    Des mesures d'évaluation objective et rigoureuses sont-elles prévues et s'imposeront-elles à l'ensemble des politiques prises par le Gouvernement wallon ? Suite à ces commentaires, l'évaluation du DIISP sera-t-elle modifiée ? De manière générale, un planning d'évaluation a-t-il été mis en place ?

  • Réponse du 23/05/2006
    • de DI RUPO Elio

    L'honorable Membre voudra bien trouver les éléments de réponse suivants.

    La disponibilité de statistiques actualisées en Région wallonne

    Je partage l'avis de l'honorable Membre : la disponibilité d'indicateurs statistiques constitue un outil indispensable à la gestion de notre Région, à condition que ces indicateurs soient correctement établis et interprétés. Certains éléments de l'analyse nécessitent cependant une mise au point.

    Je tiens d'abord à nuancer l'affirmation selon laquelle « la seule statistique actuelle que nous avions était celle du chômage ». Nous disposons en effet de nombreuses données relatives à l'emploi, à la conjoncture, aux entreprises, à la formation, à l'environnement, etc. Ces statistiques ne sont pas nécessairement toutes mensuelles, ce qui n'enlève rien à leur utilité.

    Dans tous les pays, il existe en effet un décalage de quelques semaines à quelques années entre la réalité observée et la mise à disposition de statistiques. Ce délai est en effet nécessaire à la récolte des informations, à leur traitement et à leur publication. Dans certains domaines, les informations sont disponibles pratiquement en temps réel ; c'est le cas de la demande d'emploi, ce qui permet la publication mensuelle du taux de demandes d'emploi. Dans d'autres domaines, les délais sont inévitablement plus longs ; c'est le cas, par exemple, des données qui se basent sur les comptes des entreprises, puisque le dépôt de ceux-ci implique un délai incompressible.

    Pour la plupart des indicateurs qu'il traite, l'IWEPS doit donc attendre que les données soient fournies par diverses sources : l'ONSS, l'Institut des comptes nationaux, l'Institut national de statistique, l'INAMI, etc. Nous avons ainsi constaté, à l'usage, qu'une mise à jour semestrielle des chiffres-clés de la Wallonie n'était pas toujours utile, car un grand nombre de données essentielles ne sont mises à jour qu'une fois par an.

    Enfin, je ne partage pas l'avis de l'honorable Membre selon lequel, compte tenu de la fin de l'obligation de pointage, les chiffres du chômage ne seraient plus fiables. Les spécialistes de l'IWEPS m'indiquent que, même si cet événement a induit une rupture dans la série, les chiffres actuellement publiés restent tout à fait fiables.

    Actions prévues pour publier davantage d'indicateurs

    Au-delà de ces mises au point, il demeure que la publication d'indicateurs nombreux, fiables et les plus récents possible constitue un enjeu important. Celui-ci n'a bien entendu pas échappé au Gouvernement et nous y travaillons depuis un certain temps. Plusieurs actions sont ainsi en cours, parmi lesquelles :

    1. Le portail statistique wallon

    Dans le cadre du plan d'action « simplification administrative e-gouvernement et lisibilité », l'IWEPS collabore avec les différents organismes et services administratifs wallons de manière à centraliser, en temps réel, sur un même site Internet, toutes les statistiques disponibles à propos de notre Région. Quand il sera disponible, ce portail sera bien plus utile que n'importe quelle publication papier, fût-elle mensuelle, car sa mise à jour pourra être réalisée instantanément par les acteurs les plus proches de chaque donnée. Ce portail ne se construira pas en un jour : il nécessite la mise en place de procédures de transmission de l'information et d'outils informatiques sophistiqués.

    2. La mise en place de data warehouses

    Parmi ces outils, je mentionnerai les data warehouses que l'IWEPS développe actuellement. Un data warehouse (littéralement « entrepôt de données ») est un système informatique qui centralise les informations issues de diverses bases de données et applications. Il constitue un outil d'aide à la décision pour les décideurs d'une entreprise ou, dans notre cas, d'une Région.

    3. Une vaste réflexion sur les paramètres d'attractivité de la Wallonie

    A mon initiative, l'IWEPS mène également, en partenariat avec l'AWEx et toutes les administrations concernées, un travail relatif aux paramètres d'attractivité de la Wallonie. Ensemble nous avons établi une liste de paramètres qui sont pris en compte par les opérateurs et les investisseurs internationaux lorsqu'ils jugent notre Région. L'objectif est de construire ou d'améliorer, puis de centraliser, un maximum d'indicateurs pertinents qui nous aideront à mieux nous valoriser à l'extérieur, mais aussi à mieux nous connaître. Ces données seront ensuite mises à la disposition du public-cible sous une forme attrayante.

    4. Le suivi et l'évaluation du Plan Marshall

    Dernier exemple, la démarche que nous poursuivons actuellement pour suivre l'avancement du Plan Marshall et évaluer ses résultats et impacts, va aboutir à la construction et à la publication d'un grand nombre d'indicateurs qui n'existaient pas jusqu'à présent (cf. ci-après).

    Distinguer le suivi et l'évaluation des actions

    L'article de l'IRES cité par l'honorable Membre insiste, en substance, sur l'importance de distinguer, d'une part, le suivi des actions gouvernementales et, d'autre part, leur évaluation. Il s'agit en effet de deux démarches qui, si elles sont liées et complémentaires, nécessitent des méthodologies, des moyens et des interprétations bien différents.

    Le Gouvernement a parfaitement intégré cette distinction.

    Ainsi, dans une note adoptée par le Gouvernement le 22 septembre dernier, intitulée « Méthodologie de suivi et d'évaluation de actions prioritaires du Gouvernement », l'un des principes de base était ainsi formulé :

    « Combiner, mais en les différenciant, le suivi et l'évaluation. Le suivi consiste à contrôler, de manière périodique, l'état d'avancement des actions du Gouvernement, des administrations et des opérateurs chargés de la mise en œuvre des mesures adoptées. L'évaluation vise elle à déterminer l'impact et le degré d'efficacité des mesures mises en œuvre, selon une analyse critique permettant de dégager des pistes d'amélioration. Les deux démarches sont donc complètement différentes, bien que complémentaires. ».

    Les commentaires de l'IRES confortent donc, peut-être sans le savoir, l'approche que nous avons retenue à propos du Plan Marshall. L'honorable Membre remarquera aussi que, comme le préconisent les auteurs, la réflexion relative au suivi et à l'évaluation a été initiée avant même la mise en œuvre des actions.


    Suivi et évaluation du Plan Marshall : rôle et moyens de l'IWEPS

    Le suivi du Plan Marshall est principalement coordonné par les délégués spéciaux du PST1 et du PST2. Ceux-ci collaborent de manière étroite avec les cabinets ministériels et les services de la Région pour rendre compte au Gouvernement, toutes les six semaines environ, de l'avancement des actions décidées. L'IWEPS appuie cette démarche en mettant à disposition une base de données centralisant toutes les informations de suivi, qui peut être alimentée par tous les acteurs impliqués et consultée par les Ministres en temps réel. Le développement de cette base de données est bien avancé. Elle est même actuellement en phase de test.

    En ce qui concerne l'évaluation du Plan, le rôle de l'IWEPS est encore plus central. C'est lui, en effet, qui est chargé de mener l'évaluation, avec le recours éventuel de sous-traitants, mais aussi en faisant appel, via le CWEPS (Conseil wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique), à divers experts et représentants de la société civile.

    Le travail de l'IWEPS ne se limitera pas à la mise à jour d'indicateurs de réalisation : il comprendra également des indicateurs de résultats et d'impact, ainsi que des données qualitatives permettant de nourrir une analyse véritablement scientifique.

    J'en viens aux moyens octroyés à l'IWEPS pour réaliser cette évaluation. Ces moyens sont, d'une part, financiers, l'Institut disposant des crédits nécessaires au financement des études et développements informatiques appropriés. Ils sont, d'autre part, humains : les attachés scientifiques de l'IWEPS sont extrêmement compétents et spécialisés dans les matières socioéconomiques. Leur équipe a récemment été renforcée par l'engagement de trois informaticiens et sera encore complétée par trois attachés scientifiques, du personnel administratif et un nouvel administrateur général.

    Cas particulier du Dispositif d'intégration socioprofessionnelle (DIISP)

    L'évaluation du DISSP n'est pas aussi réductrice que ce que l'honorable Membre pense.

    Selon l'arrêté du Gouvernement wallon adopté le 22 décembre dernier, cette évaluation comprend en effet deux volets bien distincts.

    D'une part, le Forem réalise un suivi semestriel basé essentiellement sur des critères quantitatifs tels que ceux que l'honorable Membre cite.

    Mais l'évaluation comprend, d'autre part, une analyse à la fois qualitative et quantitative, menée annuellement par l'Observatoire wallon de l'emploi et portant sur toutes les dimensions du dispositif : filières mises en place par les opérateurs, rôle de coordination du Forem, parcours des bénéficiaires, insertion dans un emploi durable de qualité, etc.

    L'évaluation du DIISP est donc conçue pour répondre à toutes les exigences de rigueur scientifique.