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Les autorisations régionales pour l'implantation d'éoliennes géantes

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 405 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    De nombreuses demandes de permis d'urbanisme et d'environnement sont aujourd'hui déposées en Wallonie concernant soit le remplacement d'éoliennes existantes, soit l'implantation de nouveaux parcs éoliens avec une caractéristique identique : la taille de ces éoliennes géantes qui avoisine les 180m en bout de pales, comme celles du projet de Rebecq, ou encore celles de la dernière génération qui s'annonce à plus de 200m.

    Plusieurs voix scientifiques et même politiques s'élèvent contre ce type de projets. Ainsi, notre ancienne collègue Député Ecolo, Thérèse Snoy, Présidente de Grands-Parents pour le Climat, s'oppose, par la voie d'une pétition, à la construction de 5 éoliennes sur le territoire d'Ittre.
    Pourtant favorable aux énergies renouvelables, elle estime qu'il est préférable de rechercher des alternatives au projet querellé, d'autant qu'il porte atteinte à un ensemble monumental de biens classés à Bois Seigneur.

    De leur côté, l'académie nationale de médecine française (2017) et le Congrès des Médecins allemands (2015) ont attiré l'attention sur les risques liés aux basses fréquences et infrasons.

    Certaines études évoquent désormais des problèmes de malaises, migraines, nausées, vertiges du type du « mal de mer ».

    Face à ces avertissements scientifiques et oppositions citoyennes aux éoliennes géantes et à leur perception dans notre paysage, quelle ligne de conduite le Gouvernement wallon a-t-il adoptée pour limiter et/ou encadrer ces éoliennes géantes ?

    Un cadre juridique s'impose pour baliser le difficile dialogue entre opérateurs, citoyens et autorités locales ou régionales !
  • Réponse du 17/05/2021
    • de BORSUS Willy
    D’un point de vue « aménagement du territoire », au risque de me répéter, je reprendrai en grande partie des éléments déjà énoncés en réponse à la question orale de l’honorable membre en séance du 30 mars 2021. Dans ce cadre, je préférerai le terme grandes voire très grandes éoliennes à « géantes ».

    En 20 ans, les dimensions des éoliennes n’ont cessé de croître pour passer de 125-130 mètres à 160-180 mètres voire 200 mètres. Tandis que les pales des rotors sont passées d’environ 45 mètres à près de 70 mètres. Le plus important restant que ces machines, dans le même laps de temps, ont vu leur puissance passer de 1,25 MW à 3,6 MW voire 4,2 MW, soit 3 fois plus.

    Ainsi, pour une augmentation de hauteur de 44 % nous pouvons obtenir une puissance augmentée de 300 %. Vu la taille du territoire wallon, ses nombreuses contraintes et le souhait de se passer des énergies fossiles, il ne me semble pas opportun de se priver, a priori, de ce nouveau potentiel et d’installer des machines « dépassées ».

    Actuellement les machines de 150-160 mètres représentent la majorité des demandes sur notre territoire. Elles peuvent atteindre 180 mètres en plaine, voire 200 mètres uniquement dans quelques projets spécifiques en zone forestière de faible qualité biologique en bordure d’infrastructures autoroutières. Dans ces cas particuliers, ce sont d’ailleurs les services du DNF qui préconisent ces dimensions d’éoliennes afin de conserver un espace utilisé par l’avifaune forestière entre le bas des pales de plus en plus grandes et la canopée.

    La distance entre l’habitat et les éoliennes préconisée par le cadre de référence correspond à 4 fois la hauteur de l’éolienne. En conséquence, pour une augmentation de hauteur totale de 30 mètres, l’éolienne s’éloigne de 120 mètres des zones d’habitat. On peut en conclure que le rapport 4x distance/1x hauteur reste favorable à l’habitat.

    Les éoliennes de grande taille sont plus espacées que les plus petites et le nombre de machines moins conséquent ce qui, paradoxalement, constitue une pression paysagère moins forte.

    J’ajouterai que l’augmentation de la hauteur totale des éoliennes sur le territoire wallon, si elle n’est pas limitée par des incidences visuelles ou de confort, sera principalement limitée par les services de la Défense ou de l’Aéronautique qui définissent un plafond que les pales de l’éolienne ne peuvent dépasser.

    La position du Gouvernement wallon reste principalement de maximaliser le potentiel éolien de notre territoire avec des incidences contenues pour les riverains. Ainsi, placer des éoliennes plus modernes, plus puissantes, plus réactives au moindre souffle d’air fait et doit faire partie de nos objectifs. Toutefois, chaque demande de permis est soumise à une étude des incidences sur l’environnement, et si cette dernière préconise et motive le placement d’éoliennes de 180 mètres en lieu et place de 200 mètres, il est probable que les permis seront délivrés en ce sens. C’est aussi la raison pour laquelle je ne réagirai pas sur les propos concernant le projet d’Ittre, sachant qu’il se peut que je sois amené, sous peu, à me prononcer sur le projet dans le cadre d’un recours sur la décision de première instance.

    Les éoliennes de nouvelle génération émettent moins de bruit que les précédentes. Les systèmes de « shadow module » sont devenus extrêmement performants, permettant un meilleur rendement et un confort accru.

    Pour ce qui sont des spécificités concernant plus particulièrement les infrasons et vibrations, je laisse le soin à Madame Tellier, compétente en matière d’Environnement, d’apporter à l’honorable membre plus de précisions.

    En ce qui me concerne, nonobstant les informations, il convient bien entendu d’apprécier aussi au cas par cas, chacun des dossiers eu égard à son impact, son environnement…